Elyanna, surnommée la « Rihanna arabe ». Photo: Al-Ahram
Une version sobre, moins glamour mais tout aussi décente. La sixième édition du Festival international du film d’El Gouna a été enfin lancée, sans voir les stars défiler sur le tapis rouge, avec leurs tenues flamboyantes et ostentatoires. Le noir souvent associé au chic, également symbole du deuil, a pris le dessus sur la cérémonie. Car les hommes étaient invités à porter une cravate noire, et pas mal de femmes ont opté de plein gré pour des robes de soirée noires.
La chanteuse et compositrice palestino-chilienne, Elyanna, née à Nazareth en 2002, a donné brièvement le coup d’envoi de la manifestation cinématographique qui se déroule au bord de la mer Rouge jusqu’au 21 décembre. Elle a interprété un court refrain en arabe Khéless Al-Haki Khéless Al-Béki (fini les mots.. fini les larmes), déplorant « la mort de la paix », sur une musique qui reflète le changement autour de nous et en nous, à l’aide de sa voix puissante et sensuelle. Et ce, à la suite de l’apparition du comédien Mahmoud Hémeida sur scène.
Ce dernier a résumé le dilemme auquel nous sommes confrontés en ce moment, dans cette région du monde frappée par tant de malheurs : continuer à célébrer l’art ou suspendre les activités prévues par solidarité avec le peuple palestinien. Il a promptement donné la réponse, en soulignant l’importance de l’art en temps de crise : « Nous sommes censés observer une minute de silence, mais je ne vais pas vous le demander comme prévu dans le programme. Car cela voudrait dire faire le deuil et tourner la page. Or, je ne veux qu’on oublie ce qui se passe », a-t-il dit.
Ensuite, c’était au directeur du festival, Intishal Al-Timimi, et à Marianne Khoury, sa directrice artistique, de passer en revue les moments-clés de cette édition, dans laquelle sont programmés dix films palestiniens parmi les productions les plus récentes. Khoury a insinué que c’est peut-être le moment opportun pour donner au festival une autre image, car dès sa création en 2017 on a eu tendance à le limiter à son aspect glamour, omettant souvent la qualité des films présentés et sa contribution au fleurissement de l’industrie du cinéma.
Avant la projection du court métrage de 16 minutes réalisé par Amr Salama et intitulé Sitine Guéneh (Soixante livres), le chanteur Abou a interprété une chanson
en anglais, The World is blind (le monde est aveugle), toujours en lien avec la guerre à Gaza, et un bref aperçu sur la fondation de l’Institut du Cinéma au Caire en 1959 fut donné par l’un de ses professeurs, Mokhtar Younès. Une manière de rappeler qu’il était le premier du genre au Moyen-Orient.
Marianne Khoury et Intishal Al-Timimi au cours de la cérémonie d’ouverture.
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