Dimanche, 06 octobre 2024
Opinion > Dernier Mot >

DERNIER MOT : Comment la guerre finira-t-elle ?

Mercredi, 16 mars 2022

On dit souvent qu’il est facile de commencer une guerre mais difficile de l’arrêter. Les guerres ne se terminent jamais lorsqu’une partie prend le dessus sur l’autre. Car la victoire écrasante est l’affirmation du déclenchement d’un nouveau combat de la part du vaincu pour réagir à la défaite, qu’il ne peut en aucun cas accepter quels que soient les documents de capitulation qu’il avait signés. C’est ce qui s’est passé avec la Seconde Guerre mondiale qui n’aurait pas été déclenchée sans la défaite infligée à l’Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale. Cette défaite a engendré par la suite une volonté de vengeance et le sentiment extrémiste de suprématie allemande dont les retombées ont donné lieu à la Seconde Guerre mondiale. Dans notre histoire militaire égyptienne, on découvre que la défaite de 1967 a poussé la partie vaincue à déclencher la guerre de 1973. Selon la théorie de Henry Kissinger sur le règlement des litiges, les guerres ne finissent que lorsque les belligérants parviennent à une situation selon laquelle chacune des deux parties s’estime avoir accompli une victoire sur l’autre.

En d’autres termes, il faut que la victoire et la défaite se trouvent sur un pied d’égalité pour les deux côtés. Kissinger était intervenu dans la guerre égypto-israélienne en 1973 lorsqu’il était secrétaire d’Etat américain au temps de la défaite d’Israël. Son pays s’est alors empressé d’établir un pont aérien qui a permis à Israël de résister face à l’offensive égyptienne. Lorsqu’Israël a ouvert une brèche dans les lignes de l’armée égyptienne, Kissinger a saisi l’occasion et a oeuvré pour un cessez-le-feu qui était une option consensuelle pour les parties concernées. La partie israélienne avait connu une défaite alors que le président égyptien avait annoncé qu’il n’allait pas faire la guerre aux Etats-Unis. A l’heure où Washington avait pris le dessus sur les deux belligérants afin de parvenir à un compromis.

Si nous essayons d’appliquer cette théorie sur la guerre qui fait rage entre la Russie et l’Ukraine, est-il possible que la guerre se termine par la victoire russe et la soumission totale de l’Ukraine ? Est-il possible que Moscou annonce sa défaite laissant l’Ukraine se rallier à la coalition militaire occidentale qui lui est hostile ? Sans doute, les deux scénarios ne sont pas réalisables. Ce qui veut dire que la guerre actuelle n’est pas sur le point de s’arrêter si les deux belligérants ne parviennent pas à un compromis, qui garantirait à la Russie que l’Ukraine ne se joindra pas à l’Otan et qui garantirait aussi à l’Occident que la Russie n’annexera pas l’Ukraine ; comme ce fut le cas avec la Crimée.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique