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Les droits de l'homme avant tout

Mardi, 23 octobre 2012

Les tendances, qui sont apparues au cours des discussions de l’assemblée constituante chargée de la rédaction de la Constitution, suscitent l’inquiétude sur l’avenir du pays. Est-ce que la nouvelle Constitution nous permettra de s’engager réellement dans le XXIe siècle ou reviendrons-nous en arrière ?

Dans l’assemblée chargée de rédiger la première Constitution après la révolution, des voix refusent l’engagement de l’Etat envers les 2 accords des droits de l’homme et de l’anéantissement de toutes les formes de violence et de discrimination contre la femme. Et ce, bien que l’Egypte a précédemment signé ces 2 accords, et si elle ne les respecte pas, elle peut être exposée à un isolement, voire des sanctions internationales. De plus qu’il y a eu un refus de stipuler l’application de la résolution internationale de l’interdiction du trafic humain, sous prétexte que ceci empêchera le mariage des filles en bas âge. Ces voix ont également refusé de mentionner dans la Constitution l’interdiction de toutes les formes de discrimination dans les postes à cause du sexe ou de la religion.

Ce qui accentue l’inquiétude est que, selon les salafistes membres de l’assemblée, l’égalité entre l’homme et la femme dans les droits politiques, économiques et sociaux n’est pas conforme à la charia. Et que cette égalité ouvre la porte à la réclamation de l’égalité des héritages. Or, ceci n’est pas fondé, puisque la question de l’héritage est bien définie dans des versets coraniques. Ce n’est pas une question de jurisprudence ; à tel point que les chrétiens en Egypte ont réclamé que les principes islamiques en ce qui concerne l’héritage leur soient appliqués.

Il semble que le courant salafiste croit être le seul à posséder la vérité absolue et à connaître parfaitement la religion en tant qu’unique représentant de l’islam, alors que le reste des musulmans en Egypte et partout dans le monde sont ignorants sur l’islam. Les salafistes veulent que l’Egypte reviennent en arrière, réclamant l’annulation de toutes les lois qui ont octroyé à la femme égyptienne son honneur et ses droits comme la loi du kholea (le droit de la femme à divorcer), al-roëya (le droit de voir les enfants), ainsi que la loi de l’interdiction de la circoncision du sexe féminin, et la loi du quota de la femme au Parlement. Et ce, bien que le courant salafiste aspire à garder la moitié des sièges consacrés aux ouvriers et aux paysans.

Quant à la Tunisie qui est sous la direction du courant islamiste, elle a promulgué une loi stipulant que la moitié des sièges du conseil constitutionnel national soient réservés à la femme. Et en Egypte, la confrérie, qui représente le courant islamiste, avait promulgué il y a plus de 10 ans un document pour assurer le droit de la femme à la participation politique, alors que le guide spirituel des Frères musulmans a plusieurs fois renouvelé cette position. La Dr Sabah Al-Saqari, quant à elle, a déposé sa candidature aux élections pour la présidence du Parti Liberté et justice, aile politique de la confrérie, annonçant que la femme égyptienne ne permettra pas de laisser passer une Constitution qui élimine ses droits obtenus.

La réalité est que le regard subalterne envers la femme n’a rien à voir avec l’islam. Il remonte plutôt aux époques de bassesse intellectuelle et sociale qui ont causé la rigidité de la pensée islamique et isolé la femme de la vie politique et sociale. Les oulémas sont d’accord sur le fait que l’islam a pris le parti de la femme en lui octroyant tous ses droits. Le cheikh Rached Al-Ghannouchi, leader du courant islamiste en Tunisie, a dernièrement annoncé qu’il était temps d’éliminer tous les obstacles qui se trouvent sur la voie de la femme et de réviser toutes les conceptions relatives à la femme à la lumière des textes religieux. Et ce, parce que la femme, en tant qu’être humain, est égale à l’homme. Et les versets du Coran comprennent un appel clair à limiter le pouvoir arbitraire de l’homme sur la femme. De plus, le Coran élève la femme au niveau de l’autorité en disant : « Les croyants et les croyantes ont une autorité les uns sur les autres » (Sourate Al-Tobah, verset 71). Ghannouchi dit également qu’aucun texte religieux n’interdit le travail de la femme, et que son rôle de mère ne l’empêche pas d’exceller dans les différents domaines. En réalité, dans nombreux Etats islamiques, la femme occupe le poste de chef de gouvernement et chef d’Etat alors qu’elle appartient à un parti islamique. Et durant les époques de prospérité islamique, les femmes se trouvaient côte à côte avec les hommes dans les mosquées, les marchés et les champs de guerre. La vérité est que l’islam place l’égalité entre l’homme et la femme comme il est cité dans le hadith du prophète : « Les femmes sont égales aux hommes et ont leurs mêmes droits et devoirs ». Pourquoi certains courants tentent alors de nous faire revenir en arrière, alors que les droits de la femme figurent en tête des droits de l’homme ?

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