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Edito : Washington veut rassurer son allié saoudien

Al-Ahram Hebdo, Lundi, 31 mars 2014

Au terme d’une tournée européenne qui l’a mené aux Pays-Bas, en Belgique et en Italie, le président Barack Obama a effectué cette semaine une visite en Arabie saoudite où il s’est entretenu avec le roi Abdallah bin Abdel-Aziz. La visite du chef d’Etat américain inter­vient dans un contexte régional délicat en raison notamment du conflit en Syrie, du dossier nucléaire iranien et de la crise au sein du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), due à l’appui du Qatar aux islamistes dans certains pays arabes, un appui perçu comme une ingérence dans les affaires internes de ces pays.

En se rendant en Arabie saoudite, Obama voulait surtout rassurer son allié saoudien. Depuis quelques mois en effet, Riyad s’inquiète de la politique américaine dans la région notamment vis-à-vis de l’Iran et de la Syrie. Concernant l’Iran, le rapprochement opéré par Washington avec le régime de Téhéran au sujet de son programme nucléaire soulève la colère des Saoudiens. Le Royaume wahhabite craint l’influence grandissante du régime iranien chiite dans la région du Golfe et perçoit l’Iran comme une menace majeure pour ses intérêts régionaux. Tout au long de sa visite, Obama a cherché à rassurer son inter­locuteur saoudien quant à la position de son pays par rapport au dossier nucléaire iranien. « Il était important d’avoir la possibilité de venir rencontrer le roi Abdallah de visu et de lui expliquer la détermination du président à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire », indi­quait durant la visite d’Obama un res­ponsable américain. Et d’ajouter : « La réunion a permis d’assurer au roi que nous n’accepterons pas un mauvais accord et que l’accent mis sur la question nucléaire ne signifie pas que nous ne sommes pas préoccupés (…) par les activités déstabilisatrices de l’Iran dans la région ».

L’autre inquiétude des Saoudiens est le dossier syrien. Les dirigeants saou­diens souhaitent que les Etats-Unis infléchissent leur position à l’égard des rebelles, que Riyad soutient activement. Ils se sont inquiétés par le passé des réticences de Washington à fournir des missiles sol-air aux insurgés, craignant qu’ils ne tombent entre les mains d’isla­mistes. Là aussi, les Américains ont fait preuve d’une certaine flexibilité. Ils seraient prêts à intensifier leur aide secrète aux rebelles syriens dans le cadre d’un programme en discussion avec leurs alliés au Proche-Orient, notamment l’Arabie saoudite. La famille régnante saoudienne, sunnite, juge impératif de faire tomber le régime d’Assad afin de faire barrage à la domi­nation de l’Iran chiite sur les pays arabes, point de vue que ne partage pas Washington. En aidant les insurgés, les Saoudiens espèrent modifier l’équilibre des forces pour amener les principaux soutiens du régime syrien à accepter l’idée d’une alternance politique.

Washington est soucieux de ne pas perdre ses alliés régionaux. Conclue à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’al­liance entre Riyad et Washington repose sur la sécurité fournie au Royaume par les Etats-Unis en échange de contrats pétroliers. L’Arabie, pilier de l’Opep, est le premier producteur et le premier exportateur de pétrole. En 2012, le pays restait le second exportateur d’or noir aux Etats-Unis, après le Canada .

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