La Jeanne d’Arc égyptienne d’Iman Kamel.
L’egypte a participé au Festival international de Dubaï avec 9 films, pour la plupart en compétition officielle, variant entre fictions et documentaires, longs et courts métrages. Il s’agit de La Jeanne d’Arc égyptienne d’Iman Kamel, Nossour Saghira (les aiglons) de Mohamad Rachad, Akhdar Yabès (terre aride) de Mohamad Hamad, Ali Meaza et Ibrahim de Chérif Al-Bendari, Mawlana (seigneur) de Magdi Ahmad Ali, Osboue wa Youmein (une semaine et deux jours) de Marwa Zein, Les Bananawas de Marwa Zein, Youm lel Settat (journée pour les femmes) et Al-Maa wal Khodra wal Wagh Al-Hassan (le ruisseau, le pré vert et le visage doux) de Yousri Nasrallah.
Un bon nombre de ces films ont en commun le fait de se ranger sous l’étendard du cinéma indépendant, à petit budget. Quelques-uns se réfèrent, parfois implicitement, à la révolution de janvier 2011, avec la liberté comme thème principal. Ils abordent aussi, de manière générale, les conditions des femmes et l’oppression. Les idées politiques traitées s’avèrent d’une grande audace, de quoi avoir engagé un vrai débat au sein du festival dès les premiers jours, comme ce fut le cas avec le film d’Iman Kamel, La Jeanne d’Arc égyptienne.
Ce dernier film a soulevé une vague de critiques dès sa projection. Certains festivaliers étaient outrés par la grande subjectivité du film, à tel point d’attaquer la réalisatrice durant le débat qui a suivi la présentation. Iman Kamel raconte elle-même sa légende personnelle, comme elle tient à le préciser. Elle présente son histoire en cinq parties, donnant à chaque partie le prénom d’une fille différente. Ce sont des filles qu’elle a rencontrées, dans le cadre de la révolution, et avec qui elle a gardé le contact. La réalisatrice mêle son histoire propre à celles de toutes ces autres, faisant triompher la volonté et la rébellion. Elle évoque ainsi l’oppression de la femme égyptienne sous ses différentes formes : au foyer, dans le domaine politique, dans l’espace public, sous le poids de la tradition ou au sein d’une société masculine. On parle alors du port du voile, du harcèlement sexuel, etc.
Dans son premier long documentaire, Kamel fait preuve d’une grande dextérité. Elle sait narrer une histoire tout en maîtrisant l’image. Celle-ci inclut les photos-souvenirs, les tableaux d’arts plastiques, de manière originale, rarement d’usage dans le cinéma égyptien. En tant que femme, elle a aussi le souci du détail, très révélateur.
La danse, la musique et la poésie sont toujours là en arrière-plan. Elles se mêlent au politique pour dire long sur la réalité égyptienne, mais aussi sur le monde personnel de la réalisatrice. Son oeuvre se veut assez cosmopolite que personnelle et authentique. Elle provoque le spectateur, contraint en quelque sorte à réagir, à être pris de colère, de confusion ou de joie.
Financé par le Koweït, l’Egypte, le Qatar et l’Allemagne, le film a bénéficié de plusieurs aides à la production, mais rien ne peut garantir qu’il sera projeté commercialement en Egypte. Le débat déclenché à Dubaï ne peut de toute façon que lui servir, en aiguisant la curiosité des cinéphiles de part et d’autre.
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