En signant cette semaine une demande officielle d’adhésion à la Cour Pénale Internationale (CPI), le président palestinien, Mahmoud Abbas, aura abattu l’une de ses dernières cartes dans le conflit qui l’oppose à Israël. La décision palestinienne fait suite à l’échec, la semaine dernière, d’un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’Onu, réclamant la fin de l’occupation israélienne. Le projet, présenté par la Jordanie, n’a pas recueilli le nombre de voix requises et a donc été rejeté.
Exaspérés par l’échec du processus de paix parrainé par les Américains et excédés par les tergiversations continues du gouvernement israélien, les Palestiniens ont tiré les conséquences de deux décennies de longues négociations infructueuses avec les Israéliens. Ils optent aujourd’hui pour une nouvelle stratégie : internationaliser leur conflit avec les Israéliens et sortir du cercle restreint du parrainage américain. La démarche palestinienne va sans doute raviver les tensions entre l’Autorité palestinienne, Israël et les Etats-Unis. Et on peut d’ores et déjà s’attendre à une accélération de la colonisation dans les territoires occupés en guise de représailles israéliennes. Israël vient d’ailleurs de geler le transfert de 106 millions d’euros de taxes collectées pour le compte de l’Autorité palestinienne. Les Etats-Unis, eux, opposés à toute démarche unilatérale des Palestiniens qui « alourdirait le climat avec Israël » et « ne ferait rien pour les aspirations du peuple palestinien à accéder à un Etat souverain et indépendant », pourraient aussi hausser le ton contre l’Autorité palestinienne.
Mais les Palestiniens avaient-ils vraiment le choix ? La dernière initiative du secrétaire d’Etat, John Kerry, pour relancer le processus de paix, lancé en juillet 2013, s’est soldée par un échec. Et les Américains ont été incapables de faire pression sur leur allié israélien pour l’amener à mettre fin à la colonisation. Celle-ci s’est poursuivie à un rythme effréné.
En adhérant à la Cour pénale internationale, les Palestiniens espèrent poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre. La CPI qui siège à La Haye a pour mission de poursuivre les auteurs de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Les Palestiniens savent que l’opinion publique internationale leur est favorable, surtout en Europe, et sont confiants qu’ils peuvent faire condamner Israël pour crimes de guerre. Grâce à son statut d’Etat observateur à l’Onu obtenu en 2012, la Palestine peut devenir membre de la CPI en l’espace de deux mois. Les Palestiniens affirment que les pratiques israéliennes pendant la guerre sur Gaza, qui avait fait 2 100 morts en juillet dernier, s’apparentent à des crimes de guerre. Et ils entendent bien faire valoir leurs droits .
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