Le projet de la nouvelle Constitution continue à diviser l’Egypte : les islmistes d’un côté, les laïcs (libéraux et gauche) de l’autre. Les deux camps se font face depuis déjà quelques semaines. Tandis que les premiers réclament un Etat centré sur la charia et exigent que la Constitution le mentionne explicitement, les seconds veulent un Etat civil et affichent des inquiétudes sur le dossier des libertés.
Tandis que le projet doit être finalisé au cours des prochains jours, les islamistes, inflexibles sur la question de la charia, font monter les enchères tantôt en menaçant de se retirer de l’assemblée constituante, tantôt en organisant des méga-manifestations. C’est dans ce contexte d’ailleurs que plusieurs centaines d’entre eux ont manifesté cette semaine au centre du Caire pour annoncer leur soutien à la charia. Une autre manifestation organisée par divers mouvements et partis islamistes, sous le nom de « vendredi de la charia », est prévue vendredi 9 novembre au Caire.
Le duel entre les islamistes et les libéraux est arbitré par les Frères musulmans. Les Frères veulent achever le plus rapidement possible la Constitution, afin de la soumettre à référendum avant qu’une décision de justice ne vienne invalider la formation de la constituante. Depuis quelques jours, ils jouent aux équilibristes, en tentant de trouver un compromis. Le président Morsi a reçu, cette semaine, plusieurs représentants de partis politiques laïques, dont les anciens candidats à la présidentielle Amr Moussa et Hamdine Sabbahi et l’islamiste modéré Abdel-Moneim Aboul-Foutouh. Mais de même, les Frères ne veulent surtout pas perdre leurs « partenaires » salafistes au sein de la constituante. Ils ont lancé sur leur site Internet une version modifiée du projet de Constitution dans laquelle ils proposent l’emploi de la formule « à condition de ne pas être en désaccord avec la charia islamique » en parlant des libertés. Les Frères proposent également que soit incluse à la constitution une explication du terme « principes de la charia », déjà sujet à une grande controverse entre les courants islamistes et laïques. A quelques jours de sa finalisation, la Constitution sera-t-elle sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques ? C’est la question que l’on se pose désormais.
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