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Soner Caner : Rauf est le porte-parole de toute une génération qui a vécu sous le poids du politique

Lundi, 07 novembre 2016

Projeté au Caire dans le cadre du Panorama du film européen, le long métrage turc Rauf relate l’histoire du conflit turco-kurde durant les années 1990. Entretien avec le scénariste du film et son co-réalisateur, Soner Caner.

Soner Caner

Al-Ahram Hebdo : Comment est né le projet du film Rauf ?
Soner Caner: J’ai passé des années à préparer le scénario, étant donné que la vie et le sort des enfants et des hommes âgés en Turquie restent parmi les thèmes et les mondes scénaristiques qui m’intéressent. Les petits gardent toujours la fraîcheur de voir les choses autrement, d’une façon plus simple, plus naturelle, mais aussi plus nette. Quant aux vieilles personnes, elles ont l’expérience qui leur permet de voir les choses avec tous les détails et de lire ce qui est entre les lignes. C’est pourquoi j’ai essayé de jeter la lumière sur plusieurs idées et problématiques dans le film, à travers le regard d’un enfant : Rauf, mais également à travers ceux des vieux habitants du village où se déroulent les événements.

— Rauf est-il vous-même pendant votre enfance ou bien un personnage de pure imagination ?
— Rauf emprunte beaucoup à l’ambiance où je suis né et à celle de mon enfance. Il est le porte-parole de toute une génération qui a vécu sous le poids du politique, et en était témoin. L’enfant y garde sa pureté et sa simplicité, malgré tout. Il rêve, pleure et aime, à la manière des âmes pures qui ne cessent de s’ouvrir sur le monde, malgré le danger de perdre cette nature pure et spontanée.

— Le film n’est pas encore projeté en Turquie. Pensez-vous que le côté politique ou historique qu’il contient puisse influencer son accueil par les institutions officielles ou gouvernementales ?
— Dans ce film, comme dans tous mes autres métrages, je n’aborde pas directement la politique, mais elle sert de toile de fond, pour tant d’événements sociaux et dramatiques. Je n’ai jamais avancé dans mes oeuvres mon propre point de vue vis-à-vis des questions politiques, et je dois avouer que je n’ai jamais été ennuyé ni forcé par les autorités en ce qui concerne la liberté d’expression. En tant qu’artiste, c’est l’art et le cinéma qui m’intéressent le plus, et je laisse la politique pour les politiciens. Etant donné que les événements du film Rauf se déroulent entre les années 1993 et 1996, j’ai été obligé d’insérer quelques faits politiques et historiques dans la vie du protagoniste. Ce qui m’intéresse essentiellement c’est de raconter la vie dans quelques régions de la Turquie, à une époque donnée, à travers les yeux d’un enfant.

— Comment trouvez-vous le travail de co-réalisation avec Baris Kaya dans ce film? Est-ce que vous partagez les mêmes idées et opinions, ou bien il y a des parties dans le film où vous êtes présent plus que d’autres ?
— C’était une expérience assez intéressante et fructueuse, vu que nous sommes des amis, Baris Kaya et moi, depuis plus de douze ans. Il y a eu des moments où nous n’étions pas d’accord durant le tournage, quant à quelques éléments artistiques. Nous n’avions aucun problème à discuter de nos désaccords, dans une salle fermée en tête-à-tête, et on sortait de la salle après avoir pris une décision commune. C’était toujours dans l’intérêt du film. Une expérience assez enrichissante que j’aimerais bien revivre avec d’autres cinéastes que je respecte énormément .

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