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Questions autour de la ville durable

Marwa Hussein, Gilan Magdi, Amani Gamaleddine et Aliaa Al-Qorachi, Mardi, 28 novembre 2017

A l'occasion de La Fabrique de la Ville durable, organisée du 22 au 28 novembre au Caire, Al-Ahram Hebdo consacre un dossier aux grands débats qui ont animé cette manifestation.

Questions autour de la ville durable
(Photo : AP)

Ibrahim Mahlab : Ce forum reflète les relations d’amitié, voire de partenariat, qui lient l’Egypte et la France.

Ibrahim Mahlab
Ibrahim Mahlab

Ibrahim Mahlab, assistant du président de la République pour les projets nationaux et stratégiques.

C’est avec un grand plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui, au Forum écono­mique de la Ville durable. Je tiens à remercier Al-Ahram Hebdo pour cette initiative. Ce forum qui reflète les relations d’amitié, voire de partenariat, qui lient nos deux pays tant au niveau politique que culturel et économique. Des relations qu’Egyptiens et Français ont bâties ensemble, sur une période qui s’étale sur plus de deux siècles, durant lesquels nos deux peuples ont appris à mieux se connaître et s’appré­cier mutuellement.

Ce forum vient à un moment important, avec les nouvelles données qui se sont opérées sur la scène économique égyptienne. La vision de l’Egypte 2030 et la stratégie de développement durable représentent une étape cruciale sur la voie du développement global de l’Egypte. S’inspirant de l’héritage de la civilisation égyptienne, cette stratégie met en place une démarche de dévelop­pement claire dont l’objectif final est d’instaurer les bases d’une nation développée et prospère. Une nation où les justices sociales et écono­miques seront de mise et où le rôle de leadership régional et historique de l’Egypte retrouvera son aura.

La stratégie de développement durable est une feuille de route conçue de manière à mettre à profit les avantages compétitifs du pays et à offrir pour tous la garantie d’une vie décente. Mais pourquoi avons-nous besoin d’une stratégie de développement durable? En effet, cette stratégie a comme cadre général le concept du développe­ment durable qui a pour définition l’amélioration de la qualité de vie et le droit à une vie meilleure pour les générations futures. Cette stratégie se base également sur les concepts du développe­ment inclusif, durable et équilibré qui garantit l’exploitation équitable des ressources naturelles et permet à tous les citoyens de bénéficier des fruits du développement. Une vision qui prend en compte le principe de l’égalité des chances et sert à combler les écarts.

L’Egypte a lancé une série de mégaprojets qui ont changé l’as­pect de la vie urbaine, encouragé les investissements et favorisé la croissance économique. Parmi ces projets, la création d’une nouvelle capitale, de nouveaux centres urbains comme Al-Alamein et Al-Galala, le développement du réseau routier, la construction de quatre tunnels sous le Canal de Suez, la construction de stations élec­triques produisant plus de 30000 mégawatts, de stations d’énergie éolienne, l’ex­plorationdes richesses dans la région du triangle doré, sans compter les projets de pisciculture, le développement de ports maritimes, de la cité des meubles de Damiette et la cité du cuir. Dans le secteur de l’énergie, de vastes projets sont prévus afin d’avancer sur le volet de l’efficacité énergé­tique, surtout en énergie renouvelable, ainsi que les projets d’extraction et de liquéfaction de gaz. En effet, il a fallu prendre une série de décisions importantes pour que ces projets puissent voir le jour, comme la promulgation du statut exécutif de la loi d’investissement qui va faciliter les procé­dures. Pour l’Egypte, ces projets à grande échelle sont la solution et l’issue. Et les projets de déve­loppement urbain sont au centre de nos plans de développement.

Stéphane Romatet : Nous sommes là pour vous apporter des solutions, des financements, de l’expertise et une mobilisation de nos entreprises

Stéphane Romatet
Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Egypte.

Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Egypte.

Ce séminaire est extrêmement important pour nous. Et si nous sommes là, c’est parce que nous sommes convaincus que nous avons à faire face à un défi considérable. C’est un défi qui se pose à tous les pays. Probablement avec encore plus d’acuité en Egypte qu’ailleurs. Ce défi, c’est celui de concevoir une ville du futur tout en tenant compte de plusieurs problèmes. Le premier problème est celui, évidemment, de la poursuite de la croissance urbaine. Aujourd’hui, l’Egypte est un pays dont 54% de la population est urbaine. Et cette proportion va s’accroître de façon très rapide. Je crois que Le Caire est dans le trio de tête des plus grandes villes au monde. D’ici vingt, vingt-cinq ou trente ans, c’est une ville qui va passer du statut de mégacité à celui d’hypercité, regroupant probablement trente-cinq, voire quarante-cinq millions d’habitants.

