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Pourquoi une force arabe commune ?

Al-Ahram Hebdo, Lundi, 30 mars 2015

Réunis à Charm Al-Cheikh pour leur sommet annuel, les pays arabes se sont focalisés sur le projet de création d’une force arabe commune, en vue de lutter contre les groupes terroristes. L’idée, proposée par l’Egypte, était déjà en discussion dans les coulisses depuis plusieurs semaines. Lors de son allocution devant le sommet, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a rappelé l’importance de la lutte contre le terrorisme. « Cette nation, même dans les moments les plus sombres, n’a jamais fait face à une telle menace à son existence et à son identité. Le terrorisme cherche à porter atteinte aux relations entre les Etats et les peuples, à déchirer la texture de la société et à diviser les citoyens d’un même pays, de même qu’à exclure certains d’entre eux sur la base de la religion, de la doctrine et de l’ethnie », a déclaré le président Sissi.

Mais pourquoi ce projet de force arabe commune ? L’Egypte et d’autres pays arabes, notamment la Jordanie et les pays du Golfe, s’inquiètent fortement de l’avènement des groupes islamistes radicaux qu’ils perçoivent comme une menace à la stabilité de la région. L’ascension du groupe de l’Etat Islamique (EI) en Iraq et en Syrie est déjà une source de préoccupation majeure pour ces pays. Le groupe, qui a connu dernièrement une progression fulgurante en s’accaparant en l’espace de quelques mois les deux tiers de l’Iraq et le tiers de la Syrie, opère dans le Sinaï où des groupes djihadistes égyptiens lui ont prêté allégeance. Il représente désormais une menace directe tant pour l’Egypte que pour la Jordanie. L’extension des activités de l’EI en Libye et le chaos qui sévit dans ce pays se posent comme un nouveau défi pour Le Caire, qui veut assurer la sécurité de ses frontières ouest. Les militants de l’EI contrôlent certaines villes libyennes d’où ils posent une menace pour l’Egypte. Or, sans soutien, l’armée libyenne légitime ne peut pas vaincre l’EI. Après la décapitation, en février dernier, de 21 chrétiens dont une majorité d’Egyptiens par l’EI en Libye, l’Egypte avait réclamé une intervention internationale contre le terrorisme en Libye et une levée de l’embargo international sur les armes imposé à ce pays, afin de permettre à l’armée libyenne d’être mieux préparée face aux groupes extrémistes. Mais ses efforts et ceux d’autres pays arabes se sont heurtés à la réticence des puissances occidentales. Face à cet immobilisme de l’Occident, l’Egypte n’avait d’autre solution que de se tourner vers ses alliés arabes. Car les pays du Golfe sont eux aussi confrontés au péril terroriste représenté par l’EI et qui menace leurs frontières nord. D’où ce projet de créer une force arabe commune pour éliminer le danger du terrorisme. Le projet émane de la conviction du Caire et des autres pays arabes que la lutte contre les groupes et les milices radicaux exige une stratégie à l’échelle régionale. En effet, le terrorisme est devenu un phénomène transnational, avec une idéologie supra-étatique qui dépasse les limites des frontières géographiques, ce qui exige une action commune. Il reste cependant à définir le mode de fonctionnement de cette force dont le noyau serait l’Egypte et l’Arabie saoudite .

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