Selon un rapport de l’Institut international de Stockholm de la recherche sur la paix, les dépenses militaires mondiales ont atteint 2,4 trillions de dollars l’année passée, avec une hausse de 6 %, c’est-à-dire 24 milliards de plus qu’en 2022. Cette hausse tient à plusieurs raisons. Premièrement, l’accentuation de la polarisation internationale entre les superpuissances axée sur l’ordre mondial entre les Etats-Unis et ses alliés d’un côté, la Chine et la Russie et leurs alliés de l’autre. Les Etats-Unis tiennent à un ordre unipolaire marqué par leur hégémonie, tandis que la Russie et la Chine insistent à instaurer un système mondial bipolaire, à travers la possession de la force globale, en particulier la puissance militaire. C’est pour cela que les dépenses militaires de ces 3 Etats comptent pour plus que la moitié des dépenses militaires mondiales. Le budget militaire américain a atteint 916 milliards de dollars, suivi par celui de la Chine, qui a dépensé 296 milliards, alors que la Russie a dépensé 103 milliards, ce qui reflète l’existence d’une grande course à l’armement entre les 3 pays, qui se concentre sur le développement des armes stratégiques et intelligentes et des systèmes sophistiqués de défense.
La deuxième raison porte sur l’augmentation du nombre de guerres et de crises dans le monde, que ce soit entre les Etats comme c’est le cas de la Russie et l’Ukraine ou de l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ou les guerres civiles au Proche-Orient comme au Soudan, en Libye, au Yémen et en Syrie. Sans parler de l’agression israélienne contre Gaza et des conflits politiques et militaires dans plusieurs pays africains comme au Niger, au Mali et au Burkina Faso, entre autres. Il existe aussi des tensions à l’est de l’Asie, en particulier entre les Etats-Unis et la Corée du Nord et entre la Chine et Taïwan. Ces conflits augmentent à cause des guerres par procuration que se livrent les superpuissances. Le choc militaire direct entre elles n’est pas possible à cause de l’équilibre nucléaire. C’est pour cela que les superpuissances nourrissent les conflits et les guerres civiles dans le cadre de leur rivalité pour la puissance à l’échelle planétaire. De plus, les politiques américaines dans les différentes régions du monde ont causé la militarisation des relations internationales.
Washington a fondé des partenariats avec ses alliés pour faire face à la Russie et à la Chine et a employé la « russophobie » pour pousser ses alliés européens vers plus de dépenses militaires.
La troisième raison porte sur l’absence de confiance envers les institutions internationales chargées du règlement pacifique des conflits, avec en tête le Conseil de sécurité, qui a échoué à assumer son rôle de protéger la sécurité et de maintenir la paix internationale à cause de la composition du Conseil et du système de prise de décision. Les superpuissances ont recours au droit de veto contre toute décision qui porte atteinte à leurs intérêts ou aux intérêts de leurs alliés. Ainsi, le droit de veto a été employé dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que l’agression israélienne contre Gaza et bien d’autres crises. A cause de ce mécanisme de prise de décision, la majorité des conflits est gérée loin du Conseil de sécurité, et c’est pour cela qu’ils durent longtemps sans solution.
Nombreux Etats ont eu recours à l’armement et à l’augmentation de leurs capacités militaires afin de pouvoir compter sur eux-mêmes pour garantir leur sécurité contre les sources de menace qui se multiplient, les ingérences des superpuissances et les dangers du terrorisme.
Le système de sécurité collective prévue par le septième chapitre de la Charte des Nations-Unies est censé dépendre de la solidarité entre les différents Etats, en particulier les superpuissances, pour faire face aux sources de menace à la paix internationale. Or, ceci ne s’est pas réalisé à cause du conflit entre les superpuissances et le recours au droit de veto.
Cet état de non-règlement pacifique des conflits affecte les possibilités de faire face aux menaces mondiales comme le changement climatique, l’insécurité alimentaire et les épidémies. Cet état affecte aussi la réalisation du développement économique et augmente le nombre des personnes souffrant de famine, des réfugiés et des déplacés dans le monde.
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