Alexandrie va, elle aussi, voir doubler sa population dans les 25 ans qui viennent. Et donc, il faut faire face à cet enjeu urbain et ces réponses qu’il faut apporter à la question du logement, du transport et de l’accès à l’eau, dans un pays qui dépend, je crois, à plus de 90% de ressources hydrauliques qui viennent du Nil, de même qu’à la question du traitement des déchets, etc.

On voit bien l’ampleur des sujets qui sont à aborder, et pour tous ces sujets, il y a des solutions. Nous ne sommes pas démunis. Ces solutions, elles sont connues, c’est la ville durable. Mais, ce qui est important, c’est de préparer aujourd’hui la ville durable, parce que compte tenu du temps que prend la mise en oeuvre de ces décisions dans le domaine urbain, c’est bien aujourd’hui que nous devons préparer la ville du futur. Je crois que ce séminaire est donc très important, justement pour que les professionnels français et égyptiens puissent échanger sur leurs expériences et sur leurs visions d’avenir. Sur tous ces sujets, et c’est un message que je voudrais adresser à la fois aux autorités égyptiennes et à nos amis égyptiens, la France entend être à vos côtés. Nous avons des propositions à vous faire. D’abord, échanger sur nos expériences. Nous avons un grand projet en ce moment en France, celui du Grand Paris. Même si les conditions ne sont évidemment pas tout à fait transférables, nous pensons que nous avons la possibilité de vous faire partager notre expérience et qu’elle peut, dans une certaine mesure, s’appliquer aussi aux projets de l’Egypte. Je pense notamment aux projets des villes nouvelles, que Monsieur le premier ministre a évoqués. Et nous avons aussi le savoir-faire de nos entreprises. Elles sont présentes aujourd’hui. Je voudrais saluer les entreprises du MEDEF, qui sont venues spécialement pour ce forum.

Nos entreprises sont là aussi pour partager leur expérience, leur savoir-faire et transférer leurs connaissances à leurs homologues égyptiens.

Général Ahmed Zaki Abdine : Les partenaires français vont nous aider avec leur expertise

Général Ahmed Zaki Abdine, PDG du projet de la nouvelle capitale administrative.
Général Ahmed Zaki Abdine, PDG du projet de la nouvelle capitale administrative.
Général Ahmed Zaki Abdine, PDG du projet de la nouvelle capitale administrative.
Lorsqu’on m’a accordé l’honneur d’être nommé à la tête de ce grand projet, j’ai trouvé un dossier prestigieux et bien planifié, avec d’excel­lentes idées d’ingénierie et d’administration, fournies par les Egyptiens qui tra­vaillent sur ce projet, pla­nifié selon un emploi du temps bien coordonné. Le plus important est la main-d’oeuvre égyptienne en grand nombre, qui tra­vaille durement jour et nuit pour sa mise en oeuvre. Malgré cela, nous avons besoin de l’aide de partenaires spécialisés. Nous avons donc frappé à toutes les portes, et les premiers à répondre ont été des entre­preneurs d’Asie du sud-est, de Chine et certains Européens. Mais j’ai toujours eu les yeux fixés vers le nord, vers nos voi­sins et amis français, avec qui l’Egypte maintient des relations intenses. Je recon­nais le rôle culturel de la France et les échanges importants entre la culture française et la civilisation égyp­tienne. Je me demandais quand les Français s’en­gageraient dans le cadre de la nouvelle capitale, et ils n’ont pas tardé. Je crois que nous avons besoin de leurs idées, développées dans tous les domaines, et nous allons revoir avec eux nos plans que nous sommes prêts à modifier s’il le faut. Nous pou­vons aussi modifier le plan d’exécution à la lumière de ces nou­velles idées. Les partenaires français vont nous aider avec leur expertise dans la pla­nification, le design, l’énergie renouve­lable et conventionnelle, l’électricité et les smart cities. Je suis sûr qu’ils vont nous être d’une grande aide. Nous allons coopé­rer avec tous ceux qui nous offrent leur aide, Egyptiens ou étrangers, avec, en tête, nos amis français.

Khaled Fahmi : La carte énergétique change à une grande vitesse en Egypte

Khaled Fahmi, ministre de l’Environnement.
Khaled Fahmi, ministre de l’Environnement.

Khaled Fahmi, ministre de l’Environnement.

« La Fabrique de la Ville durable » est un sujet d’une extrême importance. Le minis­tère de l’Environnement a une responsabilité très importante à assumer pour la concrétisation de ce projet, notamment en ce qui concerne les changements climatiques et la mise en oeuvre de l’Accord de Paris sur le cli­mat.

