J’ai longuement hésité avant de choisir un titre à cet article autour de ce qui s’est passé à Assouan. Puis j’ai découvert que le terme de « nakba » était le plus approprié, car il s’agit du même terme utilisé pour qualifier notre défaite flagrante et humiliante face à Israël en 1967. Une défaite dont les répercussions psychologiques négatives n’ont pu être effacées de nos esprits. Ce qui s’est passé à Assouan aura le même effet sur ses habitants. Il s’agit d’une défaite et d’une humiliation pour tous ceux qui y ont participé. J’ai suivi toutes les couvertures journalistiques et médiatiques des événements. Dans ce contexte, je n’ai que quelques remarques ou quelques interrogations. Premièrement, il s’avère indispensable d’ouvrir une enquête pour savoir si certaines parties ont intentionnellement enflammé la sédition en écrivant des propos injurieux et des insultes contre les deux parties. J’ai entendu à la télévision un responsable du ministère des Waqfs à Assouan accusant un enseignant appartenant à la confrérie des Frères musulmans. Est-ce vrai ? Deuxièmement, cette interprétation politique des événements les relie à la rencontre ayant eu lieu dernièrement entre le maréchal Al-Sissi et les habitants de la Nubie, comme si ce qui s’est passé était une réponse de la part des partisans des Frères, surtout que l’histoire a commencé par le meurtre de trois Nubiens par les membres de la tribu de Béni-Hilal.
Troisièmement, il existe une interprétation sociale et tribale n’ayant aucune relation avec la politique, selon laquelle l’histoire aurait commencé par une dispute entre des élèves nubiens et d’autres de Béni-Hilal à cause d’une histoire de fille, suivie par l’écriture de propos injurieux sur les murs. Un fait ayant impliqué une rencontre de réconciliation vendredi soir qui s’est transformée en une dispute où ont été utilisées des armes à feu et qui a fait quatre morts. Le lendemain, les accrochages ont augmenté pour entraîner la mort de 19 autres personnes et 23 blessés. Quatrièmement, qu’il s’agisse de l’interprétation politique ou sociale, la véritable catastrophe est l’absence humiliante de l’autorité de l’Etat. Que faisaient le gouverneur et la police ? Ils ont manqué à leur devoir et il est indispensable de leur demander des comptes.
Enfin, le seul aspect positif de cette catastrophe est la réaction rapide et responsable du premier ministre qui s’est rapidement rendu sur les lieux, accompagné des ministres concernés. Nous attendons donc cette fois des investigations, des jugements et des sanctions rapides et sévères .
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