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Le Festival international du film du Caire : 100 films et de la diversité

Mohamed Atef, Dimanche, 08 novembre 2015

Le Festival international du film du Caire célèbre sa 37e édition avec 100 films en compétition officielle. Cette année encore, les sélections sont variées avec quelques bons longs métrages venus de France, de Corée et du Japon.

100 films et de la diversité
1944 d’Elmo Nuganen.

Le film américain Ricki and The Flash de Jonathan Demme, avec Meryl Streep en tête d’affiche, donne le coup d’envoi du 37e Festival interna­tional du film du Caire, présidé par Magda Wassef. Cette fiction tournée par le réalisateur du Silence des agneaux sera suivie pendant les dix jours du festival par la projection de quelque 100 films, partagés entre la compétition officielle (16 films), la section Projections spéciales (20 films) et la section Festival des festi­vals (45 films), et les autres pro­grammes se déroulant en marge du festival, tels La Semaine internatio­nale des critiques, la compétition Horizons du cinéma arabe et celle des Films de demain.

Malgré les problèmes financiers et logistiques qui ont rendu assez diffi­cile la tenue de cette édition, le festival a quand même vu le jour cette année encore dans l’espoir de pouvoir répondre aux attentes du public. Il rend hommage à deux stars du grand écran récemment disparues : Faten Hamama et Omar Sharif, ainsi qu’à l’un de ses anciens présidents, le comédien Hussein Fahmi.

Le jury de la compétition officielle est présidé par le producteur Paul Webstar (Royaume-Uni), avec comme membres la productrice Anne-Dominique Toussaint (France), le réa­lisateur George Ovashvili (Géorgie), la réalisatrice Leila Marrakchi (Maroc), le réalisateur Jonathan Relayze Chiang (Pérou), la comé­dienne et productrice Mitsue Eguchi (Japon), la comédienne Radhika Apte (Inde), la comédienne Dalia Al-Béheiri (Egypte) et le réalisateur Marwan Hamed (Egypte).

La crise qui se présente de manière régulière, compte tenu de l’état des lieux actuel du cinéma égyptien, est de trouver un film local à même de parti­ciper aux compétitions officielles. Cette année, on a dû sélectionner diffi­cilement 2 longs métrages : Men Dahr Raguel (de la côte d’Adam) écrit par Mohamad Amin Radi et réalisé par Karim Al-Sobki, et Al-Leila Al-Kébira (le jour J) écrit par Ahmad Abdallah et réalisé par Sameh Abdel-Aziz.

Ces deux productions de la société Al-Sobki, laquelle a récemment fait beaucoup de vagues pour la qualité de ses films renfermant beaucoup de sexe et de violence, étaient loin de faire l’unanimité. Certains critiques ont même fait appel au boycott de leurs fictions, mais cela n’a eu que de faibles échos.

Compétition internationale

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Men Dahr Raguel (de la côte d’Adam).

L’Estonie participe à la compétition officielle avec un drame de guerre, intitulé 1944 d’Elmo Nuganen. Les événements du film se déroulent à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur les terres estoniennes. Il révèle le cal­vaire des soldats estoniens pris en étau entre l’Armée Rouge et l’Armée allemande. Dans ce combat qui n’est pas le leur, ils ont fait la guerre à leurs frères et à leurs compatriotes. Le film aborde donc, avec beaucoup de pro­fondeur, la question de l’appartenance sous ses multiples facettes.

Toujours dans une ambiance de guerre, se passe le film français de Laurent Larivière Je suis Soldat, éga­lement en compétition officielle. Sandrine, trente ans, est obligée de retourner vivre chez sa mère à Roubaix. Sans emploi, elle accepte de travailler pour son oncle dans un che­nil qui s’avère être la plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’Est. Elle acquiert rapidement autorité et respect dans ce milieu d’hommes et gagne l’argent qui manque à sa liberté. Mais parfois, les bons soldats cessent d’obéir.

La France présente plusieurs autres coproductions, dont notamment Méditerranée de Jonas Carpignano. Cette coproduction franco-italienne aborde la détresse des émigrés clan­destins. Le sort de ces derniers se rapproche des habitants des bidon­villes décrits par Merzak Allouache dans le film algérien Madame Courage. Le film raconte surtout l’histoire de Omar, qui vit dans un bidonville de la capitale. Accro aux célèbres psychotropes surnommés Madame Courage et spécialiste du vol à l’arraché, il tombe un jour amoureux de l’une de ses victimes.

Amour sur fond de douleurs. Cette thématique est d’ailleurs présente avec le film danois Dans tes bras de Samanou Acheche Sahlstrom. Celui-ci relate l’histoire de la jeune infir­mière Maria qui désire changer de vie. Elle rencontre Nils, atteint d’une maladie incurable et cherchant à se rendre en Suisse pour commettre un suicide assisté. Avec lui, elle effectue tout un périple qui leur fera changer d’existence. Leurs rêves deviennent réalité.

