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Quel avenir pour le processus de paix ?

Lundi, 05 mai 2014

Le processus de paix au Proche-Orient est entré à nouveau dans le coma. Le 29 avril, le délai imparti aux Palestiniens et aux Israéliens par les Etats-Unis, parrains des négociations, a expiré sans l’accomplissement du moindre progrès tangible. Cinq jours plus tôt, Israël annonce la suspension des pourparlers et refuse de les prolonger, comme le demandait Washington, en protestation contre l’accord de réconciliation interpalestinienne, conclu le 23 avril par le Fatah, principale composante de l’OLP, et le Hamas. ce dernier étant classé « organisation terroriste » aussi bien par Israël que par les Etats-Unis et l’Union européenne. De son côté, le secrétaire d’Etat, John Kerry, architecte de la dernière initiative américaine pour relancer le processus de paix, a reconnu l’échec de son action et a souligné la nécessité de marquer « une pause » avant une éventuelle reprise des efforts de son pays.

La réalité est que le processus de paix est entré dans un état de léthargie, dont il ne sortira pas de si tôt. Les raisons se rapportent essentiellement à la politique du gouvernement israélien de droite et au contenu de l’initiative américaine visant à parvenir à un accord de paix. L’erreur des Etats-Unis cette fois-ci, comme lors de leurs précédentes interventions diplomatiques, est qu’ils ne parviennent pas à jouer le rôle d’honnêtes courtiers et tiennent toujours des positions pro-israéliennes, aux dépens des droits du peuple palestinien. Un Etat impropre à parvenir à une paix globale et durable au Proche-Orient.

Dans sa dernière médiation, Washington a tenté, comme auparavant, de faire accepter aux Palestiniens une entité dénuée de souveraineté, démilitarisée et entièrement contrôlée par Israël. Il cherchait ainsi, comme le souhaitait Tel-Aviv, à maintenir une présence militaire israélienne, ce qui est une forme d’occupation dans la vallée du Jourdain, et à donner à Israël le droit d’annexer les grands blocs de colonies, illégales, de peuplement juif en Cisjordanie, ce qui priverait ce territoire de la continuité géographique, propre à tout Etat digne de ce nom. Ces conditions étaient impossibles à accepter par l’Autorité palestinienne, car elles équivaudraient, au-delà de toute flexibilité nécessaire dans les négociations, à brader les droits du peuple palestinien. De son côté, le gouvernement de Benyamin Netanyahu n’a jamais été désireux de faire les concessions nécessaires pour parvenir à un règlement négocié avec l’Autorité palestinienne. Il demeurait élusif tout au long des neuf mois qu’ont durés les négociations de paix. Ainsi, les membres de sa coalition gouvernementale n’ont pas voulu, comme convenu, poursuivre la libération de prisonniers palestiniens et ont refusé de geler la construction dans les colonies en Cisjordanie. Chaque libération d’un groupe de prisonniers palestiniens était accompagnée de l’annonce de nouvelles constructions dans les colonies.

Pendant ce temps, Israël a profité, grâce au semblant de négociations, de la baisse des pressions américaines, européennes et internationales et de l’affaiblissement du mouvement européen de boycott des produits et des institutions israéliens. En reprenant les négociations avec les Palestiniens le 29 juillet dernier, l’objectif de Netanyahu était plutôt tactique : gagner du temps et réduire les pressions internationales sur son gouvernement, en attendant le moment voulu pour rompre des pourparlers qui n’ont jamais volé très haut et n’ont jamais produit la moindre percée sur les dossiers relatifs au statut final.

Netanyahu a trouvé ce moment propice dans la conclusion de l’accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Cet accord a été rendu possible par l’échec des pourparlers de paix et des atermoiements d’Israël qui ont affaibli le président palestinien Mahmoud Abbas face à son opinion publique, ce qui l’a poussé à s’entendre pour former un gouvernement d’union nationale avec le Hamas, également fragilisé par la perte de ses alliés en Egypte, les Frères musulmans, et en Syrie, le régime de Bachar Al-Assad. Netanyahu a exploité cet accord pour justifier son refus de poursuivre les négociations de paix avec un gouvernement palestinien dont une composante appelle à « détruire Israël ». L’hypocrisie de son argument est que sa coalition comprend des partis extrémistes qui dénient aux Palestiniens le droit d’avoir leur propre Etat indépendant et souverain.

L’échec de l’initiative américaine a poussé John Kerry à avertir les dirigeants israéliens que sans un accord rapide sur un règlement basé sur la formule des deux Etats, vivant côte à côte, Israël court le risque de devenir un « Etat d’apartheid », en allusion à l’Afrique du Sud du temps de la ségrégation raciale, où les noirs étaient des citoyens de seconde zone. Cette situation, a-t-il mis en garde, risque de détruire la capacité d’Israël à long terme de devenir un Etat juif, en raison du taux de croissance démographie des Palestiniens plus élevé que celui des juifs. Le secrétaire d’Etat faisait en fait l’écho des vues exprimées depuis des années par des politiciens libéraux israéliens, tels Ehud Olmert, Ehud Barak et Tzipi Livni, qui craignent la reproduction du modèle honni de l’Afrique du Sud et l’accroissement conséquent des pressions internationales. Ils craignent aussi que le maintien du statu quo ne transforme à terme Israël en un Etat binational, où les juifs finiront par être une minorité.

L’absence de solution négociée en vue fait que de plus en plus de Palestiniens dans les territoires occupés, comme à l’étranger, croient désormais que la meilleure solution à la question palestinienne serait l’établissement d’un Etat unitaire binational, israélien et palestinien, où tous les citoyens jouissent de droits égaux. Cette idée fait son chemin en raison des obstacles que dresse Israël sur le chemin de la création d’un Etat palestinien viable, notamment la poursuite acharnée de la colonisation de la Cisjordanie .

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