Bien que son alignement sur Israël soit sans précédent, certains espèrent que les politiques de Trump durant son second mandat seront différentes, partant du postulat que les circonstances ont changé et qu’il a promis de mettre fin à la guerre au Proche-Orient. Cependant, ce qui importe réellement, c’est la manière dont cette guerre prendra fin.
En plus, les voix arabes et musulmanes ont joué un rôle dans la victoire de Trump, acquérant ainsi une importance disproportionnée par rapport à leur poids numérique, compte tenu notamment de l’étroitesse des résultats entre les deux candidats à la présidentielle. Par ailleurs, l’un des beaux-fils de Trump est d’origine libanaise, un détail souvent mis en avant.
Cependant, les choix de Trump concernant les responsables de sa politique étrangère et ses relations avec Israël ont rapidement clarifié la situation. Les déclarations de ces responsables ont défini les grandes lignes de leurs politiques. Michael Waltz, conseiller potentiel à la sécurité nationale, a salué les actions d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah. Il a ajouté qu’il était temps de parvenir à une formule garantissant non seulement qu’une attaque comme celle du 7 octobre ne se reproduise pas, mais aussi qu’une véritable stabilité soit instaurée au Proche-Orient, citant les accords d’Abraham comme modèle. Il est évident que Waltz adopte une vision globale de la situation, cherchant non seulement à protéger Israël mais aussi à établir une stabilité réelle dans la région. Toutefois, le problème réside dans le fait que cette stabilité repose sur des principes infondés, qui ne peuvent mener qu’à de nouvelles violences.
Deux remarques peuvent être formulées sur les déclarations de Waltz. La première concerne la sécurité d’Israël, tandis que la seconde porte sur la formule proposée pour la stabilité au Proche-Orient. En ce qui concerne la sécurité d’Israël, la vision de Waltz repose sur le concept israélien consistant à éradiquer la résistance sans offrir aucune contrepartie, ce qui témoigne d’une méconnaissance totale de la réalité de la colonisation en Palestine. Waltz et ceux qui partagent sa vision cherchent uniquement à sécuriser Israël, sans tenir compte ni des droits bafoués du peuple palestinien ni des souffrances des autres peuples arabes affectés par les agissements d’Israël.
Ces personnes semblent ignorer les leçons de l’Histoire et des mouvements de libération nationale, notamment après la Seconde Guerre mondiale. Dans ces conflits, la décolonisation n’a été possible que lorsque le colonisateur a cédé l’indépendance aux territoires concernés. L’intransigeance coloniale, comme en Algérie ou dans les colonies africaines portugaises, a souvent conduit à des changements internes dans les pays colonisateurs, débouchant sur la reconnaissance de l’indépendance des peuples en lutte. Ainsi, les propositions de Waltz et d’autres figures influencées par un héritage colonial ne feront qu’aggraver les conflits.
Quant à la seconde remarque, liée aux accords d’Abraham, il convient de rappeler que la vision d’une organisation régionale au Proche-Orient fait l’objet de profondes divergences. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les milieux occidentaux ont tenté de promouvoir cette vision face à une autre, basée sur une alliance arabe fondée sur des principes communs. L’idée d’une alliance proche-orientale est perçue avec suspicion par ceux qui défendent leur indépendance, car elle pourrait affaiblir la cohésion arabe et introduire des sources de conflit.
A partir des années 1950, plusieurs initiatives ont tenté d’imposer ce cadre régional : le Commandement du Moyen-Orient (1951), le Pacte de Bagdad (1955), le projet Eisenhower (1957) ou encore l’idée d’une « OTAN arabe ». Toutefois, ces initiatives n’ont jamais trouvé d’assise durable. Enfin, les accords d’Abraham n’apportent aucune solution aux véritables problèmes du Proche-Orient, à commencer par la question palestinienne. Tant que cette dernière ne sera pas résolue, aucune stabilité réelle ne sera possible dans la région.
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