La Corée du Sud est également pré­sente en compétition officielle, avec le film Madonna, l’Afghanistan avec Mina Walking, la Bosnie avec Our Every Day Life, la Croatie avec le film The High Sun, la Hongrie avec Wednesday Child, et l’Inde avec Amérique.

Animations nippones
La direction du festival a conclu cette année un accord avec l’Institut culturel japonais au Caire, afin d’orga­niser une nouvelle manifestation, Coup de projecteur sur le cinéma japo­nais d’animation. Sept films sont donc prévus dans le cadre de cette section, dont six sont réalisés par le célèbre réalisateur Haiawo Miazaki. Le plus important de ces derniers est Spirit Away, produit en 2001, ayant réalisé les plus grandes recettes dans l’his­toire du cinéma japonais.

Sera également projeté le film The Princess Kaguya, réalisé en 2013 et sélectionné pour l’Oscar du meilleur long métrage d’animation à la 87e édition des Oscars. Le film Kiki’s Delivery Service que Miazaki a tourné en 1989, relatant l’histoire d’une sor­cière en herbe de 13 ans. Sans beau­coup d’expérience, mais dotée d’une imagination de feu, elle décide de relever les défis qu’elle affronte dans le village côtier où elle a décidé de s’installer.

Les premiers films à l’honneur

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Kiki’s Delivery Service.

L’Association des critiques égyptiens organise, pour la deu­xième année consécutive, la Semaine internationale des cri­tiques, laquelle projette des longs métrages qui sont les premières ou deuxièmes oeuvres de leurs réalisateurs. Les films sélectionnés se disputent les Prix Chadi Abdel-Salam pour le meilleur film, et Fathi Farag pour la meilleure contribution artistique. Le jury regroupe le réalisateur égyptien Mohamad Khan (président), le cri­tique libanais Mohamad Réda et le critique nigérien Chaybo Husseini. 7 films (sous-titrés en anglais) se disputent les prix de la Semaine internationale des critiques : Journey to Rome de Tomasz Mielnik, une coproduction tchéco-polo­naise, The Red Spider du Tchèque Marcin Koszalka, le documentaire Olma and the Seagull, de Petra Costa, et Lea Glob, qui est une méga-coproduction entre le Brésil, le Danemark, la France, le Suède et le Portugal. En outre le film du Singapour The Return, réa­lisé par Green Zeng, le documen­taire français Exotica, Erotika, etc, d’Evangelia Kranioti, et enfin Heavenly Nomadic, d’Abdy Kalykov.

L’Egypte participe pour la pre­mière fois à cette compétition avec le documentaire Tok-Tok de Romany Saad, qui nous fait plon­ger dans le monde des chauffeurs de ces minuscules véhicules à trois roues qui circulent partout en Egypte, notamment dans les quartiers défavorisés. Le film suit de près 3 enfants : Abdallah, Sharon et Bicca, qui doivent constamment échapper à la police, aux voleurs et aux chauf­feurs de taxi. Ils n’oublient pas cependant de s’arracher des ins­tants de bonheur furtif et de divertissement. Le film abonde de rires et de dangers, révélant le combat des trois enfants au quotdien.

La Semaine internationale des critiques comprend également deux événements spéciaux, à savoir : le panorama du film polo­nais et un débat autour des réali­sateurs Salah Abou-Seif et Kamel Al-Telmessani (les 15 et 16 novembre entre 10h et 16h30 au Conseil suprême de la culture).

Horizons partagés

Pour la deuxième année consécutive, le syndicat des Cinématographes organise la compétition Les Horizons du cinéma arabe, en marge du Festival international du film du Caire. L’Egypte y présente cette année un film du réalisa­teur Karim Chaabane, Fi Youm (en un jour). Le réalisateur bahreïni Mohamad Ben Rached y projette Al-Chagara Al-Naëma (l’arbre dormant) et la Syrie est présente avec le film Bentézar Al-Kharif (dans l’attente de l’automne) réa­lisé par Joud Saïd. Le Yémen, en dépit des circonstances difficiles, a tenu à y prendre part, avec Moi Nojoud, 10 ans, divorcée de Khadija Al-Salami. Participe également à cette compétition le film iraqien Dakhel Khareg Baghdad (entrer et sortir de Bagdad) de Kassem Haoul.

Le jury de cette compétition exclusivement arabe regroupe la productrice tunisienne Dora Bouchoucha, égale­ment responsable des Journées cinématographiques de Carthage, le réalisateur marocain Mohamed Ismaïl, et la comédienne égyptienne Salwa Mohamad Ali. Dans le cadre de cette manifestation, sera publié le livre Les Mécanismes de la production du cinéma indépendant dans le monde arabe. Se tiendra aussi un colloque sur le cinéma palestinien avec comme invités Arine Emary, comédienne, et Rachid Machharawy, réalisateur.

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