
La pièce Zaki Fil Wézara (Zaki au ministère), 2008.
(Photo: Bassam Al-Zoghby)
La coopération entre le dramaturge Lénine Al- Ramli et le metteur en scène Essam Al-Sayed a commencé en 1989 et a donné jour à neuf pièces, présentées sur les planches de plusieurs théâtres publics et privés. Malgré les longs intervalles séparant ces pièces, celles-ci sont restées gravées dans les mémoires. Car chacune se voulait une nouvelle expérimentation, une belle aventure pour le plaisir des spectateurs. La première rencontre entre les deux hommes était une pure coïncidence. « Ma première pièce sur les planches du Théâtre national était Agabi (exclamation), en 1985. Elle a été interprétée par Nabil Al-Halafaoui, jeune comédien à l’époque. Ce dernier était ami avec Lénine Al-Ramli, car appartenant à la même promotion de l’Institut supérieur de théâtre. Donc, Al-Ramli venait souvent nous rendre visite dans les coulisses. Quatre ans plus tard, j’ai reçu un coup de fil de ce dernier me demandant si je voulais mettre en scène sa pièce Ahlan Ya Bakawat (bienvenue les beys) », raconte Essam Al-Sayed. Interprétée par les comédiens Mahmoud Yassine et Hussein Fahmi, la pièce évoquait un voyage dans le passé, allant jusqu’au temps des Mamelouks et des beys en Egypte. Non sans humour, Al-Ramli et Al-Sayed se sont servis alors des faits historiques pour faire allusion à l’Egypte des années 1980.
Quelques années plus tard, ce fut le tour d’une deuxième rencontre, sur les planches d’un théâtre privé, avec la pièce Tekssab ya Keicha (c’est Kheicha qui l’emporte), avec le comédien Ahmad Bédeir. Al-Sayed continue de relater son histoire avec le dramaturge : « On travaille tous les deux de la même manière, qu’il s’agisse de théâtre privé ou public. Les textes de Lénine Al-Ramli ne peuvent pas être classifiés comme commerciaux. Ce n’est pas du tout le rire pour rire. Au contraire, nous refusons les critères du théâtre purement commercial ». Et d’ajouter : « Al-Ramli avait sa propre troupe et produisait quelques pièces de théâtre bien avant de me connaître. Il avait une belle expérience avec la troupe Studio 80 et le metteur en scène et comédien Mohamad Sobhi. Donc, pendant longtemps, il était très pris par l’écriture pour ses deux troupes. C’est ce qui explique les longs intervalles entre nos collaborations ».
D’un succès à l’autre
Al-Hadsa (l’accident), au début des années 1990, a constitué une autre expérience à succès, signée par le duo. L’ayant présentée au théâtre privé, ils ont contribué à la formation et à l’émergence de plusieurs jeunes stars à l’époque, comme Achraf Abdel-Baqi et Abla Kamel. Et puis, il a eu aussi la pièce Eaqal Ya Doctor (sois raisonnable docteur), interprétée par Farouq Al-Fichaoui en l’an 2000. En 1997, le duo a présenté la deuxième partie d’Ahlan Ya Bakawat (bienvenue les beys), sous le titre de Wadaan Ya Bakawat (adieu les beys).
Cette fois-ci, les deux créateurs amis ont fait un voyage dans l’avenir. Al- Sayed s’est servi des techniques disponibles dans le Théâtre national pour faire de la science-fiction. Puis, le duo a retrouvé les planches du Théâtre national avec une troisième pièce : Zaki Fil Wézara (Zaki au ministère), en 2008. Et ce, après avoir travaillé ensemble sur Aïn Al-Haya (l’oeil de la vie), à la galerie du centre Hanaguer, en 2005. Les événements du texte d’Al-Ramli se situaient dans le désert, où s’est perdu un groupe d’inconnus. « J’ai misé sur la forme de l’espace scénique, assez intimiste, avec le public qui entourait les comédiens de part et d’autre. Une sorte de théâtre interactif, où les spectateurs sont impliqués.
A chaque fois, on essaie de varier la mise en scène, de donner un nouveau goût à notre collaboration », explique Al-Sayed. Dans Fi bayténa Chabah (un fantôme chez soi), en 2012, le sujet proposé par Al-Ramli avait quelque chose de surprenant, plein de suspense et d’humour. Al-Sayed a parié sur la création d’un spectacle d’horreur, assez plaisant, pendant deux ans consécutifs. « En fait, Al-Ramli refuse l’idée d’écrire une série de pièces liées entre elles. Cependant, je considère qu’il y a un certain enchaînement entre notre dernière pièce, Rire jusqu’à la mort, et les deux précédentes, Bienvenue les beys et Adieu les beys. Elle est toujours basée sur l’idée des deux amis qui se retrouvent après une longue absence. On s’y projette aussi dans le passé et le futur », conclut Al-Sayed, qui se plaît à opérer des va-et-vient intelligents entre passé, présent et futur.
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