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La solution est en Egypte et non à Gaza

Tuesday 20 nov. 2012

Malheureusement, certaines puissances internationales, notamment les Etats-Unis, incitent l’Egypte à jouer le rôle de médiateur entre Israël et les Palestiniens, prétextant l’aggravation de la situation. Aujourd’hui, on voit le spectre de l’Egypte forte pointer à l’horizon, malgré une conjoncture interne difficile.

La décision de rappeler l’ambassadeur d’Egypte en Israël n’a qu’une seule vertu. En effet, il se peut que le Hamas livre à l’Egypte, en contrepartie de cette décision, certains éléments terroristes réfugiés à Gaza ainsi qu’une liste comprenant le nom de leurs plus importants éléments résidant au Sinaï.

Nous devons nous souvenir que le peuple égyptien n’a pas élu le président Morsi pour résoudre la cause palestinienne mais pour réaliser les objectifs de la révolution, à savoir le pain, la liberté et l’égalité sociale. Il se peut que Morsi se trouve actuellement pris dans une crise économique étouffante, de fortes tensions sociales et une grave détérioration de la popularité du Parti Liberté et justice. Mais la solution à la crise n’est pas d’aller chercher une échappatoire dans le domaine de la politique étrangère afin de réaliser un exploit pour l’Egypte, qui sauverait la popularité du régime.

La voie de la politique étrangère est totalement bouchée et ses acteurs sont peu conciliants, à commencer par le Hamas, la Syrie, le Hezbollah pour en arriver à l’Iran et même aux Etats-Unis. La seule attitude que doit adopter Morsi est de se montrer franc avec le peuple, de lui révéler la véritable dimension de la crise actuelle et de lui faire comprendre que sa résolution exige de véritables sacrifices.

Si les subventions à l’énergie sont annulées, le président devra déclarer au peuple qu’il imposera une politique d’austérité et le peuple devra ressentir cette réalité. En effet, les citoyens accompagneront le président dans les sacrifices, à condition que toutes les ressources disponibles soient utilisées pour un développement industriel, agricole et économique qui lutte contre le chômage et qui élève les niveaux de vie. C’est ainsi que s’ouvrira au président la seule issue de la crise actuelle.

On ne peut pas imaginer que l’escalade du Hamas ces derniers temps en frappant Israël avec des missiles Fagr, Garad et autres est une pure coïncidence. En effet, Israël a répondu par des raids aériens destructifs et a même convoqué ses réservistes. On a entendu des informations sur l’éventualité du lancement d’opérations terrestres à Gaza. La conséquence directe de tous ces événements est de faire oublier les évolutions de la révolution syrienne contre le régime de Bachar Al-Assad. En effet, ce dernier continue à opprimer et tuer son peuple dans l’espoir d’étouffer la révolution, alors que le reste du monde est préoccupé par les événements de Gaza. Ce qui réalise les objectifs d’Israël, qui désire la persistance du régime d’Assad. C’est aussi l’occasion de donner une autre leçon au Hamas de Gaza.

Par ailleurs, cette escalade israélo-palestinienne survient avant les élections générales israéliennes prévues en janvier prochain, pour contribuer à consolider les chances de la coalition du Likoud, dirigée par Netanyahu et Liberman.

D’aucuns pensent que le rappel de l’ambassadeur égyptien est un premier pas pour exprimer notre colère contre la politique israélienne. Cependant, nous répondrons que c’est là un moyen d’expression désespéré. En effet, l’ambassadeur, l’ambassade et la diplomatie sont des outils de transfert d’information, de négociation et de protection d’intérêts. Dans les moments de crise, le rôle de l’ambassadeur s’accroît pour la résolution de la crise.

Nous avons choisi le plus mauvais moment pour retirer l’ambassadeur. Qui assumera maintenant la responsabilité d’effectuer des contacts indispensables entre l’Egypte et Israël ? Qui se chargera de l’échange des propositions et des avis afin de dépasser la crise, surtout qu’Israël a riposté à la décision égyptienne par le retrait aussi de son ambassadeur au Caire ? Ceci ne signifie rien d’autre que tous les contacts et accords pris entre Téhéran, Damas, Gaza, Tel-Aviv, Washington et Moscou se feront dans le dos du Caire, qui sera entièrement absent de ces accords, bien qu’ils l’influencent fortement.

Par ailleurs, on ne peut pas écarter l’éventualité qu’avec cette atmosphère tendue et l’ouverture du point de passage de Rafah, des éléments terroristes s’infiltrent au Sinaï pour exécuter des opérations militaires contre Israël à partir du territoire égyptien, ce qui aggrave davantage la situation.

Enfin, j’aimerais rappeler au président Morsi que les présidents Nasser et Sadate ont vécu des expériences amères avec la cause palestinienne. Ce n’est donc pas la peine de renouveler l’expérience.

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