Le terrorisme reste l’un des crimes les plus atroces du nouveau siècle et constitue la menace la plus féroce contre l’humanité. Mais la définition du terrorisme reste vague et diffère d’un lieu à un autre. Par exemple, en tentant de le définir en partant du principe de la légitimité du recours à la violence, il aurait ainsi une dimension politique. Et si le terrorisme est défini en tant que violence contre les civils, ne faut-il pas également prendre en considération la violence contre le pouvoir, qu’il soit légitime ou non ? Alors que ceux qui pratiquent cette violence se décrivent comme étant des forces de résistance contre l’occupation.
Mais existe-t-il vraiment une dimension politique dans la définition du terrorisme ?
Prenons Al-Qaëda comme exemple mondial de terrorisme, conformément à la description lancée par les Etats-Unis d’« organisation terroriste » après l’attentat terroriste le plus célèbre qui a eu lieu en 2001. Les Etats-Unis, l’Occident et derrière eux le monde entier s’étaient alors engagés dans une guerre contre les organisations et les bandes cachées derrière une fausse légitimité religieuse compliquée, se donnant de faire la guerre contre l’humanité.
La guerre contre le terrorisme était importante et a touché de nombreux pays qui n’ont jamais abrité de terrorisme de façon directe, mais les Etats-Unis étaient convaincus que la relation entre ces Etats et les organisations terroristes menaçait sa sécurité nationale. Par exemple, les Etats-Unis ont occupé l’Iraq estimant qu’une implication signifiait une participation au terrorisme.
Le monde a gardé le silence face au droit de l’Occident de se défendre et de lutter contre le terrorisme. Et même les Arabes — dont l’Egypte — ont fait la guerre côte à côte avec l’Occident et ont assumé une part des répercussions des combats. L’Egypte avait alors pris le parti de l’humanisme et du principe de la légitimité de l’Etat, de son droit à agir pour sa sécurité nationale et ses citoyens, et de son droit à répondre à l’agression.
L’Egypte a soutenu l’Occident partant du principe que les droits de l’homme et l’égalité sont des principes généraux, absolus et incontestables. Mais quand le terrorisme s’est transféré sur les terres arabes, il a intégré un concept occidental nouveau et surprenant.
Quand la scène du combat s’est transposée en Syrie, voilà que l’Occident décrit Al-Qaëda et ses assassins comme une résistance légitime contre un gouverneur injuste. Oubliant ainsi toutes les chartes internationales et oubliant que ses assassins font partie de forces multinationales qui commettent des actes armés sur des terres étrangères, ce qui constitue un crime international. L’Occident est même allé jusqu’à un éloge d’Al-Qaëda qui, dans le cas de la Syrie, est devenu des « combattants pour la liberté ! ».
Voilà que l’Occident est désormais le parrain officiel de l’armée de Nosra (l’armée d’Al-Qaëda) qui est « officiellement » une armée terroriste, selon la définition que l’Occident lui-même lui avait octroyée.
Dans le cas de l’Egypte, l’Occident et ses Nations-Unies n’ont pas adopté de position éthique ou humaine, mais une position politique. Quand l’armée égyptienne est intervenue pour soutenir la révolution du 25 janvier qui concordait politiquement avec la volonté de la Maison Blanche, elle a été bénie et remerciée à travers les médias et les cercles internationaux. Mais en intervenant de la même façon, cette fois-ci contre le président Morsi, cette intervention a été décriée comme un coup d’Etat. Les Etats-Unis et l’Occident se sont éthiquement trompés en considérant que l’encerclement de la Haute Cour constitutionnelle par les alliés d’Al-Qaëda en Egypte était une manifestation ordinaire et non du terrorisme.
La Maison Blanche s’est aussi trompée en considérant que la légitimité des urnes passe avant tout, et même avant la Constitution et la loi, puisqu’ils n’ont pas considéré les déclarations constitutionnelles de Morsi comme du terrorisme. Ils se sont également trompés en soutenant un gouverneur qui a pratiqué la violence et dont les milices armées ont pris les armes contre les citoyens.
C’est ainsi que l’idée que l’Occident est l’allié du peuple égyptien s’est effondrée alors que le peuple n’a pu voir que quelques communiqués de condamnation de la part des Etats-Unis face à des actes terroristes féroces commis en Egypte. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour les Egyptiens était le rejet, par l’Occident, de la classification du groupe des Frères musulmans comme groupe terroriste et parrain politique et financier du terrorisme, en prétendant avec naïveté que c’est un parti politique, bien que les explosions terroristes revendiquent le retour de Morsi, c’est-à-dire le retour du chef du parti terroriste.
La position de l’Occident et des Nations-Unies est lamentable. Il est clair que l’humanisme et les droits de l’homme sont devenus sélectifs et politisés. Le terrorisme n’est considéré comme un crime que quand il est contre l’Occident. Dans ce contexte, il est tout à fait naturel de prévoir la fin du rôle politique des Frères musulmans dans la région et même la fin du rôle douteux de l’Occident lui-même.
Si l’Occident se donne le droit de lutter contre le terrorisme partant d’un doute, l’Egypte a le droit d’en faire de même partant d’une certitude .
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