Les interventions étrangères ont compliqué cette crise en raison des agendas et des intérêts contradictoires de pays intervenants. La Syrie était, en effet, devenue une arène d’intérêts et d’agendas conflictuels entre puissances étrangères. Ces interventions ont alimenté la polarisation interne et la guerre civile entre les forces du régime syrien et les factions de l’opposition, dont le prix a été payé principalement par le peuple syrien. Cette polarisation a conduit à la destruction de la plupart des villes syriennes comme Alep, Homs, Hama, Deraa et d’autres, et fait plus de 400 000 morts et plus de 13 millions de déplacés et de réfugiés, dont 6 millions hors de Syrie.
La chute du régime de Bachar Al-Assad, sa fuite et le retrait des forces armées syriennes de leurs positions ont créé un vide sécuritaire majeur qu’Israël a exploité pour détruire complètement les capacités militaires syriennes, occuper de nouveaux territoires dans le sud du pays et lui imposer le fait accompli. Par conséquent, après une décennie et demie de conflits et la chute du régime Assad, la Syrie est devenue un Etat en ruine confronté à de nombreux défis politiques, sécuritaires et économiques.
Il ne fait aucun doute que l’absence des pays arabes de la scène syrienne pendant des années a créé un vide énorme qui a été comblé par les puissances régionales, notamment l’Iran, qui a soutenu le régime d’Assad contre le peuple syrien et installé en Syrie ses éléments des Gardiens de la Révolution, ainsi que ses milices alliées comme les Brigades Fatemiyoun, Zainabiyoun et Abu Al-Abbas, en plus du Hezbollah libanais.
Au cours des deux dernières années avant la chute du régime de Al-Assad, les pays arabes ont cherché à soutenir la Syrie et à la ramener dans le giron arabe, alors que le pays avait basculé du côté iranien. Les efforts arabes ont contribué au retour de la Syrie à la Ligue arabe.
Avec la nouvelle administration politique en Syrie dirigée par Ahmed Al-Chareh, nous constatons une consolidation du rôle arabe dans les événements en cours en Syrie. Alors que plusieurs délégations ministérielles arabes ont visité Damas, une délégation syrienne de haut niveau, composée des ministres des Affaires étrangères, de la Défense et des Renseignements, a effectué sa première visite à l’étranger en Arabie saoudite. En outre, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s’est entretenu au téléphone avec son homologue syrien, Asaad Al-Shaibani. Tout cela reflète la grande ouverture arabe à l’égard de la Syrie sous la nouvelle administration. L’objectif étant d’aider la Syrie à surmonter les défis. Les efforts arabes visent à construire une Syrie nouvelle, forte, unifiée et prospère. Et ce, à travers une feuille de route politique, économique et sécuritaire claire.
Politiquement, il est important de construire un régime politique inclusif à travers un processus de transition qui représente tous les Syriens loin des diktats extérieurs. Il s’agit de respecter les droits des minorités et des femmes dans le cadre d’un Etat qui traite tous les Syriens de manière égale et qui leur donne les mêmes droits et devoirs, quelles que soient leurs différences ethniques, religieuses ou linguistiques. Cette diversité étant un facteur de richesse et non un facteur de conflit, comme cela s’est produit sous le précédent régime.
Au niveau sécuritaire, l’établissement d’institutions fortes qui protègent les ressources du pays, préservent l’ordre public et défendent la Syrie contre toute menace extérieure passe nécessairement par la construction d’une armée nationale loin de toute affiliation sectaire ou politique. L’importance de reconstruire l’armée syrienne est soulignée dans le contexte des grandes menaces auxquelles le pays est confronté, dont l’agression israélienne continue. Les pays arabes, notamment l’Egypte, se sont opposés aux attaques israéliennes soulignant la nécessité d’un retrait total d’Israël des terres syriennes.
Par ailleurs, la Syrie est confrontée au spectre d’une détérioration de son économie et de l’absence de développement en raison de la guerre civile et des sanctions internationales. Elle est de même confrontée à la dépréciation de la monnaie locale, à l’accumulation des dettes et à la hausse des taux de pauvreté et de chômage. D’où l’importance de mettre à profit les ressources humaines et naturelles de la Syrie. C’est dans ce contexte qu’apparaît l’importance du rôle arabe pour aider la Syrie dans le processus de reconstruction, qui nécessitera des centaines de milliards de dollars.
Le soutien arabe est nécessaire pour assurer le retour des Syriens déplacés et des réfugiés qui sont à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie. Au niveau international, le rôle arabe dans la réintégration de la Syrie dans son environnement régional et international est également très important. Les pays arabes oeuvrent en vue d’une levée des sanctions internationales.
Sans nul doute, l’efficacité du rôle arabe pour aider la Syrie à surmonter ces défis dépendra des politiques de la nouvelle administration syrienne, notamment en ce qui concerne l’établissement d’un régime politique inclusif et la garantie que la Syrie ne soit pas un refuge pour les éléments extrémistes et terroristes, qui représentent une menace pour la sécurité des pays arabes.
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