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Nabil Al-Arabi

Mercredi, 04 septembre 2024

Depuis le 7 octobre, je n’ai écrit que sur la lutte épique du peuple palestinien à Gaza, à l’exception d’une seule fois, lors du décès de mon ami de longue date, Dr Osman Mohammed Osman.

Aujourd’hui, je parle de nouveau avec tristesse de la mort de Nabil Al-Arabi, une personnalité égyptienne, arabe et internationale de haut rang, après une longue carrière dédiée à sa patrie, à la nation arabe et à la communauté internationale. Sa carrière est inscrite en lettres d’or dans l’histoire de l’Egypte et constitue une source d’inspiration pour les générations futures égyptiennes et arabes, illustrant les valeurs d’honnêteté, d’objectivité, de patriotisme, de respect des principes et de dignité.

La carrière de ce diplomate, figure de proue de l’école diplomatique égyptienne, est marquée par de nombreuses étapes importantes. Cependant, l’espace de cet article ne permet que de citer les plus significatives. Nabil Al-Arabi a dirigé l’équipe égyptienne qui a récupéré la ville de Taba, dans le Sinaï, composée de personnalités éminentes dans les domaines du droit international, de l’histoire et de la géographie. Je me souviens avec émotion du jour où ma faculté d’économie et de sciences politiques l’a invité à parler de cette grande réalisation. C’était la première fois que je rencontrais cette personnalité respectée. Je n’oublierai jamais la manière dont il parlait calmement, objectivement et avec douceur de cet événement. Ce qui m’a le plus frappé, c’est qu’il ne parlait pas de lui-même, mais du rôle de chaque membre de la délégation. Il avait même les larmes aux yeux en évoquant son éminent professeur, Hamed Sultan, qui avait formé les légendes du droit international en Egypte et dans le monde arabe, et qui lui avait un jour dit : « Nabil, j’ai pris de l’âge. N’hésite pas à me donner des conseils si tu penses que je me trompe ou que je donne un avis incorrect ». Ce jour-là, j’ai compris que j’étais face à un grand homme.

Avec de telles qualités, il était naturel qu’il occupe les plus hautes fonctions diplomatiques en Egypte. Il a été représentant permanent de l’Egypte aux Nations-Unies à Genève (1987-1991), puis à New York (1991-1999). Avec son parcours national et professionnel, il était logique qu’il soit élu juge à la Cour Internationale de Justice (CIJ), devenant ainsi le troisième Egyptien à occuper cette haute fonction judiciaire internationale après Abdel-Hamid Badawy et Abdallah Al-Erian. Je me souviens que l’éminent penseur Gamil Matar m’avait invité à un déjeuner en l’honneur d’Al-Arabi à cette occasion. Celui-ci a commencé son allocution de manière amusante en disant qu’il s’agissait d’une célébration de sa retraite, car il allait travailler dans un tribunal auquel personne n’a recours par crainte de la vérité que révèle le droit international. Cependant, le destin a voulu que la Cour se prononce durant son mandat sur le mur de séparation israélien, émettant un avis consultatif historique sur son illégalité.

Après la Révolution de Janvier 2011, son parcours professionnel lui a valu d’être nommé ministre des Affaires étrangères. Les quelques mois qu’il a passé à ce poste ont suffi à annoncer une politique étrangère égyptienne sobre et solide, dotée d’une vision nationale et arabe claire. Les circonstances ont fait qu’il n’a occupé ce poste que quelques mois avant de succéder à Amr Moussa à la tête de la Ligue arabe.

C’est au cours des années passées à la Ligue arabe que j’ai eu l’opportunité de me rapprocher de cette haute stature. J’occupais alors le poste de directeur de l’Institut de recherches et d’études arabes au Caire, affilié à l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences, l’une des organisations de la Ligue arabe. Je me souviens de son opinion sur les tentatives de certains pays arabes de donner le siège de la Syrie à la Ligue arabe à la coalition de l’opposition, et comment il a pu faire avorter cette erreur juridique grâce à ses arguments, sa logique et son courage dans la formulation de son opinion.

Les mémoires de Nabil Al-Arabi, tout comme celles de ses prédécesseurs Esmat Abdel-Méguid, Amr Moussa et de son successeur Ahmed Aboul-Gheit, représentent des documents importants sur la politique étrangère égyptienne et l’action arabe commune, méritant une étude attentive pour en tirer des leçons. J’espère que le ministre des Affaires étrangères, le secrétaire général de la Ligue arabe, le président du Conseil égyptien des affaires étrangères et le doyen de la faculté de droit de l’Université du Caire, où Nabil Al-Arabi a étudié, prendront les mesures nécessaires pour honorer cette haute personnalité qui nous a quittés, mais dont l’empreinte sur la politique égyptienne et arabe perdurera à jamais. Pourvu qu’il s’agisse d’une grande oeuvre nationale englobant toutes ces parties.

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