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Dernier mot : L’indépendance de l’intellectuel

Jeudi, 02 février 2023

J’ai été invité par le Centre du Cheikh Ibrahim bin Mohammed Al Khalifa pour la culture et la recherche afin de donner une conférence sur le thème de l’indépendance de l’intellectuel.

J’éprouve une grande estime pour ce centre en tant que tribune importante de la culture dans le monde arabe. Cette invitation survenait dans le cadre de la célébration du 21e anniversaire de la création du centre. Le jour de la conférence, j’ai découvert une large présence bahreïnie et arabe avec la présence de l’ambassadeur de l’Egypte à Bahreïn, Yasser Chaabane, ainsi que d’intellectuels et écrivains de l’Iraq, de la Palestine, de l’Egypte et de la Tunisie, en plus de nombreux étrangers arabophones. Le thème de l’indépendance de l’intellectuel arabe aborde inéluctablement la relation entre l’intellectuel et le pouvoir, une relation problématique dans notre monde arabe, due à la rareté des régimes politiques valorisant le rôle de l’intellectuel et cherchant à établir une relation dialogique avec lui qui profite à la société et qui guide les gouvernements. Malheureusement, cette situation pousse souvent l’intellectuel à l’extrémisme dans son opposition au régime au pouvoir comme un moyen facile d’affirmer son indépendance, alors que la véritable indépendance n’implique pas forcément l’opposition systématique au régime politique. L’indépendance de l’intellectuel peut tout à fait se situer entre l’opposition et la dépendance. Les exemples de cette relation constructive sont nombreux, comme la relation entre le président français Charles de Gaulle et l’écrivain de renom André Malraux ou entre le chancelier allemand Willy Brandt et le lauréat du prix Nobel Günter Grass. Mais dans notre monde arabe, les exemples sont moins nombreux, le plus important étant la relation entre Gamal Abdel-Nasser et le grand journaliste Mohamad Hassanein Heikal. Cependant, l’indépendance de l’intellectuel ne doit pas se limiter à son rapport avec le pouvoir, mais doit s’étendre à la capacité de l’intellectuel de rapporter les problèmes sociétaux loin des influences prédominantes qui posent souvent des pressions. Il s’agit de la capacité de l’intellectuel de faire face à l’extrémisme religieux qui peut être dominant ou de la capacité d’adopter une position contre la normalisation avec un Etat occupant et raciste malgré tous les accords qu’il a signés avec son gouvernement. C’est ainsi que l’intellectuel représente la conscience vivante de son peuple et devient un modèle national à suivre.

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