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Ce n'était pas une visite cordiale

Lundi, 09 février 2015

La visite d’une délégation des Frères musulmans au secrétariat d’Etat américain n’était nullement une visite cordiale, comme l’a prétendu le porte-parole du secrétariat d’Etat. Parmi les dossiers les plus importants, figurait celui des droits de l’homme. La délégation a présenté aux Américains plusieurs rapports prétendant que les opposants islamistes, les athées et les homosexuels étaient emprisonnés, assassinés et violés en Egypte. Il y avait aussi un dossier relatif à la justice accu­sant la justice égyptienne de corrup­tion. La délégation a prétendu que la justice égyptienne est politisée, qu’elle n’était pas indépendante et qu’elle a été utilisée pour émettre des verdicts de prison et de peine de mort à l’encontre des islamistes et pour innocenter les figures de proue du régime de Moubarak.

Le dossier le plus dangereux concerne les Frères musulmans eux-mêmes. Il comprenait des informations internationales sur le fait que les Frères soient un organisme politique légitime dont les membres ont été constitution­nellement élus. C’est pourquoi ils sont toujours les représentants légitimes du peuple et que les différentes factions de l’opposition sont ralliées à eux avec à leur tête les jeunes et les nombreuses organisations non gouvernementales.

En s’appuyant sur toutes ces informa­tions erronées, la délégation des Frères musulmans a présenté une initiative intitulée « Pour le retour de la démocra­tie en Egypte ». Selon cette initiative, Mohamad Morsi, en sa qualité de prési­dent légitime du pays, reviendrait au pouvoir pour compléter son mandat, puis intervient une période transitoire de sept ans durant laquelle les institutions de l’Etat seraient restructurées afin d’imposer la souveraineté du peuple sur les institutions gouvernementales, sécu­ritaires et militaires. C’est ainsi que selon l’initiative, le ministre de la Défense deviendrait un civil et que les postes militaires ne dépasseraient pas celui de chef d’état-major de l’armée, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens. L’initiative revendique ainsi la suspension des aides militaires présentées à l’Egypte jusqu’à la réalisa­tion de ces demandes.

Dans ce contexte, de nombreuses questions s’imposent: Pourquoi les Frères musulmans n’ont-ils pas mis en application ces idées ingénieuses durant leur pouvoir qui a duré toute une année? Pourquoi n’ont-ils pas oeuvré à imposer la souveraineté du peuple sur les institutions de l’Etat au lieu de la politique d’accaparement du pouvoir qu’ils ont suivie? Pourquoi Morsi n’a-t-il pas nommé un civil au poste de ministre de la Défense à la place de celui qu’il a limogé? Cette initiative bête perd sa crédibilité du simple fait qu’elle émane de ceux qui pouvaient l’appliquer, mais qui ne l’ont pas fait. Elle prouve ainsi que la visite de cette délégation des Frères musulmans au secrétariat d’Etat américain n’était pas cordiale .

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