Les élections législatives iraqiennes se sont déroulées mercredi sans violences majeures. 60 % des Iraqiens inscrits sur les listes électorales se sont déplacés aux urnes, selon les autorités iraqiennes. Les résultats ne sont pas attendus avant la mi-mai. Selon l’envoyé spécial de l’Onu en Iraq, Nickolay Mladenov, « ceux qui ont voulu perturber la campagne et le scrutin ont vu qu’ils avaient tort. Le peuple iraqien a montré sa détermination à exercer son droit de vote ». Aucun parti ne semble en mesure de remporter la majorité des 328 sièges en jeu, mais l’Alliance de l’Etat de droit du premier ministre chiite actuel, Nouri Al-Maliki, devrait rester le premier groupe parlementaire. Bien que le chef du gouvernement ait été très critiqué sur des dossiers comme l’économie, virtuellement au point mort, la corruption et la multiplication des violences confessionnelles, il se pose en favori, profitant notamment des clivages confessionnels, mais aussi de l’absence quasi totale d’une opposition organisée. En effet, selon une règle non écrite, mais admise de facto par les partis politiques, les trois plus hautes fonctions de l’Etat sont partagées entre les Kurdes, qui détiennent la présidence, les chiites, à qui il revient de nommer le premier ministre, et les sunnites, qui choisissent le président du Parlement.
Ces élections iraqiennes n’apporteront donc rien de nouveau sur le plan politique. Mais au-delà des considérations politiques, c’est l’avenir de l’Iraq qui est aujourd’hui en question. Un pays meurtri par la violence et les clivages confessionnels et marqué par une crise économique sans précédent. Depuis le début de l’année, 3 000 personnes sont mortes en Iraq, dont 80 pour les seules journées des 28 et 29 avril. Ce bilan illustre la spirale de violences dans laquelle est plongé le pays. Une spirale alimentée par le conflit en Syrie voisine, mais aussi par le mécontentement de la minorité sunnite qui s’estime discriminée par les forces de sécurité et les autorités, dominées par les chiites. Au printemps 2013, l’intifada des sunnites d’Al-Anbar, à laquelle le pouvoir central avait réagi très brutalement, a débouché sur la prise de Fallouja par les djihadistes de l’Etat Islamique en Iraq et au Levant (EIIL), en janvier.
Les violences en Iraq avaient diminué depuis 2008 avec la fin d’un terrible conflit confessionnel entre sunnites et chiites. Mais elles ont repris de l’ampleur en 2013, faisant plus de 6 800 morts. Les élections législatives n’ont en rien aidé à apaiser les tensions, chaque parti tenant un discours communautaire pour se faire élire. Le scrutin a été d’ailleurs marqué par des violences : obus de mortier, bombes et grenades assourdissantes ont explosé à travers le pays. Deux femmes sont mortes au nord de Bagdad, un policier a été tué lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à l’entrée d’un bureau de vote, et un autre bureau de vote a été totalement détruit, sans faire de victime.
L’autre grand défi auquel l’Iraq est confronté est l’économie. Le pays est plongé, en effet, dans une grande précarité économique. Les revenus du pétrole ne suffisent pas à résorber le chômage qui, depuis 2008, tourne autour de 15 %. Les violences quasi quotidiennes et la corruption ne sont pas pour arranger les choses. Dans son rapport 2013, Transparency International classe l’Iraq parmi les dix pays les plus corrompus au monde. Le prochain gouvernement iraqien devra relever tous ces défis s’il veut réellement construire l’avenir de l’Iraq .
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