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Une force arabe conjointe

Lundi, 30 mars 2015

Pour la première fois dans l’histoire de l’action arabe conjointe entamée dans les années 1950, les Arabes décident de créer une force conjointe pour l’intervention rapide, afin d’affronter les sources de danger qui menacent la sécurité arabe. Les événements au Yémen ont poussé l’Arabie saoudite, quelques pays du Conseil de coopération du Golfe, le Maroc et la Jordanie à réfléchir sérieusement à former cette force. Cela outre de nombreuses autres causes qui justifient la formation de cette force, comme la situation en Libye.

Les superpuissances et les forces régionales possèdent en général des forces d’intervention, dont la principale mission est de faire face aux états d’urgence dont la persistance peut porter atteinte à la sécurité nationale du pays. Les sources de danger ou de menace peuvent être internes ou externes. L’envoi de forces à l’extérieur des frontières a généralement de grands objectifs comme l’invasion, l’occupation, la domination des ressources vitales, le changement de régime, l’aide d’une certaine partie pour prendre la situation en main, ou l’aide du système au pouvoir pour imposer sa domination et rester au pouvoir. Citons à titre d’exemple l’intervention soviétique en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) et en Afghanistan (1979), l’invasion américaine de l’Afghanistan (2001) et de l’Iraq (2003). Quand aux forces d’intervention rapide, leur mission est déterminée et limitée. Elle ne s’élève pas aux exemples précédents. Elle peut consister à sauver des otages ou à frapper préventivement des groupes armés qui préparent une attaque ou une offensive contre l’Etat. Ce sont des actes légitimes qui entrent dans le cadre du droit à l’autodéfense.

Nous avons témoigné, lors du défilé militaire présenté par les forces armées égyptiennes en commémoration de la victoire du 6 Octobre, d'un modèle de ces forces récemment formées. Le président Al-Sissi l’a d’ailleurs présenté comme étant l’une des unités les plus récentes capables d’accomplir des missions à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. A mon avis, la mission de ces forces à l’intérieur est d’intervenir rapidement pour affronter tous incidents urgents provenant d’opérations criminelles commises par des groupuscules terroristes ou pour faire face aux catastrophes naturelles et humaines. A l’étranger, la mission de ces forces peut consister à prévenir un acte terroriste contre le pays ou sa sécurité nationale.

Dans le contexte régional, il existe des dizaines de sources de menaces pour notre sécurité nationale. A l’ouest, la Libye est sur le point de s’effondrer. Il y prolifère des groupuscules armés dont certains sont des fanatiques qui adoptent des idées fondamentalistes comme celles de Sayed Qotb, d’Al-Qaëda, de Daech ou du front d’Al-Nosra. Ces groupuscules abritent des extrémistes égyptiens dont certains ont été envoyés par la confrérie des Frères musulmans pour recevoir un entraînement sous le nom de l’armée libre de l’Egypte, à l’instar de l’armée libre de la Syrie qui combat le régime de Bachar Al-Assad. D’autres ont fui le pays après la révolution du 30 juin 2013 dans une tentative de se regrouper là-bas et de lancer des attaques terroristes contre l’Egypte, comme l’attaque perpétrée à Farafra contre les forces des gardes-frontières. Par conséquent, la sécurité nationale de l’Egypte implique la formation de forces d’intervention rapide capables d’agir d’urgence contre ces groupuscules avant qu’ils ne lancent leurs attaques. Au nord-est, dans la bande de Gaza, se répandent des groupuscules fondamentalistes comme le Hamas, qui est une filiale de la confrérie des Frères musulmans qui a déjà lancé des attaques terroristes contre nos soldats à Rafah, grâce à des éléments qui se sont infiltrés à partir de la bande de Gaza. Ces groupuscules ont également fait une démonstration de force sur nos frontières après la chute du pouvoir du guide spirituel et de la confrérie. De plus, ils ne cachent pas leur hostilité envers l’Egypte et son peuple. Par conséquent, l’existence d’une force égyptienne d’intervention rapide est une chose extrêmement importante pour faire face à toute situation urgente provenant du nord-est. Avec la montée des événements au Yémen, les pays arabes, avec en tête l’Arabie saoudite, ont commencé à agir. Ils ont commencé à accepter l’idée de la formation d’une force arabe conjointe pour faire face aux différentes sources de menace. La tempête décisive contre les Houthis représente le fondement pratique de la force arabe conjointe. Le sommet arabe de Charm Al-Cheikh est venu cristalliser l’idée, pour la transformer en un projet pratique et former une force arabe conjointe à partir du Conseil de coopération du Golfe, de l’Egypte, du Maroc et de la Jordanie. Un fait qui changera profondément les règles du jeu dans la région arabe.

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