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Dernier Mot : L’histoire du canon

Mercredi, 06 avril 2022

 Le madfae du Ramadan (coup de canon qui annonce la fin d’une journée de jeûne) a toujours été, dans la mémoire collective des Egyptiens, l’un des symboles les plus importants qui caractérisent le mois sacré. Depuis des décennies, ils attendent le coup de canon pour interrompre leur jeûne. La radio, et plus tard la télévision, transmettaient en direct et quotidiennement ce rite de la Citadelle. Les récits populaires autour de cette tradition et ses débuts sont multiples. Le plus célèbre est celui qui la renvoie à l’époque mamelouke, précisément en 1467, lorsque l’un des sultans d’Egypte, Khashkadam, a essayé d’utiliser un canon qu’il avait reçu en cadeau en le plaçant au sommet de l’arène de la Citadelle de Salaheddine et ceci avait coïncidé avec le début du mois du Ramadan. A l’approche de l’heure de la rupture du jeûne, le sultan est sorti dans l’arène de la Citadelle et a donné l’ordre de tirer au canon en sa présence. Tous les habitants du Caire ont entendu le tir et ont cru que le sultan leur signalait la fin de la journée du jeûne. On raconte que des dignitaires religieux de la ville se sont rendus auprès du sultan pour le remercier de ce geste.

Plus tard, on a utilisé le même canon pour annoncer l’heure de l’imsak (début du jeûne) après le repas du sohour. Un autre récit raconte que l’usage du canon pendant le Ramadan a commencé en 1895 à l’époque de Mohamad Ali, qui avait placé un certain nombre de canons à la Citadelle. Un tir avait alors coïncidé avec le coucher du soleil. Quant à la troisième histoire, elle raconte que le premier tir de canon est parti par erreur à l’époque du khédive Ismaïl lorsque les soldats faisaient la maintenance périodique des canons à la Citadelle. Fatma, la fille du khédive, avait alors demandé à son père d’émettre un décret en faveur du tir du canon tout au long du mois sacré. Ainsi, il fut baptisé « le canon de hadja Fatma ». Le canon s’est tu à deux reprises pendant les deux Guerres mondiales et s’est arrêté totalement à l’ère Moubarak pour des raisons inconnues. Il a été déposé au Musée de la police et a été dévoré par la rouille. Il est cependant réapparu au Ramadan dernier après un arrêt de 30 ans. Cette tradition a commencé donc en Egypte et a été copiée au Levant, en Iraq, au Maghreb arabe et dans d’autres pays musulmans. Aujourd’hui, on retrouve des canons similaires à Alexandrie, à Louqsor, à Assouan et à Ismaïliya.

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