Tandis que la date butoir de fin avril fixée par Washington pour la conclusion d’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens approche, l’administration Obama multiplie les efforts, pour tenter de trouver un terrain d’entente entre un gouvernement israélien toujours aussi obstiné et inflexible, et une Autorité palestinienne désormais au bord du désespoir. Lundi, Barack Obama recevait à la Maison Blanche le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Et le 17 mars, ce sera au tour du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, d’être reçu par le chef de l’exécutif américain.
L’Administration américaine tente de convaincre les deux parties d’accepter un projet d’accord-cadre traçant les grandes lignes d’un règlement définitif portant sur les questions dites de statut final comme les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens. Or, le projet en question présenté lors du dernier voyage au Proche-Orient du secrétaire d’Etat John Kerry est loin de faire l’unanimité. A l’issue d’entretiens avec John Kerry la semaine dernière à Paris, Mahmoud Abbas avait estimé que les idées proposées par le secrétaire d’Etat étaient « inacceptables et ne peuvent pas servir de base à un accord-cadre ».
En effet, les Palestiniens rejettent notamment l’exigence d’une reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël comme Etat-Nation juif, estimant que cela reviendrait à renoncer sans contrepartie au droit au retour des réfugiés palestiniens. Or, Benyamin Netanyahu a fait de cette reconnaissance une condition sine qua non d’un accord de paix. En outre, évoquant ses besoins en matière de sécurité, Israël exige de garder une présence militaire à long terme dans la vallée du Jourdain, le long de la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie. Une condition inconcevable : comment les Palestiniens pourraient-ils alors accepter que des soldats israéliens demeurent sur leur territoire après un accord de paix ?
La colonisation est l’autre grande question sur laquelle les négociations buttent, Israël refusant toujours de mettre un terme à la colonisation dans les territoires occupés. Un fait qui exaspère les Palestiniens.
Rien n’a fondamentalement changé donc depuis la reprise des pourparlers de paix en juillet dernier. Et à moins d’un miracle, il est probable que l’on se dirige vers un nouvel échec des négociations. Une situation à laquelle la communauté internationale est habituée depuis des années et dont la responsabilité incombe en premier lieu à l’Etat hébreu. Pourquoi ? D’abord parce que depuis des années, l’environnement politique en Israël est hostile à la paix, marqué notamment par une poussée de l’extrême droite et des partis religieux comme le Shass et Israel Beytenou. Ces partis fondamentalistes, qui possèdent une influence grandissante au sein de l’électorat, réclament publiquement l’expulsion de la population arabe d’Israël, y compris celle possédant la citoyenneté israélienne. Or, cette poussée de l’extrême droite a virtuellement paralysé les gouvernements israéliens successifs. Parallèlement, le mouvement des colons a acquis lui aussi une grande influence au sein des partis politiques, mais aussi de l’armée, rendant délicate toute tentative de démantèlement des colonies.
Mais ce n’est pas tout. La situation sur le terrain « encourage » cette intransigeance israélienne. Les gouvernements israéliens successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont suivi une politique de fragmentation des territoires palestiniens rendant problématique tout accord de paix basé sur la solution de deux Etats. La politique de colonisation se poursuit sans relâche, et les trois quarts des implantations ont été créés de façon illégale sans permis de construire. Le principe de la terre contre la paix, largement accepté aux accords d’Oslo, semble être parti en fumée.
Si Israël accepte aujourd’hui de négocier, c’est seulement pour alléger les pressions internationales et ménager son partenaire américain. Et si Israël continue à parler de paix, il s’agit d’une paix conditionnée, une paix à l’israélienne.
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