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Les gagnants et les perdants de la guerre de Gaza

Mercredi, 29 janvier 2025

Finalement, après plus d’un an, les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza ont porté leurs fruits. La première trêve, conclue le 24 novembre 2023, soit 49 jours après le début de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », n’a duré qu’une semaine.

Il a ensuite fallu un an et deux mois pour atteindre une deuxième trêve, ce qui illustre bien la complexité du conflit israélo-palestinien. Le récent accord de cessez-le-feu soulève de nombreuses interrogations, dont l’une des plus importantes concerne le bilan des gains et des pertes, des calculs cruciaux pour l’avenir du militantisme palestinien. La réussite de la première phase de la résistance confère une certaine crédibilité à la lutte armée comme moyen de résistance à l’occupation.

D’autres questions essentielles se posent, portant sur l’interprétation des événements passés, leur avenir, celui du conflit, et plus largement celui de la région. Ces problématiques restent extrêmement complexes, compte tenu de l’interaction entre divers cadres — palestinien et israélien, arabe, régional et mondial. Si nous commençons à examiner les gains et les pertes, certaines impressions se dégagent inévitablement.

La première, sans aucun doute, est l’immense soulagement qui s’est répandu parmi les Palestiniens, simplement parce que la machine de guerre et de destruction israélienne s’est arrêtée et ce, malgré d’importantes pertes humaines et financières.

La deuxième impression est la scène frappante observée à Gaza au moment du cessez-le-feu. Après les massacres et les destructions subis, il était prévisible que le Hamas apparaisse affaibli. Pourtant, cette logique a été démentie. Rappelons les mots du Financial Times : « Deux mois seulement après le début de la guerre, les dégâts à Gaza pourraient dépasser ceux observés dans les grandes villes européennes pendant la Seconde Guerre mondiale ». Au milieu de ce chaos, la résistance s’est manifestée dans les rues de Gaza avec ses armes et son matériel, dès l’annonce du cessez-le-feu, affichant un haut niveau de préparation et de contrôle. La première scène de la remise des prisonnières n’était pas moins significative que celle observée en novembre 2023.

Il convient de rappeler les difficultés qui entravent une évaluation objective des résultats des guerres et des affrontements armés en général. L’un des principaux obstacles réside dans la liaison entre l’évaluation militaire et politique : une défaite militaire implique-t-elle nécessairement une défaite politique ? A titre d’exemple, l’agression tripartite contre l’Egypte en 1956 a conduit à l’occupation du Sinaï par Israël. L’armée égyptienne s’est retirée pour affronter les forces britanniques et françaises dans la zone du Canal de Suez. Ces forces ont également occupé Port-Saïd, mais elles n’ont pas atteint leurs objectifs politiques de renverser la politique égyptienne de libération, qui a, au contraire, renforcé son aura en Afrique et dans le monde arabe. En plus, les forces d’agression ont dû se retirer de Port-Saïd en moins de deux mois et du Sinaï après quatre mois.

Pour déterminer les gagnants et les perdants du dernier conflit, il est essentiel de considérer que les protagonistes ne se limitent pas aux deux parties directes, à savoir la résistance à Gaza et Israël. L’évaluation doit inclure leurs alliés et leurs adversaires. Israël n’a pas gagné, et le Hamas n’a pas perdu. Malgré les massacres et les destructions, il est difficile d’affirmer qu’Israël a triomphé, car ses deux principaux objectifs déclarés n’ont pas été atteints : libérer les prisonniers et otages par la force, et anéantir la résistance à Gaza menée par le Hamas. Jusqu’à la signature de l’accord, Israël n’avait pu libérer que quatre otages lors d’une opération militaire en juin dernier, au prix de 300 vies palestiniennes. Au-delà de cela, les libérations n’ont été obtenues que par négociation. Quant au second objectif, son échec est encore plus manifeste : l’accord a été signé avec le Hamas, qui s’est montré en position de force dès le début, lors de la remise des prisonnières, entouré de foules massives.

Rappelons-nous l’arrogance israélienne et américaine. Conscients de la difficulté d’affronter la résistance, ils avaient proposé à ses dirigeants une sortie pacifique de Gaza en échange d’un cessez-le-feu. Comparons cette vision humiliante, imaginée par les dirigeants israéliens, où les chefs de la résistance, tête baissée, quitteraient leur terre pour sauver les soldats d’occupation, avec la réalité : une scène de détermination extraordinaire forgée pendant 16 mois de résistance, culminant avec le martyre héroïque du chef de la résistance alors qu’il combattait les usurpateurs de son pays. Mais, cette scène glorieuse a un prix, sur lequel s’appuient les opposants à la résistance pour réfuter sa démarche.

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