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Romain Guizard : L’Egypte possède beaucoup d’atouts qu’elle peut faire valoir pour attirer des investissements étrangers

Marwa Hussein , Mercredi, 12 juillet 2023

Romain Guizard, directeur du réseau Business France en Egypte et conseiller commercial à l’ambassade de France, revient sur les activités des entreprises françaises en Egypte.

Romain Guizard
(Photo : Yasser Al-Ghoul)

Al-Ahram Hebdo : Comment estimez-vous le niveau d’intérêt de nouvelles entreprises françaises à s’installer en Egypte ?

Romain Guizard : L’Egypte est un pays qui regorge, et je le découvre chaque jour, d’opportunités dans beaucoup de domaines, et il y a encore beaucoup de place pour de nouvelles aventures portées par des entreprises françaises. Depuis 6 mois, on a accompagné plusieurs entreprises intéressées dans l’Egypte ; on a accompagné une entreprise spécialisée dans la digitalisation du patrimoine égyptien, une autre spécialisée dans l’éducation, dans le recrutement en ligne, les solutions de gestion financière, l’aquaculture, les anti-mousses industrielles, les équipements de cuisine professionnelle, l’épicerie, la distribution alimentaire. Tout cela concerne de nouvelles entreprises. L’Egypte ne sera forcément pas un marché aisé pour un primo-exportateur, c’est-à-dire une entreprise qui n’a pas forcément exporté en dehors de la France. En revanche, pour les entreprises plus mûres, dans plein de secteurs, il existe plein d’opportunités. Il y a aussi une corrélation entre les 200 entreprises françaises établies en Egypte et les entrepreneurs français qui veulent profiter d’un contexte favorable.

— Quelles sont les difficultés qu’affrontent les entreprises françaises en Egypte, notamment les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ?

— Parmi les 4 500 PME françaises qui exportent leurs produits et services vers l’Egypte, les difficultés de type exportation sont moins que l’an dernier, parce que le requis de lettres de crédit a été relevé. Mais le point principal concerne le paiement en devise des clients égyptiens auprès des entreprises françaises. C’est un sujet pour lequel on n’a pas de levier, au niveau de l’ambassade de France, pour résoudre. Cela n’empêche pas que c’est un sujet que nous suivons conjointement avec le service économique au quotidien, en étant à l’écoute des filiales d’entreprises françaises établies en Egypte et des PME françaises qui souhaitent exporter vers l’Egypte. Ce qui est certain est que par ce contexte-là, je ne constate pas de baisse d’intérêt d’entreprises françaises pour promouvoir leurs services, leur expertise et leur savoir-faire en Egypte.

— Tous les pays de la région, voire du monde, sont à la chasse d’investissements. Que peut faire l’Egypte pour devenir plus compétitive en ce domaine ?

— L’Egypte doit être fière de ses qualités. Premièrement, elle possède une bonne qualité de main-d’oeuvre. Je suis vraiment impressionné, d’abord par le niveau de qualification de mes collègues et par le niveau de qualification de mes interlocuteurs que j’ai rencontrés depuis mon arrivée au mois d’octobre. Cette compétence est le premier atout du pays. Ensuite, le pays dispose d’une réserve foncière très importante qui est un atout à mettre en avant pour attirer de nouveaux industriels et dans d’autres domaines. En plus de ces deux forces, il y a les rentes de l’Egypte, comme le tourisme qui est aujourd’hui à des niveaux équivalant à ceux de 2019, avant la pandémie. Je pense aux réserves d’hydrogène blanc, les opportunités en hydrogène vert sont énormes et l’Egypte a l’intention de détenir presque 10 % de la part du marché mondial de la production d’hydrogène. Le transport maritime à travers le Canal de Suez est un sujet stratégique. Il y a franchement beaucoup d’atouts que l’Egypte peut faire valoir pour attirer des investissements étrangers. Il faut que ces atouts soient clairs et stables sur les niveaux juridique et fiscal entre autres.

— Qu’est-ce qui manque à l’Egypte pour devenir plus attirante pour les investisseurs ?

— La première chose à laquelle je pense spontanément c’est le déficit de visibilité de l’Egypte. Cela veut dire que l’Egypte et son potentiel lié à sa démographie, à sa position géographique, à son histoire, à la qualité de sa main-d’oeuvre, à la qualité de son infrastructure, sont réduits à ce qu’on appelle l’image d’Epinal, qui est l’idée reçue de la réception de la réalité, qui est limitée en France au tourisme, et évidemment qui ne correspond qu’à une partie faible et limitée de la réalité du potentiel de l’Egypte. Pour moi, c’est une vraie faiblesse que l’Egypte souffre de ce déficit de visibilité. Et c’est pour cela que je salue les efforts des autorités égyptiennes pour attirer et promouvoir davantage l’attractivité de l’Egypte auprès des investisseurs étrangers. Sur ce point-là d’ailleurs, Business France peut accompagner nos partenaires égyptiens dans cet effort de renforcement d’action pour attirer des investisseurs étrangers.

— L’Egypte peut-elle devenir une plateforme d’exportation vers les pays de la région ?

— Je vais répondre à l’envers, en vous donnant une information. Les filiales des entreprises françaises à l’étranger contribuent à 30 % des exportations françaises. Cela montre l’importance de bien intégrer et de bien accueillir les entreprises françaises en Egypte qui vont contribuer à l’exportation du savoir-faire égyptien, à la fois sur le continent africain et aussi vers les pays du Golfe et au Moyen-Orient. L’Egypte peut être une base pertinente pour exporter vers la région.

— Quelles sont les activités de Business France prévues au cours de l’année en Egypte ?

— Il y a des actions en France, en Egypte et en dehors de l’Egypte, soit en Afrique du Nord, soit au Moyen-Orient. Je vais vous donner un exemple à chaque fois. En France, il y a Ambition Africa, les 17 et 18 octobre, à l’occasion de laquelle Business France accompagne des délégations officielles des autorités égyptiennes pour promouvoir l’expertise égyptienne auprès d’entreprises françaises. En Egypte, ce sont les French Chemical and Petrochemical Tour prévues en novembre au Caire. Cette mission a pour objectif de promouvoir l’expertise des PME françaises dans la filière de la chimie et de la pétrochimie auprès de partenaires égyptiens. Autre exemple est Beauty World qui se tiendra à Dubaï à la fin du mois d’octobre, et c’est le plus grand salon de la cosmétique au Proche et Moyen-Orient, à l’occasion de laquelle le bureau de Business France au Caire va accompagner des entreprises égyptiennes pour les mettre en relation avec des entreprises françaises qui sont présentes dans le salon. Une autre action qui est nouvelle s’appelle « L’export commence en France ». C’est un nouveau programme lancé en 2023 qui a pour objectif, notamment en Egypte, de faciliter la venue de partenaires égyptiens en France pour rencontrer des entreprises françaises. C’est un dispositif très intéressant pour nos partenaires égyptiens.

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