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Sur les pas de Chopin

Ati Metwaly , Mercredi, 31 août 2022

Lauréats d’un concours musical portant le nom de Frédéric Chopin, quatre jeunes pianistes égyptiens ont été invités à séjourner en Pologne et à mieux connaître leur idole.

Sur les pas de Chopin
Devant la maison natale de Chopin, dans le village de Zelazowa Wola.

Quatre pianistes égyptiens en herbe ont visité la Pologne entre les 7 et 13 août, afin de suivre les traces de Chopin. Il s’agit de Shahd Magdy (17 ans), Mahmoud El-Batran (19 ans), Andrew Milad (17 ans) et Mostafa Hassan (16 ans). Les deux premiers étudient le piano au Centre de développement des talents à l’Opéra du Caire, sous la supervision de Sherif Salah, le troisième est un élève de Marcelle Matta à la même institution, et le quatrième suit des cours privés avec Noha Amer. Le séjour en Pologne est venu récompenser ces quatre jeunes talents lauréats des prix de la septième édition du concours musical Chopin Piano Competition for Children and Youth, qui s’est tenue en novembre 2021. Cette compétition annuelle est d’ailleurs organisée par la Fondation européenne de l’éducation et de la culture, Zielona Góra, en coopération avec Rahn Education Schulen Kairo, le maestro Ahmed El Saëdy et l’ambassade de Pologne au Caire. Elle a été lancée en 2010 par Fawzy El-Shamy, ancien doyen du Conservatoire du Caire, et ce, en collaboration avec l’Egyptian Youth Music Association et l’ambassade de Pologne au Caire.

La première édition du concours s’est normalement déroulée en 2010, puis celle d’après fut annulée à cause de la Révolution de 2011 et des événements politiques qui en découlèrent. Le concours a été repris régulièrement entre 2012 et 2018, ensuite il a été de nouveau suspendu jusqu’à 2021. Les quatre lauréats de l’édition 2021 ont interprété des oeuvres de Chopin, pilier principal du concours, en côte à côte avec des morceaux signés par d’autres compositeurs.


Un moment de répit.

En passant une semaine de séjour en Pologne, ils sont censés approcher profondément le pays où est né Chopin et mieux intégrer sa culture. Car la visite a englobé plusieurs villes et provinces polonaises, de Varsovie à Zelazowa Wola, celui-ci étant le village natal de Chopin, situé à 46 km de la capitale. Les jeunes musiciens ont également effectué une tournée dans trois villes, au nord du pays, à savoir Gdansk, Gdynia et Sopot. C’était d’ailleurs la première fois que les organisateurs du concours décident un tel voyage, s’étendant à de divers endroits, loin de la capitale, dans le but de mieux explorer les aspects de la vie socioculturelle polonaise.

De quoi avoir réellement permis aux pianistes égyptiens de faire une meilleure connaissance avec la vie et l’oeuvre de Frédéric Chopin (1810-1849), qui demeurent très enracinées dans la culture polonaise. Ils ont assisté à un magnifique concert qui lui était réservé au parc royal de Varsovie, se sont promenés dans la vieille ville, ont écouté la musique de Chopin sortant d’un salon de thé comme si c’était de son vivant. Ils se sont introduits également dans le musée qui lui est dédié et se sont rendus à l’Université de musique Frédéric Chopin (connue naguère sous le nom de Conservatoire de Varsovie).


Les jeunes musiciens effectuent une tournée dans plusieurs villes et provinces.

Les jeunes musiciens ont visité plusieurs sites historiques et lieux culturels. Ils ont découvert par exemple le Musée de l’Insurrection de Varsovie, qui a ouvert ses portes en 2004, à l’occasion du 60e anniversaire du soulèvement de la ville contre l’occupation de l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Ils sont allés aussi au centre scientifique de Copernic, un paradis pour les amoureux des sciences qui peuvent apprendre davantage sur la biologie, la physique et la médecine, de manière amusante et agréable. Ceux-ci comptent en effet parmi les plus modernes et les plus interactifs de Pologne.

Le charme de la côte polonaise

A Gdansk, ils ont eu droit à un concert des trois ténors Carreras, Domingo et Pavarotti, donné sur la place Hevelius, ont pu visiter le fort de Gradowa Mountain, ainsi que le musée de l’Ambre. Les jeunes musiciens égyptiens ont ensuite profité d’un voyage en bateau entre Gdynia et Sopot.

Ils se sont promenés dans la région de Tri-City, réunissant trois belles villes côtières, bien réputée pour son port et pour ses industries autour de la pêche aux poissons et à l’ambre. Car ce pays européen, situé au bord de la mer Baltique, fait partie des plus importants producteurs d’ambre au monde.

Ce genre de tournée très variée était conçu de manière à ce que les jeunes pianistes parviennent à mieux saisir la musique de Frédéric Chopin, en les rapprochant du contexte de sa création, et ce, dans le but de les aider à développer leur capacité musicale. «  La musique de Chopin reflète vivement les aspects de sa vie personnelle », indique El-Batran. Ses compositions disent long sur ses désirs, son approche contemplative face à la vie, ses joies et ses tristesses.

Le musicien de génie qu’il était n’aimait pas trop jouer en public et préférait se produire occasionnellement devant des groupes restreints d’amis. Pourtant, ses compositions ont profondément influencé l’histoire du piano de par le monde. Il a laissé une empreinte indélébile sur les générations successives de musiciens. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’il fut loué par ses contemporains. A titre d’exemple, son aîné Robert Schumann l’a décrit comme un génie, appelant ses pairs à tirer leur chapeau en signe de respect pour son talent.

Ce n’est plus pareil !

Les quatre lauréats déjà grands admirateurs de Chopin, friands de musique classique en général, Shahd Magdy, Mahmoud El-Batran, Andrew Milad et Mostafa Hassan, ne vont plus sans doute jouer Chopin de la même manière, après ce voyage. Ils pourront concevoir sa tendresse lyrique et son ambiguïté émotionnelle différemment. Ils vont les voir par le prisme des nouvelles connaissances apprises en Pologne, en partant sur les traces de leur idole.

S’être promené dans son modeste village natal, Zelazowa Wola, baigné par la rivière Urata, et dans le bâtiment situé en annexe d’un vieux manoir, où il est né, les a forcément marqués. Cette maison s’est vu transformer en musée et centre d’éducation musicale, qui n’a rien à envier à l’autre musée qui lui est dédié à Varsovie.

Avoir flâné sous son arbre préféré, ou dans des lieux où chaque mètre carré évoque en partie sa musique est sans doute une belle expérience qui restera à jamais gravée dans leur mémoire. Ils peuvent désormais mieux déchiffrer les sens cachés de ses Polonaises et de ses Mazurkas, après avoir séjourné au pays de son enfance. Il en est de même pour les métamorphoses de sa Polonaise héroïque pour piano, opus 53, qui n’a plus de secret pour eux. Ce chef-d’oeuvre, l’un des favoris du répertoire classique, qu’il a écrit depuis Paris où il était installé, n’est qu’un hommage au pays qu’ils viennent de visiter.

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