Les relations égypto-saoudiennes sont au beau fixe. Premier chef d’Etat à se rendre en Egypte depuis l’élection du président Abdel-Fattah Al-Sissi le 3 juin, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a effectué une brève escale vendredi soir au Caire. Agé de 90 ans, le souverain wahhabite se déplace rarement à l’étranger. Il n’a pas quitté son avion, qui est resté un peu plus d’une heure à l’aéroport du Caire. Le président Al-Sissi et sa délégation, qui comprenait notamment le premier ministre ainsi que les ministres de la Défense et des Finances, sont montés à bord et se sont entretenus avec le monarque pendant plus d’une demi-heure. Selon l’agence de presse Mena, les discussions ont porté sur la situation en Iraq, en Syrie et en Libye, et sur la nécessité d’une approche commune et d’une bonne coordination entre les deux pays.
La visite du roi Abdallah est hautement symbolique. L’Arabie saoudite, qui voyait d’un mauvais oeil la montée en puissance du régime des Frères musulmans en Egypte après le 25 janvier 2011, a affiché un soutien sans faille à la révolution du 30 juin. Le Royaume saoudien s’inquiétait de l’émergence d’un régime islamiste concurrent en Egypte, sous la houlette des Frères musulmans, bénéficiant du soutien de son rival qatari. Depuis le 30 juin, le Royaume saoudien multiplie les initiatives à l’égard du Caire. Il avait notamment appuyé la décision de l’Egypte de déclarer la confrérie des Frères musulmans organisation terroriste, puis avait pris quelques semaines plus tard une décision similaire. Riyad voit à présent en Le Caire un allié régional de poids dans sa lutte contre l’influence iranienne. Les Saoudiens s’inquiètent, en effet, du rapprochement au cours des derniers mois entre leur allié américain et l’Iran, qu’ils perçoivent comme une menace pour leur sécurité. Ils cherchent à construire un front arabe sunnite pour contrer l’influence iranienne dans le monde arabe. La visite au Caire du roi Abdallah peut être également perçue comme un message aux Occidentaux, en particulier les Américains. Ces derniers ont gelé l’aide fournie à l’Egypte après le 30 juin et affichent une certaine récalcitrance à rétablir cette aide. Le message est clair: « Si vous n’aidez pas l’Egypte, nous le ferons à votre place ». « L’Egypte a plus que jamais besoin de nous », déclarait le souverain wahhabite dans les minutes qui ont suivi la proclamation du triomphe électoral d'Al-Sissi, le 3 juin.
Appelant les Egyptiens à se détourner de « l’étrange chaos » provoqué par les soulèvements de 2011, le monarque avait souhaité la tenue d’une conférence des donateurs, pour soutenir une économie égyptienne au bord de la faillite. Le président Al-Sissi l’en a remercié vendredi, car pour l’Egypte, l’aide de l’Arabie saoudite et des autres pays du Golfe est capitale pour redresser l’économie du pays. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont déjà débloqué quelque 12 milliards de dollars d’aide à l’Egypte depuis la révolution du 30 juin. Le roi Abdallah est d’ailleurs le seul dirigeant étranger que le nouveau président égyptien a cité dans son discours d’investiture.
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