Un journaliste russe m’a dit : « D’aucuns répètent que rien n’a changé, c’est comme si la révolution n’avait jamais eu lieu ». J’ai rétorqué que tout a changé, bien que la révolution n’ait pas encore réalisé tous ses objectifs. Le pouvoir tyrannique qui prévalait avant la révolution, qu’il soit incarné par le régime de Moubarak ou celui des Frères, n’est plus. Nous avons un régime qui a été élu aux termes d’élections intègres et à une majorité absolue. Le peuple qui était considéré comme une masse ignorée est aujourd’hui devenu un facteur effectif et incontournable de l’équation politique nationale. La Constitution qui a permis à Moubarak de rester à la tête du pouvoir pendant 30 ans n’existe plus, ainsi que la Constitution de l’Etat islamiste établi par les Frères musulmans. Nous avons maintenant l’une des Constitutions arabes les plus avancées, même si les législations nécessaires à son exécution sont dans l’attente du Parlement. Les Egyptiens répètent que la peur, qui était le mot d’ordre en Egypte, n’est plus ... non pas seulement grâce à la chute de la dictature de Moubarak, mais également grâce à celle du pouvoir tyrannique des Frères.
Tout ceci pour prouver que le peuple est sorti de la soumission dans laquelle il vivait depuis longtemps et qu’il est prêt à se rebeller contre n’importe quel autre tyran.
Les jeunes ont été marginalisés pendant de longues décennies et les postes à responsabilité sont restés l’apanage des sexagénaires. Aujourd’hui, dans l’actuel régime, c’est cette jeunesse qui se trouve à l’avant-garde. Il suffit de regarder le dernier mouvement de nomination des gouverneurs. Il reflète cette tendance à mettre au-devant de la scène ces jeunes figures prometteuses.
Si nous portons un regard sur la politique étrangère, nous réaliserons que le changement majeur introduit par la révolution et qui est représenté par la visite de Vladimir Poutine exprime une nouvelle vision de la politique de l’Egypte de la révolution. Ces relations apportent le rééquilibre prôné dans nos relations étrangères après de longues décennies de préférence pour les Etats-Unis et l’Occident en général. Ces relations limitaient l’action politique de l’Egypte qui est aujourd’hui plus libérée au niveau de ses mouvements sur la scène internationale.
Un autre changement radical est intervenu au niveau de la politique arabe de l’Egypte et qui a fait d’elle aujourd’hui le principal combattant du terrorisme qui vise les pays arabes. Le soutien arabe de l’Egypte ces derniers temps n’est que la confirmation de la réalisation des pays arabes de l’importance de ce rôle.
Après tout cela, peut-on dire que rien n’a changé? La route reste toutefois encore longue avant de réaliser les objectifs de la révolution. Mais elle doit être juste.
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