Cannes 70e édition, clap ! C’est parti ! Le Festival de Cannes 2017 débute aujourd’hui sur une note de solennité, puisque le festival no1 de par le monde fête son 70e anniversaire, toutefois, ses organisateurs tiennent à lui offrir un rajeunissement éternel.
« Le cinéma, c’est un peu ça », estime Thierry Frémaux, directeur général du Festival de Cannes, lors de la conférence de presse de l’annonce du programme. « On veille à ces équilibres-là, (...) cette dimension glamour, et cette dimension film d’auteur, ce sont les deux ingrédients dont nous nous nourrissons », explique-t-il, tout en soulignant que beaucoup de grands cinéastes multisélectionnés n’avaient pas de films prêts cette année, ce qui rendait le choix des oeuvres une procédure assez compliquée.
Rodin.
En fait, cette sélection cannoise 2017 se veut clairement intrépide, avec peu d’habitués et beaucoup de têtes neuves. Un seul cinéaste déjà palmé y est présent : Michael Haneke. Ce dernier, qui a déjà eu la Palme deux fois, avec Le Ruban blanc en 2009 et Amour en 2012, n’est cependant pas à l’abri d’un triplé cette année, avec son nouveau film Happy End. L’oeuvre dresse le portrait d’une famille bourgeoise française — incarnée par Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz — installée non loin d’un camp de migrants.
Tout à côté de ce film de production française d’un cinéaste autrichien, quatre autres films de langue française sont en compétition. La liste tricolore est composée cette année de François Ozon, revenant en compétition pour la troisième fois après La Piscine et Jeune et jolie, mais cette fois-ci avec un thriller L’Amant double, interprété par Marine Vacth et Jérémie Renier. Comme lui, Michel Hazanavicius signe là sa troisième sélection après celle légendaire de L’Artiste et La Recherche. Son nouveau film Le Redoutable est un biopic de Godard pendant les années 1960, avec Louis Garrel et Stacy Martin. Venant toujours dans le camp de ceux participant pour la troisième fois à la compétition cannoise, Jacques Doillon est présent à cette édition avec Rodin, interprété par Vincent Lindon qui fait, lui, un come-back à la Croisette, 33 ans après sa précédente montée des marches pour La Pirate.
Enfin, pour son troisième film en tant que réalisateur, Robin Campillo, essentiellement scénariste et monteur réputé, participe pour la première fois avec son film 120 battements par minute, avec Adèle Haenel.
Toujours sous le drapeau tricolore, le nouveau film d’Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaïl, a ouvert le festival hors compétition, avec le trio Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg et Mathieu Amalric.
Du côté américain, la liste de présence est également frappée du même courant de fraîcheur qui marque la compétition en général cette année. On accueille alors les deux jeunes cinéastes, Josh et Ben Safdie, en compétition, avec Good Time, profitant certes de l’aptitude et de la réputation de Robert Pattinson.
Comptons également parmi les nouveaux venus Noah Baumbach, qui fait sa première entrée en compétition avec The Meyerowitz Stories, sur les tourments d’une famille new-yorkaise, avec sur bord Dustin Hoffman, Emma Thompson, Adam Sandler et Ben Stiller.
Du glamour signé Kidman
Sofia Coppola.
Mais le glamour, il sera bien noté à travers le nouveau film The Beguiled, de la jeune réalisatrice Sofia Coppola avec Kirsten Dunst, Elle Fanning, Colin Farrel, mais surtout Madame Cannes 2017, l’Australienne Nicole Kidman, présente cette année dans trois films toutes sélections confondues. Toujours du côté américain, notons finalement Wonderstruck, signé Todd Haynes, avec le duo de luxe : Julianne Moore et Michelle Williams.
Une fraîche présence rajeunissante en compétition de quelques nouvelles nationalités avec de nouveaux talents est d’ailleurs digne d’être soulignée. Le Russe Andrei Zvyaguintsev avec Loveless, l’Ukrainien Sergei Loznitsa avec A Gentle Creature, le Grec Yorgos Lanthimos, Prix du jury pour The Lobster en 2015, avec The Killing of a Sacred Deer et l’Ecossaise Lynne Ramsay avec You Were Never Really Here. Ces derniers peuvent constituer une nouvelle génération de jeunes habitués applaudis par Cannes.
Un dernier signe de l’appétit du festival aux nouvelles pratiques et techniques d’images : la présence de deux séries, signées par de grands noms du cinéma. En séance spéciale, les festivaliers auront rendez-vous avec la deuxième saison de Top Of The Lake de Jane Campion, en plus des deux premiers épisodes de la nouvelle saison de Twin Peaks, marquant le retour de Lynch sur la Croisette, 16 ans après Mulholland Drive.
Un président du jury jamais palmé
D’autres nouveautés ? Bien sûr, puisque c’est le réalisateur espagnol Pedro Almodovar qui préside le jury de ce 70e Festival de Cannes. Une première pour un Espagnol. Almodovar, l’un des grands habitués de cette manifestation cannoise, a été cinq fois en compétition et a été plusieurs fois récompensé, soit pour le scénario ou pour l’interprétation, mais sans jamais remporter la Palme d’or.
Derrière lui, on retrouve une multitude de célébrités fatales du septième art. Huit personnalités du cinéma iront l’épauler dans les choix des différentes récompenses. A savoir : la réalisatrice allemande Maren Ade, l’actrice américaine Jessica Chastain, l’actrice chinoise Fan Bingbing, l’actrice française Agnès Jaoui, le réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, l’acteur américain Will Smith, le réalisateur italien Paolo Sorrentino et le compositeur français de musique Gabriel Yared.
Une cuvée donc assez sélective, attrayante et copieuse, notamment avec les autres sélections : la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique et l’ACID. Une nouvelle édition donc dans une nouvelle France, après l’élection d’un jeune président, Emmanuel Macron. Reste à relever si cette France aura un teint aussi frais sur le plan politique que celui artistique ,
Lien court: