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Edito: Dialogue de sourds

Al-Ahram Hebdo, Lundi, 20 janvier 2014

Organisée par les Etats-Unis et la Russie sous la supervision de l’Onu, la conférence dite Genève-2 doit débuter ce mercredi à Montreux en Suisse avec l’objectif de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 130 000 morts, des millions de réfugiés et de déplacés depuis mars 2011. Après de longues et difficiles tractations, la Coalition de l’opposition syrienne (opposition modérée soutenue par l’Occident), divisée sur l’opportunité de s’asseoir à la table des négociations avec les représentants du régime de Damas, a finalement accepté de se rendre à Montreux et de négocier avec le pouvoir syrien. Mais un accord entre les deux parties est-il possible ? Tout porte à croire que non. La conférence se présente déjà comme un dialogue de sourds. Le chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Ahmad Jarba, a déclaré que l’opposition se rendait à la conférence de paix de Genève-2 avec comme seul objectif de « se débarrasser du président Bachar Al-Assad ». « Les négociations de Genève-2 ont comme unique but de satisfaire les demandes de la révolution (...) et avant tout de retirer au boucher (Assad) tous ses pouvoirs », a déclaré Ahmad Jarba peu après le vote de la Coalition entérinant sa participation à la conférence. Or, pour le régime de Bachar Al-Assad, il est hors de question de céder le pouvoir. Le régime de Damas se dit prêt à négocier une solution politique du conflit mais sans le départ de Bachar Al-Assad, une option rejetée par l’opposition qui insiste sur le fait que toute transition en Syrie doit impliquer une remise du pouvoir exécutif à une nouvelle autorité.

Dans de telles conditions, la présence des deux protagonistes à Montreux répond seulement à des objectifs tactiques. Pour le régime syrien il s’agit avant tout d’améliorer son image sur la scène internationale. Conforté par la tournure des événements sur le terrain et par un changement d’attitude des Occidentaux qui, craignant l’avènement d’un régime fondamentaliste en Syrie, ont modéré leur appui à l’opposition, le régime de Damas veut montrer sa « bonne volonté ». C’est dans ce contexte que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a proposé cette semaine un cessez-le-feu à Alep et un échange de prisonniers avec l’opposition. Une offre reçue avec suspicion par cette dernière. De l’autre côté de la barre, l’opposition modérée, affaiblie par ses divisions internes et par l’apparition sur le terrain de groupes djihadistes hostiles, ne voulait pas qu’on lui fasse porter la responsabilité d’un échec de Genève-2.

L’éventualité d’un accord de transition en Syrie paraît minime au vu de l’extrême complexité de la situation sur le terrain et des divergences entre les grandes puissances, avec pour conséquence un risque accru d’une poursuite de la guerre civile qui déstabilise toute la région.

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