J’ai beaucoup de regrets pour ces masses dans les rues se guettant les unes les autres sur fond d’idées erronées. Cette jeunesse rêve d’un changement qui s’avère hors de leur vécu. Les acteurs politiques ont manipulé les jeunes tout en étant parfaitement conscients des retombées dangereuses que cela pourrait engendrer. Lorsque la révolution s’est déclenchée, son vrai moteur a été les jeunes, dont les cris et l’enthousiasme faisaient trembler le monde.
Peu après la chute du régime, les jeunes de la révolution se sont divisés après avoir été unis pour réaliser un même rêve, rassemblés sous un même étendard. Plusieurs autres étendards ont émergé, marquant l’entrée sur la scène des Frères musulmans. Et c’est là que la marginalisation, l’exclusion et les tractations ont commencé avec les forces politiques.
A l’heure actuelle, tout le monde joue sur le fil de la jeunesse, des institutions étatiques aux intellectuels qui s’estiment être l’élite. Parlons d’abord des jeunes issus des Frères musulmans, qui se sont égarés à cause de leaders aventuriers qui les ont mobilisés dans les rues et places du pays. Leur périple a commencé avec les pierres et s’est terminé sous les balles. Comment cette jeunesse est-elle passée de l’arène de la religion à celle du terrorisme ?
Que leur reste-t-il ? Ils ont ciblé leurs universités qu’ils devaient protéger. Ils ont pratiqué les pires formes de terrorisme qui n’a jamais été un moyen d’assurer le changement. Les jeunes Frères se sont divisés et rien maintenant ne les rassemble. Les leaders sont en prison, leurs idées sont condamnées par la société. L’avenir est flou pour cette faction qui s’est égarée. L’élite avec sa jeunesse s’est divisée entre le Front national du salut, les Frères, le mouvement populaire, les partis et chaque faction imagine qu’elle monopolise, à elle seule, la réalité. Même le mouvement Tamarrod n’a pas résisté et a été atteint des maux de l’élite égyptienne et s’est fragmentée. Il représentait le rêve de l’union entre les jeunes. Or, nous ne voulons pas que les jeunes se cantonnent dans de simples masses criant ici ou là ; nous voulons des jeunes unis par un rêve, le changement et la conscience des dangers et des revendications d’avenir.
Il existe en Egypte un ministère pour la jeunesse, un autre pour les sports, responsable des questions sportives et de la jeunesse. L’Egypte grouille également d’institutions spécialisées dans les affaires de la jeunesse, au niveau intellectuel comme culturel.
Au milieu de tout cela, l’institution présidentielle a entamé un dialogue avec les différentes catégories de jeunes. Mais je ne vois pas comment ces tables rondes se tiennent en l’absence du ministère de la Jeunesse et du Sport, qui s’avèrent être les organismes responsables à qui l’Etat consacre des fonds et budgets énormes. Comment peut-on exclure le ministre du Sport de la participation à de telles réunions, d’autant plus que le thème central débattu est l’état des jeunes ... Tout ceci ne fait qu’approfondir la scission entre les jeunes. Il aurait fallu que ces rencontres soient organisées par les appareils responsables de la jeunesse et parrainées par l’institution présidentielle, loin des partis pris ou divergences.
Bref, je dirais que tout le monde a essayé de manipuler les jeunes. L’élite religieuse et celle civile tenaient à attirer ces jeunes qui sont l’avenir de la nation. Malheureusement, certains ont joué un rôle négatif en les marginalisant ou encore en les excluant. L’élite n’a pas su mettre en valeur le dialogue et ces divergences d’opinions. L’élite religieuse, quant à elle, a échoué à affirmer les valeurs de solidarité, de conscience, et à lutter contre la rigidité intellectuelle. L’institution présidentielle a, à son tour, échoué à procurer un climat en mesure d’assimiler toutes les tendances.
Sauver cette génération de jeunes est de la responsabilité de la nation. Car elle se trouve impliquée dans les conflits où l’élite les a manipulés et instrumentalisés par opportunisme .
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