Avec le référendum sur la Constitution, le gouvernement, l’armée et le peuple auront accompli une des trois étapes électorales planifiées. Ces étapes électorales dépassent la simple expression de l’humeur politique donnée d’un peuple. C’est plutôt l’expression de la volonté d’un peuple de dépasser une difficile crise et d’échapper aux tentatives d’occupation intérieure par un parti adoptant le fascisme religieux, exécutant un agenda extérieur avec une hégémonie sur le pays.
Mais un choix important doit être fait : des élections parlementaires avant ou après la présidentielle ? Pour atteindre une solution, essayons de nous mettre à la place du président actuel et de savoir laquelle des deux aventures sera la plus difficile pour l’Egypte.
Si la décision va vers une élection présidentielle en premier, le résultat des législatives ira certainement vers le parti du président. Et là, le vote se dirigera vers la stabilité et la tentative de choisir un parti consensuel pour que le premier ministre soit issu du même courant. C’est ainsi qu’il y aura une entente entre les différentes institutions, et un pas en avant efficace sera accompli.
Mais si les élections législatives se tiennent avant la présidentielle, il est évident que conformément à la Constitution, un cabinet ministériel sera imposé au président avant d’être élu. C’est-à-dire que l’on peut avoir des partisans du courant fasciste au pouvoir. Ceci signifie s’engager dans une aventure encore plus risquée concernant l’influence du Parlement sur le choix du président.
Pour être objectif et selon l’humeur politique générale, tout le monde penche pour la première option qui est la moins dangereuse et qui fera certainement moins de dégâts. En effet, les choix probables sont en quelque sorte rassurants pour l’électeur. Les noms qui commencent à apparaître sur la scène sont le général Ahmad Chafiq, Hamdine Sabbahi, le général Mourad Mowafi, Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, le général Anan et bien sûr tous ces noms face au général Al-Sissi.
La vérité est que le général Al-Sissi est hors concurrence. De nombreux observateurs pensent que s’il prend la décision de s’engager dans la course présidentielle, c’est pour sauver l’Egypte du danger des Frères musulmans dans le cas où il y aurait des incertitudes sur le résultat des élections. A cause de la popularité envahissante du général Al-Sissi, personne d’autre ne pourra entrer en concurrence avec lui jusqu’au second tour. Dans ce cas, le peuple devra s’engager dans une seule aventure qui consiste à affronter les fortes pressions étrangères qui accuseront l’armée d’avoir effectué un coup d’Etat, même si Al-Sissi remporte les élections les plus intégrales du monde.
Mais qu’en sera-t-il si Al-Sissi ne s’engage pas dans la course présidentielle et si seuls les noms précités déposent leur candidature, c’est-à-dire 3 militaires et 2 civils ?
Là, l’équation sera très difficile à résoudre car les voix seront éparpillées. D’un côté, il y aura ceux qui penchent pour les forces traditionnelles partisanes de l’Etat et de la stabilité, c’est-à-dire pour les candidats de culture militaire. Et d’un autre côté, les voix civiles refusant l’aspect militaire se regrouperont derrière Hamdine Sabbahi (nassérien) ou n’importe quel autre candidat civil. Mais le danger réside dans le troisième bloc, celui qui regroupera les voix penchant vers un seul candidat de référence religieuse.
Pour que la concurrence du courant religieux soit possible au second tour, le plus probable est que ce courant donne ses voix à un candidat de référence militaire mais qui serait théoriquement loin de ce courant, et dont les positions seront de préférence en désaccord avec celles du général Al-Sissi. Il se peut aussi que le courant fasciste choisisse un concurrent peu connu. Mais cette dernière éventualité est peu probable pour la simple raison que la naïveté électorale n’existe pas chez les Frères musulmans.
Donc le candidat militaire des Frères peut récupérer plus de 5 millions de voix dont la moitié sera achetée, exactement comme cela s’est passé avec Mohamad Morsi, peu doué en politique et appelé « roue de secours ».
Le peuple se trouvera donc au second tour face au candidat du courant civil représenté par Sabbahi ou n’importe quel autre candidat civil et face au candidat des Frères caché derrière sa référence militaire. Par intuition et en raison des circonstances actuelles, les Egyptiens ne s’aventureront plus avec un candidat civil et ils décideront de voter pour un militaire même s’il existe des doutes sur ses intentions. Et c’est ainsi que nous aboutirons à une nouvelle catastrophe.
Mais au cas où un seul candidat du camp traditionnel Mowafi-Chafiq (les hommes forts de l’Etat) déposerait sa candidature et parviendrait au second tour, la question sera facilement tranchée en faveur du candidat de ce camp qui obtiendra aussi les voix des électeurs civils puisque les deux généraux sont des victimes des Frères musulmans. Chafiq a été poursuivi en justice et Mowafi a démissionné de son poste à la tête des services de renseignements généraux.
La question qui reste est la suivante : le général Al-Sissi prendra-t-il le risque de ne pas s’engager dans la course présidentielle ? Peut-être. Et dans ce cas tout le monde doit accorder la priorité à l’intérêt du pays.
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