Le quatrième anniversaire de la révolution du 25 janvier intervient dans une vive division autour de la nature même de cet événement et de ses répercussions. Un courant estime que le 25 janvier était une véritable révolution contre un régime despote, une élite avariée et corrompue. Au sein de ce courant, un clan estime que le 30 juin était un coup d’Etat militaire ou un renversement de la révolution. Un autre estime que le 30 juin représentait le retour de l’ancien régime de Moubarak, alors qu’un troisième clan voit qu’il s’agissait d’une seconde vague révolutionnaire qui a corrigé le déséquilibre survenu après la révolution lorsque les directions du Conseil militaire des forces armées se sont impliquées avec la confrérie des Frères musulmans pour lui permettre d’accéder au pouvoir.
En contrepartie, un autre courant estime que le 30 juin représente la véritable révolution du peuple égyptien possédant différentes visions du 25 janvier. Un clan considère le 25 janvier comme un complot tissé par la confrérie et son organisation internationale en coordination avec la Turquie et l’Administration américaine afin de renverser le régime au pouvoir dans l’objectif de démanteler l’Etat égyptien, conformément à la vision américaine du nouveau Moyen-Orient. Pour ce clan, le 30 juin représente donc la véritable révolution du peuple égyptien pour retrouver le pays et anéantir le complot de la division et du démantèlement. Un autre clan considère le 25 janvier comme une véritable protestation populaire qui réclame pain, liberté, dignité et justice sociale. Une protestation qui s’est transformée sous l’effet de l’indifférence et de la vieillesse du régime en une véritable révolution populaire. Mais sous l’énorme poids des complots internes et externes, la révolution a été usurpée par l’organisation internationale des Frères musulmans qui était sur le point de détruire toutes les institutions de l’Etat et d’anéantir l’identité nationale égyptienne. Par conséquent, le 30 juin était une véritable révolution populaire. Cependant, les partisans de ce clan ne sont pas arrivés à qualifier le 25 janvier 2011 de complot.
Il est certain que le 25 janvier était une véritable révolution populaire. Il s’agit de la révolution d’un peuple qui a brisé les barrières de la peur, qui a protesté contre un régime despote qui l’a humilié, assujetti et appauvri. Le peuple a réclamé la chute de ce régime et le 25 janvier a réussi à briser les barrières de la peur, à faire renaître l’espoir chez les Egyptiens. Il a réintroduit la politique dans la rue égyptienne et dans tous les foyers après des années de stérilité et de gel. La femme est réapparue dans la vie politique. Il est certain aussi que le 30 juin était une véritable révolution populaire grâce à laquelle le peuple est parvenu à arracher le pays des mains de l’organisation internationale des Frères musulmans.
Sans le 25 janvier, il n’y aurait pas eu de 30 juin. Le 25 janvier représente le fondement sur lequel s’est bâti le 30 juin.
Alors que nous célébrons le quatrième anniversaire de la révolution du 25 janvier, nous devons la considérer comme le point de départ de la révolution du peuple pour le pain, la liberté, la dignité et la justice sociale. Il est vrai que la révolution a été usurpée et que le peuple a vécu une période difficile sous le pouvoir de la confrérie. Mais il est vrai aussi que les jeunes et les forces politiques civiles en sont responsables. Ils étaient préoccupés par des querelles politiques essentiellement personnelles, et ont laissé la confrérie comploter avec les militaires au pouvoir. C’est ainsi que la confrérie a réussi à gagner les voix des pauvres dans la province égyptienne et à accéder au pouvoir. Le 25 janvier n’est nullement responsable de l’échec des jeunes et des forces politiques civiles. Alors, il faut comprendre la leçon. Les choses ne peuvent revenir en arrière. Ni les hommes de Moubarak ni les partisans de la confrérie ne peuvent revenir au pouvoir. Le peuple s’est révolté contre le premier clan le 25 janvier puis contre le second le 30 juin.
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