A la même date de l’année passée, une invitation avait été adressée à l’ex-président Adly Mansour, pour assister à la nouvelle session de l’Onu à New York et prononcer le discours de l’Egypte. Mansour avait pris sa décision de participer et s’était réuni avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, à l’époque Nabil Fahmi, pour les préparatifs de l’événement. Mais à la fin de la réunion, il avait changé d’avis, décidant que la délégation égyptienne soit présidée par le ministre des Affaires étrangères. Pourquoi a-t-il pris cette décision? Et en quoi la situation d’aujourd’hui est-elle différente ?
Le ministre des Affaires étrangères, qui était ambassadeur d’Egypte aux Etats-Unis, avait pressenti le scénario au cas où le président Adly Mansour prononcerait lui-même l’allocution de l’Egypte. Il avait prévu des protestations et des départs de la salle pendant l’allocution. Mais si la délégation égyptienne était présidée par le ministre des Affaires étrangères, les protestations seraient moins graves et auraient un effet moins important que des protestations contre le président de la République.
Aujourd’hui, l’Egypte est face au même choix. Mais le président Al-Sissi a pris une décision contraire à celle de Adly Mansour, pour plusieurs raisons. Premièrement, l’opposition occidentale contre l’Egypte était beaucoup plus prononcée l’année passée que cette année. Le régime était alors provisoire, et il était plus facile de protester contre un régime provisoire que contre un régime élu. Aujourd’hui, le président égyptien, qui va s’adresser au monde entier sur la tribune des Nations-Unies, est un président élu avec une majorité écrasante, et personne ne peut douter de sa légitimité. Deuxièmement, toute protestation ou tout départ de la séance pendant l’allocution de l’Egypte ne diffère pas d’une protestation contre toute autre délégation. C’est une chose très courante lors des séances des Nations-Unies et ne signifie pas de refus international du régime politique en place. En effet, la délégation israélienne s’est retirée à plusieurs reprises pendant l’allocution de la Palestine. Et il en est de même pour la Turquie pendant l’allocution de la Grèce. Je me rappelle qu’en 1971, quand je suivais les séances de l’Onu à New York, Zulfiqar Ali Bhutto, premier ministre pakistanais, s’était énervé pendant l’une des séances du Conseil de sécurité et avait jeté ses documents avant de se retirer de la séance pour protester contre l’allocution de l’Inde et l’incapacité du Conseil à prendre une décision stipulant l’arrêt des combats entre les deux Etats. Et ce retrait n’avait eu aucune influence ni sur la légitimité de l’Etat indien, ni sur sa position politique.
Il est évident que tout cela était dans l’esprit du président Abdel-Fattah Al-Sissi, quand il a pris la décision courageuse de faire face au monde en parlant au nom de la nouvelle Egypte, une Egypte légitime basée sur la volonté du peuple. Une légitimité émanant d’abord de la révolution du 30 juin alors que le nouveau régime constitue une réponse à cette révolution. Ensuite, il y a l’approbation de la nouvelle Constitution par le peuple. Puis, l’élection présidentielle écrasante exprimant un soutien populaire énorme et continu. Et enfin, la souscription au projet du Canal de Suez lancé par le président.
C’est sur cette base que sera prononcée l’allocution de l’Egypte, demain jeudi 25 septembre, devant le monde entier; une base qui n’existait pas lors de la présidence de Adly Mansour l’année passée.
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