Ibrahim Mahlab, conseiller du président pour les projets nationaux et stratégiques. (Photo : Medhat Abdel-Méguid)
Al-Ahram Hebdo : Quelle place occupe le développement des villes dans les plans de l’Etat ?
Ibrahim Mahlab : Les projets urbains sont au centre des plans de développement. Avec l’explosion démographique, des solutions inédites sont à inventer. L’Egypte dispose d’importantes ressources naturelles et humaines. Nous avons la volonté d’offrir aux citoyens des services de haute qualité. Le plan de l’Etat pour 2030 présente une vision claire et des objectifs de développement durable. Nous avons étudié les ressources naturelles de chaque gouvernorat et les projets de développement qui lui conviennent. Chaque étape va nous mener à la suivante. Le passage au développement durable est une nécessité, il exigera l’adoption de nouvelles politiques de développement urbain, la révision des plans de développement économique, l’industrialisation, le système de transport, les logements, une meilleure maîtrise de la consommation en énergie et surtout une meilleure gestion des ressources naturelles. Face à la croissance constante des habitants des villes et la migration vers les centres urbains, il est urgent de réfléchir sur l’avenir des villes, ces lieux qui accueillent la majorité de la population, ce sont les endroits où se créent les richesses, mais aussi la principale source de pollution. Le monde est en train de s’urbaniser rapidement, il faut donc trouver des solutions innovantes aux besoins des citadins, tout en explorant de nouvelles possibilités pour une qualité de vie verte et durable.
— L’Egypte a lancé une série de mégaprojets ces dernières années. Comment ces projets sont-ils censés améliorer la qualité de vie des citoyens ?
— Ces mégaprojets vont changer l’aspect de la vie urbaine en Egypte, vont encourager les investissements, favoriser la croissance économique, créer des offres d’emploi, diversifier les exportations et contribuer à réduire la densité de la population dans la vallée du Nil et le Delta. Il suffit de revoir les projets géants qui ont été lancés dernièrement et ceux en cours pour constater que les mégaprojets sont la solution et l’issue. L’élargissement du Canal de Suez a donné lieu à d’autres projets. Il y a aussi la création d’une nouvelle capitale et de nouveaux centres urbains tels qu’Al-Alamein et Al-Galala, la construction de centaines de ponts, dont 260 ont été achevés en trois ans seulement. Sans oublier le développement du réseau routier, 7 000 km de routes ont été aménagés afin de relier la capitale avec toutes les autres villes. Le développement du port maritime d’Hurghada, de la ville de Damiette et les investissements dans le secteur de l’énergie sont parmi les plus grands au monde. L’Egypte continue à investir massivement dans le domaine des énergies. De vastes projets sont prévus dans une volonté d’avancer sur le volet de l’efficacité énergétique, surtout en ce qui concerne l’énergie renouvelable. La construction d’une station d’énergie éolienne est prévue à Minya, un projet géant d’énergie solaire sera créé à Assouan afin de produire 2 000 MW d’électricité. Un autre projet est prévu dans la région appelée la Pyramide d’or située en Haute-Egypte et qui vise à explorer les richesses en or, magnésium et selica. Et ce, sans compter les projets d’exportation de marbre et d’exploitation des eaux usées. Bref, ces projets en lancement et à grande échelle constituent l’ère des mégaprojets en Egypte, ces projets urbains révolutionnent les villes, attirent de nouvelles activités économiques et encouragent les investissements.
— Quel intérêt accordent les autorités égyptiennes au développement respectueux de l’environnement et à l’idée de construire des villes durables ?
— Ces projets incarnent l’opportunité d’une relance à la fois économique et écologique. Le concept des smart cities est encore nouveau en Egypte. Des zones où la technologie et le respect de l’environnement sont au coeur de l’infrastructure. Aménager les villes, c’est mieux gérer les sources naturelles. Le passage vers le durable sera tout un processus. Introduire dans les projets et les études de nouvelles dimensions liées au « durable » est un enjeu-clé de l’avenir. La nouvelle capitale en est un exemple. Sur le plan des infrastructures, ses sources d’énergie renouvelable, ses bâtiments avec panneaux solaires, ses transports non polluants et son train qui fonctionne avec l’électricité, cela va certainement diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le programme du gouvernement vise à promouvoir le développement de l’électricité d’origine renouvelable, à augmenter la part de cette énergie à 20 % et à suivre une gestion plus efficace de l’eau et des espaces verts. Notre but est de créer des villes modernes, autonomes en énergie, respectueuses de l’environnement et qui auront une dimension universelle. La vie humaine est de plus en plus une vie urbaine, la ville est donc l’expérience qui incarne cet esprit et cette nouvelle vision.
— Quels sont les défis majeurs que vous devez relever ?
L'élargissement du Canal de Suez, inauguré en 2015, a donné lieu à de nombreux autres projets. (Photo : Reuters)
— Il a fallu prendre une série de décisions importantes pour que ces grands projets puissent voir le jour. Nous avons dû revoir toutes les législations, afin de créer un environnement attractif pour les investissements locaux et étrangers, encourager l’épargne, réduire le taux d’inflation et regagner la confiance des investisseurs. L’adoption récemment du statut exécutif de la loi d’investissement va faciliter les procédures et mettre fin à la bureaucratie. Nous n’épargnerons aucun effort pour achever ces projets. Nos rêves sont sans limites et nous croyons en nos capacités et au droit de nos citoyens à une vie meilleure.
L’Egypte, coeur commercial de l’Afrique et du monde arabe, ne manque pas de potentiel. Un marché en croissance et un positionnement régional forment des atouts importants. Quant aux défis, ils ne nous inquiètent guère, nous avons la recette et nous sommes à la hauteur pour les surmonter. Pour nous, rien n’est impossible et rien ne va nous empêcher d’aboutir à notre objectif.
— Quelles seront les sources de financement de ces projets de développement ?
— Ces projets ne cessent d’attirer les investisseurs locaux et internationaux. Le secteur privé est également très intéressé par la création des villes nouvelles. L’Egypte est un marché prometteur et nombreux sont les pays qui proposent de financer des projets d’infrastructure et d’industrie. L’immobilier est un secteur qui bénéficie d’un épanouissement remarquable et qui attire les investisseurs et exportateurs de matériaux de construction. Ces géants projets nécessitent des critères plus hauts en matière de construction et de durabilité. Nous avons signé des protocoles avec des investisseurs étrangers dans le secteur de l’énergie. Les opportunités d’investissement en Egypte sont multiples. Nous sommes ouverts à tout échange et toute coopération, et nous accueillons à bras ouverts nos partenaires européens qui, eux, possèdent le savoir-faire dans le domaine des villes durables. Le moment est favorable pour l’intervention de l’expertise étrangère dans ces villes nouvelles en expansion. Nous sommes conscients que l’avenir de l’Egypte réside dans de nouveaux projets d’aménagement du territoire. L’important, c’est de créer des villes agréables pour y vivre.
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