Mardi, 17 septembre 2024
Opinion > Opinion >

Les choix de l’Iran

Mercredi, 14 août 2024

Il ne semble pas possible qu’Israël accepte prochainement un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

D’autant plus que les déclarations du premier ministre Benyamin Netanyahu, lors de sa réunion ministérielle hebdomadaire du 4 août, prêtent à croire le contraire et laissent présager un attachement de Tel-Aviv à sa politique intransigeante. Cette politique vise à transférer l’épicentre de la guerre de Gaza vers l’Iran, le Liban, le Yémen et l’Iraq, conformément aux calculs et aux intérêts de Netanyahu.

Dans ce contexte, une question s’impose : pourquoi Israël persiste-t-il à appliquer cette politique ? Tout simplement parce que la coalition de droite au pouvoir estime que cela est en accord avec ses intérêts étroits. Le transfert de l’épicentre de la guerre loin de Gaza lui permet d’échapper aux efforts intenses déployés par diverses forces, notamment l’Egypte, pour parvenir à un cessez-le-feu et mettre un terme à la souffrance humanitaire des Gazaouis. Ainsi, le discours selon lequel Netanyahu serait sous pression de la part de ses alliés de droite pour ne pas conclure un accord de cessez-le-feu n’est pas correct, d’autant que le premier ministre se montre peu sensible aux données actuelles sur le terrain et entend persister dans sa politique intransigeante.

Selon la vision de Netanyahu et de ses alliés, l’escalade de la tension militaire avec Téhéran au niveau actuel place ce dernier dans une impasse avec des choix limités. Soit l’Iran répondra à l’assassinat du dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ce qui servira les intérêts de Netanyahu et de ses alliés, qui ne veulent pas conclure un cessez-le-feu à Gaza. Dans la foulée, Tel-Aviv cherche à obtenir un soutien international en cas d’attaque iranienne. L’autre option pour Téhéran est d’éviter une offensive militaire directe contre Israël, ce qui le ferait apparaître comme incapable de protéger ses hôtes et de répondre aux ingérences sécuritaires répétées sur son territoire.

Dans ce cas, la balle sera dans le camp de l’Iran et de ses agents. Il est probable que cet axe réponde à toutes les frappes qualitatives récemment subies, telles que l’attaque israélienne contre le port yéménite de Hodeïda le 20 juillet dernier, l’attentat contre le commandant militaire du Hezbollah, Fouad Chokr le 30 juillet et l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran le lendemain. Le coût de l’inaction serait plus élevé que celui de la riposte. Le silence signifierait l’érosion ou la fin de la force de dissuasion contre Israël, une équation qui a mobilisé de nombreuses ressources militaires et économiques.

Cependant, cette riposte doit prendre en compte deux dangers. Le premier est la nécessité d’éviter le déclenchement d’une guerre globale au Moyen-Orient, ce qui est l’objectif visé par Tel-Aviv. Le second est d’éviter que les Etats-Unis ne s’impliquent dans ce conflit, allant jusqu’à mener des frappes militaires contre des objectifs en Iran, ce qui pourrait aggraver la situation.

Dans ce contexte, l’Iran est appelé à évaluer correctement les conséquences potentielles d’une frappe et à être conscient des options qui s’offrent à lui, au nombre de trois. La première est de mener lui-même une frappe plus forte que celle effectuée contre Israël le 13 avril dernier en réponse au raid israélien contre son consulat à Damas et au meurtre du commandant de la force Al-Qods au Liban et en Syrie, Mohammad Reza Zahedi, début juillet. La deuxième option est d’exécuter simultanément une frappe avec celles des milices alliées, qui ont été récemment touchées par des frappes israéliennes. La troisième option est de mener ces frappes à différents moments.

L’important est que la cause fondamentale, celle de mettre un terme à la guerre contre Gaza, ne se perde pas dans la mêlée des attaques et contre-attaques. Ce qui accroît le danger, c’est que chaque partie dans l’escalade régionale actuelle cherche à exploiter les autres pour servir ses propres intérêts, quelles que soient les répercussions sur le peuple palestinien. Israël utilise la guerre à Gaza pour régler ses comptes avec ses opposants régionaux. Pendant ce temps, l’Iran cherche à tirer avantage de sa position dans la guerre pour obtenir des gains dans d’autres dossiers qui pourraient être plus importants pour lui. Enfin, tout ce qui se passe prouve la pertinence et l’importance de la politique adoptée par l’Egypte, qui place la question palestinienne au sommet de ses priorités afin de mettre fin aux souffrances du peuple palestinien.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique