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Face à Daech

Mardi, 14 octobre 2014

L’Etat islamique en Iraq et en Syrie s’est étendu dans de vastes territoires de ces pays. Cette organisation a obtenu un énorme soutien de certains pays arabes, et cela pour des considérations poli­tiques et confessionnelles. Quelques régimes arabes n’ont pas pardonné au président syrien Bachar Al-Assad son insolence envers leurs figures de proue lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Ils ont vu en sa chute un intérêt et une leçon donnée, à lui comme à d’autres.

La dimension confession­nelle a de même joué un rôle important dans le soutien apporté par certains pays arabes à cet organisme. Des pays arabes sunnites ont craint l’élargissement du croissant chiite irano-iraqo-syrien, en arrivant au Sud-Liban. Ils ont craint qu’en s’étendant sur une large superficie, il ne menace la présence sunnite dans cette région et ne tente d’annexer d’autres régions à majorité chiite, comme l’est de l’Arabie saoudite, Bahreïn ou encore le Nord du Yémen. Partant, de nombreux pays arabes ont apporté leur soutien à Daech, le considérant plus capable d’affronter l’expansion chiite. Puis se sont répandues les informations sur les victoires rapides de cette organisation en Syrie et en Iraq, notamment après que des tribus sunnites l’eurent rejointe en Iraq, pour se débarrasser du pouvoir confessionnel d’Al-Maliki.

L’organisation de l’EI diffère d’Al-Qaëda du fait qu’il a ouvert ses portes aux musul­mans des divers pays du monde, abstraction faite de leur religion ou de leur passé religieux. C’est ainsi qu’il a attiré des milliers d’Européens, d’Américains et d’Asiatiques.

Puis se sont succédé les informations sur les victoires éclairs de l’organisation et sur l’atrocité avec laquelle elle tue ceux qu’elle considère comme des ennemis, à l’instar des membres des armées syrienne et iraqienne. Se sont également répandus ses crimes commis contre les chrétiens et les Yézidis ainsi que les déclara­tions des dirigeants, avec leur intention de viser toute la région, y compris l’Arabie saoudite. Ils ont également adressé des menaces aux Etats-Unis après leurs frappes aériennes.

C’est là que les pays qui finan­çaient l’EI ont commencé à res­sentir l’énorme danger que représente cette expansion. Ils ont réalisé que les Etats où oeuvre cette organisation et qui sont soumis à des régimes chiites lui sont plus favo­rables. En effet, il est possible de s’entendre avec ces régimes et de parvenir à des ententes, comme ce fut le cas en Iraq, en écartant Al-Maliki et sa formule chiite, pour instaurer un régime moins confession­nel. Il en est de même pour la Syrie. Quelles que soient la corruption et l’oppression du régime d’Al-Assad, il s’agit d’un régime dont les poli­tiques et les mouvements sont tout à fait prévisibles, et il est possible de parvenir à des ententes avec lui.

Partant, les démarches ont commencé à s’accélérer. L’Otan a organisé une réunion pour discuter des mesures à prendre contre l’organisation. Le président Barack Obama s’est empressé de confirmer que l’action contre Daech n’avait pas besoin de décision de l’Otan, mais plutôt de l’ac­cord d’un nombre de pays membres, pour agir avec les Etats-Unis par des raids visant à faciliter la mission des forces iraqiennes et syriennes dans l’affrontement. Obama s’at­tache au fait de ne pas obtenir de mandat de l’Otan, car il est parfaitement conscient que ce mandat nécessite l’approbation de l’unanimité des membres de l’organisation et que la Turquie est à l’origine du financement et de la mobilisa­tion des jeunes pour rejoindre les rangs de l’EI. En effet, c’est sur les territoires turcs que se trouvent les camps de l’or­ganisation, à par­tir desquels sor­tent les armes achetées par le Qatar, vers la Syrie et l’Iraq.

Les pays qui ont contribué à l’apparition et au soutien de l’EI n’ont rien appris des expé­riences des autres, ni même de leurs propres expériences avec les extrémistes. L’Arabie saou­dite, les Etats-Unis accompa­gnés de l’Egypte et du Pakistan avaient formé Al-Qaëda, afin de combattre les forces sovié­tiques en Afghanistan. C’est ainsi que sont survenus les attentats dans ces pays, sans oublier le 11 septembre 2001. Sadate a également payé de sa vie en jouant sur cette même corde, avec la formation de la Gamaa islamiya.

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