Le ministère de l’Environne­ment a commencé à changer de politique en essayant de remé­dier aux problèmes climatiques par une approche économique. Pendant de longues années, les écologistes et les économistes ont parlé deux langages différents. C’est pourquoi il n’y a jamais eu de consensus entre l’économie et l’environnement. Il est temps à présent que les écologistes parlent le même langage que les économistes pour qu’ils puissent faire com­prendre leur point de vue et influencer la prise de décisions. Nous avons par exemple eu recours à l’économie pour résoudre le problème du charbon de bois, en autorisant uniquement l’exportation du charbon vers des entreprises qui respectent les normes environnementales.

Nous avons agi de la même façon pour le problème des déchets, en adoptant un nou­veau système reposant sur la construction d’un secteur indus­triel basé sur le recyclage. C’est pourquoi la nouvelle loi sur l’investissement encourage les investissements dans le domaine de l’environnement. Le ministre de l’Environnement est sur le point de présenter au parlement une loi sur les déchets, rédigée selon une vision économique.

L’énergie vient en premier lieu dans notre coo­pération avec la France, et c’est également un élément indispensable pour le projet des villes durables. La carte énergétique change à une grande vitesse en Egypte. Nous entendons atteindre un taux de 20% d’énergie renouvelable d’ici 2020 et d’environ 35% en 2035. Nous pen­sons même pouvoir atteindre les 45%, vu l’évo­lution actuelle du prix de l'énergie.

Abdelmohsen Salama : Nous possédons aujourd’hui en Egypte une grande expérience dans le domaine du développement durable

Abdelmohsen Salama, PDG de la Fondation Al-Ahram et président du syndicat des Journalistes.
Abdelmohsen Salama, PDG de la Fondation Al-Ahram et président du syndicat des Journalistes.
Abdelmohsen Salama, PDG de la Fondation Al-Ahram et président du syndicat des Journalistes.

Le forum est un événement très spécial qui concrétise les relations étroites entre l’Egypte et la France. Al-Ahram Hebdo était, en fait, à l’origine de l’idée de ce Forum, qui marque le retour de la coopération égypto-française dans le domaine du développement urbain. La dernière visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi en France était très importante, porteuse de nombreux messages positifs. Sans aucun doute, les relations entre l’Egypte et la France ont toujours été bonnes. Mais on peut dire qu’elles ont gagné en intensité avec l’arrivée de l’actuel président français Emmanuel Macron. L’Egypte joue actuellement un rôle très important dans la région. Elle est le pays le plus stable dans une région ravagée par la violence et le terrorisme. Il est donc dans l’intérêt de la France de soutenir l’Egypte. Nous avons, lors du forum, abordé un autre volet de la coopération entre les deux pays, soit celui du développement durable et des villes qui devront réaliser ce genre de développement. Nous possédons aujourd’hui une grande expérience dans ce domaine en Egypte, notamment dans le cadre de la construction de la nouvelle capitale administrative. La France a sa propre expérience, plus longue. Il est donc important pour nous de profiter de cette expérience. Nous avons aujourd’hui parmi nous un grand ingénieur de la région du Moyen-Orient, Ibrahim Mahlab, qui a réalisé de grands succès non seulement dans le domaine du développement durable, mais aussi dans son rôle politique et exécutif. Nous nous réjouissons d’intensifier encore la coopération entre l’Egypte et la France dans tous les domaines d’intérêt commun.

Gérard Wolf : Notre objectif est de parvenir à des accords sur les domaines qui nécessitent des financements pour l’exécution des villes durables

Gérard Wolf, président de la Task Force Ville durable du Medef International.
Gérard Wolf, président de la Task Force Ville durable du Medef International.

Gérard Wolf, président de la Task Force Ville durable du Medef International.

« Le ministre de l’Environnement s’est bien exprimé sur un nombre de dossiers comme les propositions pour le recyclage des déchets solides. Le gouvernement égyptien est sur la bonne voie », a déclaré à l’Hebdo Gérard Wolf, président de la Task Force Ville durable du Medef International, pour résumer sa rencontre à huis clos avec le ministre de l’Environnement, Khaled Fahmi, et le général Ahmed Zaki Abdine, PDG du projet de la nouvelle capitale administrative, juste avant le coup d’envoi du Forum économique sur les villes durables. Il était question, lors de cette rencontre, de discuter les opportunités de collaboration avec le côté égyptien.

La mission de la Task Force Ville durable du Medef International que Gérard Wolf préside depuis 2014, et qui regroupe 510 entreprises françaises, est de répondre aux besoins des entreprises et des interlocuteurs dans les pays émergents et en développement.

« Notre objectif primordial est de parvenir à des accords avec le gouvernement égyptien sur les domaines qui nécessitent des financements pour l’exécution des projets des villes durables », a déclaré Wolf pendant le forum.

