La Reine de la neige, une diffusion en direct de Roumanie au Festival des marionnettes en 2017.
Les théâtres ferment à cause des mesures de précaution sanitaires et de l’interdiction de circuler imposées par l’Etat afin de limiter la propagation du coronavirus. Face à cette situation, la toile accueille ces jours-ci différents festivals de théâtre en ligne. Le Festival international du théâtre en ligne organisé par l’association Seen pour les arts et la créativité, en coopération avec le Festival du théâtre tunisien Rabiae Al-Wafaa, a été lancé sur Facebook le 27 mars, qui est la Journée internationale du théâtre, et s’est poursuivi jusqu’à la fin du mois. Il s’agit de cinq jours de représentation en ligne. « Je n’ai pas voulu rester sans activités et sans communication avec le théâtre. Il fallait faire quelque chose », lance Haytham Al-Hawary, fondateur du festival et directeur de l’association Seen.
Le festival a offert au public des vidéos de 14 spectacles: quatre égyptiens, quatre marocains, trois iraqiens ainsi qu’un italien, un jamaïcain, un tunisien, un algérien et un omanais. Des spectacles dont la durée ne dépassait pas 60 minutes et qui ont été diffusés lors de trois séances: à 17h, à 19h et à 21h. Après la diffusion, une discussion était ouverte au public et aux critiques. « Les spectacles participants n’étaient pas en concurrence les uns avec les autres. Toute personne intéressée par le théâtre a pu, à travers la page de l’association Seen et celle du Festival tunisien, voir et commenter les vidéos durant les cinq jours du festival », explique Haytham Al-Hawary, qui aspire à organiser son festival en ligne tous les ans et à le développer.
Ella Khamsa, sur la page du festival Corona pour les arts.
Avec un titre provocateur, le festival Corona pour les arts est une autre expérience en ligne, créé le 18 mars sur Facebook et qui se développe. Son initiateur, le metteur en scène Ossama Raouf, souligne: « Mon but n’est pas de lancer un festival qui entre en concurrence avec les autres festivals en ligne. Au contraire, mon festival est différent. Le théâtre est un art vivant basé sur le contact direct avec les comédiens et les spectateurs. Aucun festival en ligne ne peut remplacer ce contact. Mon idée est simple: puisque nous restons chez nous, pourquoi ne pas rafraîchir nos souvenirs artistiques ? Pourquoi ne pas revivifier les arts du patrimoine ? ». En fait, Raouf a posté il y a quelques jours sur la page du festival sur Facebook une vidéo de la pièce comique et marquante du théâtre privé des années 1960 : Ella Khamsa (moins cinq) de Adel Khaïri. Quelques jours après, il nous a rappelé les monologues en noir et blanc chantés par la star comique égyptienne Ismaïl Yassine Aïni Aleina ya Ahl Al-Fane (ô pitié les artistes). Et récemment, il a posté un film rare en noir et blanc, Salwa fi Mahab Al-Rih (Salwa face au vent). « J’essaye de susciter chez les navigateurs une certaine nostalgie », lance-t-il.
Avec l’interdiction de circuler imposée pendant deux semaines, Raouf espère ouvrir son festival à toute personne intéressée par l’idée de ressusciter le patrimoine artistique. « Le festival est fait pour les gens et par les gens. Chaque personne qui a un compte Facebook et a accès à notre page peut nous donner une suggestion, un spectacle, une compilation de musique ou de chansons, des vidéos ou des photos d’oeuvres d’arts plastiques, etc. ». Quant au titre assez intriguant, Raouf insiste sur le fait de le garder et dit : « Corona est devenu un terme effrayant, mais grâce à l’art et à la technologie, il perdra ses connotations négatives ».
En fait, les festivals égyptiens en ligne ne sont pas une nouveauté. Déjà au Caire, le marionnettiste et metteur en scène Mohamed Fawzy a lancé en 2017 la première édition du World Puppet Festival Network (le festival du réseau international des marionnettes), qui a offert au public 29 spectacles de 18 pays, diffusés en direct sur la toile. Chaque spectacle était donné sur les planches dans son pays d’origine et en même temps diffusé en ligne. Ce festival visait à lier les marionnettistes de par le monde via les réseaux sociaux. Sous le patronage de l’Union internationale des marionnettistes (Unimaa), la première édition s’est tenue dans le but de créer une plateforme pour les artistes des marionnettes. Ainsi, ils peuvent échanger leurs expériences. Cette première édition a été marquée par une série d’ateliers de formation en ligne animée par des marionnettistes égyptiens et étrangers. Après trois ans d’absence, le fondateur du festival, Mohamed Fawzy, se prépare pour la deuxième édition qui aura lieu en 2021. « Le confinement et le couvre-feu nous incitent à réanimer la page du festival sur Facebook et à accueillir les contributions des marionnettistes de par le monde », explique Fawzy.Et d’ajouter: « Les ateliers en ligne sont devenus aujourd’hui une nécessité pour apprendre. En tant que conférencier à la faculté des lettres, au département du théâtre à l’Université de Aïn-Chams, je continue à organiser des ateliers pour mes étudiants. Et même sur la page du festival, les fans vont trouver en ligne quelques ateliers intéressants sur l’art de la marionnette ». Plus de surprises à attendre avec ces festivals en ligne .
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