
Mutations, ces « erreurs de copie » qui mettent à défi les chercheurs. (Photo : AFP)
Le nouveau variant du coronavirus, qui a été identifié pour la première fois à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre, serait lié à un degré plus élevé de mortalité, a reconnu le premier ministre britannique, Boris Johnson, lors d’une conférence de presse la semaine dernière. Pour les hommes âgés d’une soixantaine d’années, le risque de mortalité est passé de 10 sur 1 000 à 13 ou 14 sur 1 000 avec le nouveau variant, a indiqué le conseiller scientifique du gouvernement britannique, Patrick Vallance. Le variant anglais continue de se propager dans le monde, touchant au moins 60 pays et territoires.
Cela dit, deux études préliminaires mises en ligne le 20 janvier concluent que le vaccin BioNTech/Pfizer serait efficace contre ce variant. Conclusion confirmée par le directeur des National Institutes of Health des Etats-Unis, Francis Collins, qui a déclaré à son tour que les vaccins actuels seraient toujours très protecteurs contre le variant britannique.
Comme le variant anglais, le variant détecté en Afrique du Sud en décembre présente une mutation qui se situe au niveau de la protéine Spike (spicule) du coronavirus, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle-clé dans l’infection virale. Ce variant sud-africain du coronavirus se propage plus lentement et est présent dans 23 pays et territoires d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Il est plus préoccupant dans la mesure où il semble être un peu plus résistant aux anticorps neutralisants provoqués en réponse à une infection par des souches en circulation, de quoi laisser planer la possibilité d’une réinfection des individus infectés avec des souches précédentes.
Adapter les vaccins
Ces données ont des conséquences sur l’efficacité des vaccins contre le SARS-CoV-2, principalement basés sur une réponse immunitaire à la protéine Spike, insistent les chercheurs, qui soulignent le besoin urgent de développer des plateformes pour adapter les vaccins et le besoin « d’identifier des cibles » pour ces vaccins qui sont moins sujets aux mutations.
« Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais ce n’est pas une surprise », a commenté le Pr James Naismith, de l’Université d’Oxford, cité par l’organisme Science Media Centre, appelant à « ne pas paniquer ». « Il est important maintenant d’évaluer le pouvoir neutralisant des anticorps générés par la vaccination contre les variants du virus et d’étudier la réponse immunitaire des individus infectés par les variants », a indiqué de son côté le virologue Lawrence Young, de la Warwick Medical School.
Comme tous les virus, le SARSCoV- 2 mute : quand il se réplique, des erreurs se produisent. La plupart de ces mutations sont sans conséquence mais certaines peuvent lui donner un avantage pour sa survie. C’est pourquoi les chercheurs estiment probable la naissance d’autres variants problématiques. Ils sont même peut-être déjà là. « Parce que le nombre total de cas continue à augmenter de façon exponentielle, il n’est pas difficile d’argumenter que plus de variants problématiques ont émergé pendant l’hiver sans qu’on les détecte », estime ainsi sur Twitter Carl Bergstrom, professeur de biologie à l’Université de Washington, plaidant pour une meilleure surveillance.
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