Le président de la République a ratifié la loi du découpage électoral en prévision des prochaines élections parlementaires. Avec cette loi nous avançons vers la dernière étape de la feuille de route, relative à l’édification des institutions de l’Etat. Cette démarche importante aidera beaucoup l’Egypte sur les deux plans intérieur et extérieur. D’abord sur le plan intérieur, le nouveau Parlement assumera son rôle naturel de pouvoir législatif et sera également chargé de la formation du nouveau gouvernement en coopération avec le président de la République. Dans un délai de 15 jours, il lui faudra réviser toutes les lois qui ont été promulguées par le pouvoir exécutif depuis la dissolution de l’ancien Parlement. Sur le plan extérieur, l’élection du nouveau Parlement mettra un terme aux critiques visant le président de la République, lequel jusqu’ici cumule les pouvoirs exécutif et législatif, un président également accusé d’ajourner intentionnellement les élections parlementaires pour « monopoliser » le pouvoir législatif.
Malgré ces côtés positifs, de nombreux dirigeants politiques se sont opposés à la loi du découpage électoral. Certains protestent contre la loi qui stipule l’organisation des élections conformément au système mixte où 20 % des futurs députés seront élus en fonction du scrutin de liste et 80 % en fonction du scrutin uninominal. Cependant, cette répartition a été discutée à la lumière de la Constitution. Selon celle-ci, l’organisation des élections législatives se fait selon l’un des deux systèmes (de liste ou uninominal) ou selon un système mixte sans préciser les modalités. D’autres critiques sont même allées jusqu’à prétendre que la liste absolue ne tient pas compte de près de la moitié des voix et prive les partis politiques d’avoir des représentants au Parlement. En fait, le recours au système de la liste absolue est destiné à permettre de représenter certaines catégories de la société comme les jeunes, les femmes, les coptes, les handicapés et les Egyptiens vivant à l’étranger. Ceci n’est possible qu’à travers la liste absolue. Quant à ceux qui disent que le système de la liste absolue gaspille la moitié des voix, étant donné que la liste qui obtient 50 % + 1 des voix rafle tous les sièges alors que la liste qui obtient moins de 50 % n’a aucun siège, je ferai remarquer qu’il en est de même pour le scrutin uninominal : Le candidat qui obtient 50 % +1 des voix gagne un siège, alors celui qui obtient un taux inférieur des votes n’a rien.
La polémique, dans laquelle se sont engagés les leaders de certains partis politiques autour de la loi du découpage électoral, est une polémique stérile. Les partis feraient mieux de se préparer pour ces élections et de concentrer leurs efforts sur la création de larges coalitions. Ils ne doivent pas trop s’arrêter aux listes qui ne représentent que 20 % des sièges, soit 120 sièges dont 78 seront accordés aux catégories sociales marginalisées susmentionnées.
Les partis politiques commettent un crime envers l’Egypte et envers la révolution du 30 juin en s’engageant dans un conflit autour de 42 sièges tout en négligeant les 420 sièges qui méritent leur coordination. Cependant, ces partis sont parfaitement conscients que le prochain Parlement est le plus critique dans l’histoire contemporaine de l’Egypte : non seulement il annoncera la mise en place de la dernière étape de la feuille de route annoncée le 3 juillet 2013, mais il sera doté de pouvoirs sans précédent dont la révision de toutes les lois promulguées depuis la dissolution de l’ancien Parlement, la formation du nouveau gouvernement en consultation avec le président de la République qu’il aidera dans la concrétisation de sa vision et de son programme.
L’incapacité des partis politiques de parvenir à une entente et de coordonner leurs efforts sera sans doute exploitée par les candidats indépendants issus de l’ex-Parti national démocrate de Hosni Moubarak. Bien enracinés en Haute-Egypte comme dans le Delta, ces derniers peuvent facilement former un bloc important au sein du nouveau Parlement et avoir le dernier mot dans la formation du nouveau gouvernement. Ce serait dommage de reproduire le schéma d’un parti unique hostile au processus démocratique .
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