La relation entre le Conseil consultatif et le monde de la presse ne cesse de se dégrader. Des dizaines de rédacteurs en chef ont été mis à la retraite dans un massacre qui ressemble au massacre des juges des années 1960. L’annonce cette semaine du limogeage du rédacteur en chef du quotidien Al-Gomhouriya, le collègue Gamal Abdel-Réhim, est un acte sans précédent sous l’ancien régime. D’énormes pressions sont exercées sur les écrivains et les penseurs qui ne sont pas d’accord avec les Frères musulmans. De tels comportements ne sont pas dignes de personnes qui parlent au nom de la révolution et qui prétendent être ses défenseurs. Briser des plumes de cette manière c’est porter atteinte à la liberté d’opinion et à l’histoire de la presse égyptienne. Certains voient dans ces mises à la retraite une manière de liquider l’ancien régime. En réalité, beaucoup de rédacteurs en chef mis à la retraite étaient très critiques à l’égard de ce régime et n’étaient en aucun cas des partisans de celui-ci. Les changements dans la presse après la révolution auraient dû être beaucoup plus transparents et n’auraient pas dû être dominés par l’esprit de vengeance et de règlement de comptes.
Ce qui se passe aujourd’hui dans les journaux nationaux reflète un esprit vindicatif. Est-on en train de liquider les institutions de presse en Egypte ? Je ne pense pas que les membres du Conseil consultatif qui ont le sens de la responsabilité veuillent détruire la presse.
Nous avons des institutions de presse prestigieuses, dont l’établissement a nécessité des années d’efforts. Des dizaines de milliers d’employés y travaillent. Il serait aujourd’hui difficile de fonder de telles institutions. Où peut-on trouver aujourd’hui des gens comme les frères Taklas et les frères Amin ? Où peut-on trouver des gens comme Zidane et Heykal pour fonder de tels établissements ? Qui peut aujourd’hui en Egypte créer des institutions comme Al-Ahram, Akhbar Al-Youm, Dar Al-Hilal ou Al-Gomhouriya ?
Si le président du Conseil consultatif ne réalise pas l’importance et l’influence de ces institutions, il n’a qu’à demander aux dirigeants de la confrérie des Frères musulmans. Ils savent la vérité, mais ils n’en parlent pas. Mettre un terme à la liquidation des écrivains de la presse nationale. Avec de telles pratiques, les Frères ne peuvent que perdre du terrain aux yeux des Egyptiens.
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