Wolf et sa délégation ont exprimé leur satisfaction suite à leur visite effectuée au projet de la nouvelle capitale administrative. « En un an, l’effort est considérable, même s’il faut régler certaines questions, entre autres celles relatives aux réseaux de transports et à la collecte des déchets solides et au recyclage d’ordures », renchérit-il.

La démarche opérationnelle de la Task Force a toujours incarné l’offre globale française sous le label d’un partenariat avec un panel d’interlocuteurs depuis les preneurs de décisions jusqu’à la plus petite échelle qui sont les habitants en vue de présenter les meilleures solutions.

Wolf a ainsi expliqué les mécanismes de travail du Medef. « Partout dans le monde, nous avons une politique très claire. Nous sommes porteurs de solutions à travers nos entreprises. Nous avons par définition trois types d’interlocuteurs. Les premiers sont les décideurs publics. Les deuxièmes sont les entreprises locales. Les troisièmes sont les habitants. Il faut comprendre les besoins des populations. Il faut qu’on soit clair sur la culture du pays sur les demandes des habitants. Cela nécessite une présence locale où nous établissons les clubs de la ville durable, dont un est déjà au Caire », a-t-il expliqué.

A l’heure d’une urbanisation accrue de l’Egypte, le dirigeant de la Task Force Ville durable du Medef a transmis le message d’une nécessité d’accélérer les solutions aux deux challenges inhérents à l’Egypte. « Le premier, quantitatif, avec le nombre d’habitants prévu à 130 millions en 2030, dont 65% de ce chiffre, soit 84 millions, habiteront des villes. Le second est qualitatif, lié à l’amélioration des conditions de vie dans les nouvelles métropoles, mais également dans les zones informelles qui doivent sortir de la pauvreté ».

Yehia Shankir : Le gouvernement doit se baser sur la combinaison des énergies renouvelables et thermique

Yehia Shankir, directeur des énergies renouvelables auprès d
Yehia Shankir, directeur des énergies renouvelables auprès d'Elsewedy Electric.

Yehia Shankir, directeur des énergies renouvelables auprès d'Elsewedy Electric.

« Aujourd’hui, on ne peut se contenter ni de l’énergie renouvelable seule ni de l’éner­gie thermique seule. Il faut une combinaison entre les deux. La stratégie gouvernementale doit se baser sur cette combinai­son ». Le gouvernement a réa­lisé l’importance de cette ques­tion car tout simplement, on ne peut pas générer d’énergie pour une cité ou un pays en se basant seulement sur l’énergie éolienne ou solaire, ainsi qu’on ne peut dépendre de l’énergie thermique à elle seule. Dans ce contexte, Elsewedy est le leader des solutions énergétiques en Egypte et au Moyen-Orient. Notre entreprise a des acquis dans ce domaine depuis deux ans. Le groupe a réalisé l’im­portance de l’infrastructure dans le domaine de l’énergie électrique. C’est pourquoi nous avons consacré un secteur spé­cifique pour les projets des énergies renouvelables et ther­miques. Le groupe possède actuellement deux grands pro­jets: le premier est un projet d’énergie solaire et le deuxième en construction pour la produc­tion de 500 mégawatts d’éner­gie éolienne. De même, nous avons la fierté d’avoir deux grands projets à Ataqa et à Mahmoudiya pour la produc­tion de 980 mégawatts d’éner­gie combinée chacun. Parmi nos projets les plus importants, celui de la création du plus grand parc solaire dans le monde situé à Béni-Souef qui, également, va opérer avec des cycles combinés produisant 4 800 mégawatts d’énergie. J’ai cité ces exemples pour dire que l’énergie renouvelable a ses règles et l’énergie thermale aussi. Lorsque nous aurons besoin de générer une énergie en temps d’urgence, nous allons choisir l’énergie thermique parce qu’elle est plus rapide.

La semaine intitulée « La Fabrique de la Ville durable », co-organisée par l’ambassade de France et des partenaires égyptiens dont Al-Ahram Hebdo, s’est tenue au Caire du 22 au 28 novembre. Elle a réuni des membres du gouvernement égyptien, des représentants d’entités gouvernemen­tales françaises, des représentants d’institutions internationales et d’ONG, ainsi que des investis­seurs égyptiens et français. La semaine s’est axée autour de plusieus forums: Forum de l’AFD sur la mobilité urbaine, organisé le 22 novembre par l’AFD en partenariat avec le ministère du Transport, et Forum économique de la Ville durable, tenu dans les locaux de la Fondation Al-Ahram le 23 novembre. Les journées du 25 au 27 novembre, organisées par l’Institut français, ont été consacrées aux thématiques relatives aux multiples défis de gouvernance urbaine dans un monde en pleine urbanisation. La semaine a été clôturée par un forum organisé par l'AFD sur le thème des zones précaires. Tour d’horizon.

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