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Une politique étrangère sage dans une région perturbée

Mercredi, 16 octobre 2024

Dans un Proche-Orient extrêmement perturbé, la politique étrangère égyptienne tente de réaliser les grands intérêts de l’Etat égyptien, tout en évitant de s’impliquer dans les conflits sanglants qui se déroulent actuellement dans la région.

Eviter l’implication dans les conflits armés est un objectif et une ligne politique sages et corrects. Les guerres au Proche-Orient se multiplient comme des champignons, et elles sont longues. Aucune des guerres qui ont commencé dans la région il y a une décennie et demie n’est terminée ; les guerres au Proche-Orient ont un début, mais n’ont pas de fin. Il est donc préférable d’éviter de s’engager dans une guerre, car il n’est pas facile d’en sortir. L’Egypte est engagée dans une course contre la montre pour se reconstruire et compenser les occasions perdues de développement.

Le développement en Egypte n’a pas seulement pour objectif d’améliorer le niveau de vie, mais il est également une nécessité de la sécurité nationale. La protection de la sécurité, à l’heure du développement technologique, est une mission coûteuse qui nécessite une économie développée, capable de générer des surplus financiers suffisants. La réalisation du développement et la protection de la sécurité nationale sont deux missions inséparables qui se complètent.

Certes, l’Egypte tient à éviter de s’impliquer dans les conflits armés qui se déroulent dans la région. Cependant, le Proche-Orient perturbé n’arrête pas d’envoyer des menaces jusqu’à notre porte et de nuire à nos intérêts vitaux. La droite au pouvoir en Israël attend le moment où elle pourrait déplacer des milliers de Gazaouis vers le Sinaï pour vider la Palestine de ses habitants, anéantir la cause palestinienne et exporter la crise d’Israël vers l’Egypte. La menace pesant sur la navigation en mer Rouge et l’empêchement des navires et cargos d’atteindre le Canal de Suez privent l’Egypte d’une source très importante de revenus en devises étrangères.

La politique hydrique offensive que l’Ethiopie applique menace la part de l’Egypte de l’eau du Nil et, par conséquent, menace la vie et le développement en Egypte.

Le lancement de missiles et de drones par les parties belligérantes met en péril la sécurité de l’Egypte. Les conflits entre doctrines, religions et ethnies dans le voisinage proche et lointain créent un environnement propice à l’épanouissement des groupes terroristes dont nous avons tant souffert. L’Egypte n’a harcelé personne et n’a pas cherché à entrer en conflit, mais cela n’a pas empêché les troubles régionaux d’atteindre nos portes. La région est en train de se remodeler à cause des nombreux conflits au Proche-Orient et des perturbations dont souffre la région. Israël, l’Iran et les dirigeants des milices parlent de changement de la face du Proche-Orient.

La reformulation du Proche-Orient est un long processus historique, qui a commencé avec l’invasion américaine de l’Iraq en 2003. La région a ensuite traversé des troubles révolutionnaires en 2011 pour atteindre aujourd’hui l’apogée de ce bouleversement, avec une escalade qui ne semble pas vouloir prendre fin.

Certains Etats autour de nous sont devenus plus puissants en dominant des terres qui ne leur appartenaient pas. D’autres Etats partagent le pouvoir avec les gouvernements légitimes de leurs pays voisins afin de les transformer en entités dépendantes. Des Etats autour de nous ont été divisés entre gouvernants en conflit, et cette division est devenue à la fois réelle et officielle. Trois décennies après l’annonce de la République de Somaliland, l’Ethiopie l’a officiellement reconnue. Il s’agit d’un modèle qui peut se répéter avec d’autres Etats dans notre région troublée. Des Etats disparaissent, d’autres apparaissent et les frontières des pays se redessinent. Des régimes changent et d’autres échouent totalement. Ainsi se dessine la reformulation du Proche-Orient, et personne ne sait quelle sera la forme finale de la région après tant de perturbations.

Il est difficile de prévoir si le Proche-Orient en cours de reformulation sera en adéquation avec nos intérêts nationaux. Il faut donc rester prêt à prendre les mesures nécessaires pour protéger les intérêts nationaux de l’Egypte, qui n’a pas d’ambitions d’expansion ou d’hégémonie, contrairement à d’autres Etats autour de nous. L’Egypte veut protéger ses intérêts vitaux ; cet objectif logique et légitime est difficile à réaliser sans une politique étrangère qui aille au-delà du simple refus d’implication dans les conflits de la région. Le principe qui consiste à éviter de s’impliquer dans les conflits est un point de départ pour réaliser une évolution sélective et méfiante, basée sur la priorité de la défense des intérêts nationaux.

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