La violence devient un outil politique et la scène se retrouve dans tous les pays du Printemps arabe. En effet, le conflit entre les régimes renversés et les révolutionnaires s’est transformé en affrontements sanglants. Et c’est le simple citoyen qui s’est révolté pour une vie meilleure qui paye le prix à chaque fois que le conflit pour le pouvoir gagne en acharnement. Et voilà que le sang, la mort et la destruction dominent la scène en Egypte et dans les Etats du Printemps arabe.
En Egypte, la tension et la polarisation ont augmenté à la suite de la déclaration constitutionnelle promulguée par l’ex-président Morsi en novembre 2012, qui s’était octroyé des prérogatives et des immunités quasi divines dans le cadre d’une série d’erreurs politiques accumulées depuis le référendum du 19 mars 2011. La conséquence a été la tenue d’élections présidentielle et parlementaires avant la rédaction de la Constitution et la détermination des prérogatives du nouvel occupant du palais présidentiel. C’est ainsi que Morsi s’est octroyé, ainsi que son groupe et courant de la droite extrémiste, tous les droits au détriment du peuple et des forces politiques révolutionnaires qui sont sortis dans la rue le 25 janvier 2011 contre le régime Moubarak. La situation a alors abouti à un état de polarisation, de tension et de crises politiques, économiques et sécuritaires graves. Les places de la capitale et des gouvernorats ont été témoins d’entrechoquements violents et de manifestations énormes durant lesquels sont tombés de nombreux martyrs. Et cela jusqu’à ce que le peuple se mette d’accord sur la date du 30 juin 2013 pour déclencher une nouvelle révolution et renverser le pouvoir des Frères musulmans.
A cette nouvelle révolution populaire du 30 juin 2013 s’est alignée l’armée, comme lors de la révolution du 25 janvier 2011. Mais les partisans de Morsi ont poursuivi leurs sit-in sur deux places du Caire pendant 45 jours, réclamant le retour de leur président, de sa Constitution et de sa légitimité. Leur rôle était de mobiliser les partisans du président déchu, leur promettant le paradis en les remontant contre les auteurs du coup d’Etat. C’est alors que chacun de leur défilé s’est transformé en heurts violents causant des morts et des blessés, en plus du blocage des routes, des dégâts matériels, alors que dans certains quartiers, les habitants ne pouvaient pas sortir de chez eux.
Vient alors la décision de disperser les sit-in avec comme résultat des centaines de morts et de blessés selon l’Organisme de médecine légale, et des milliers selon les Frères musulmans et leurs partisans. Tout ceci a abouti à de fortes divergences politiques, à des violences verbales et à des échanges d’accusations de traîtrise entre les pro et anti-dispersion des sit-in.
Les rues et les universités se sont alors transformées en champ de bataille entre les partisans de Morsi d’un côté, et les forces de police, de l’armée et les citoyens de l’autre, dans des scènes sanglantes avec hommes, femmes, vieillards, enfants et chrétiens. Les églises, les mosquées et les biens publics et privés ont été incendiés, les routes, les ponts et les tunnels ont été coupés, ce qui a influencé tous les aspects de la vie quotidienne du pays. Cela a coïncidé avec une guerre déclenchée par l’armée et la police contre le terrorisme dans le Sinaï et dans un nombre de villes égyptiennes après que les groupes terroristes, qui soutenaient le pouvoir de Morsi, eurent décidé de déclencher des attaques contre les forces armées, visant leurs officiers, leurs soldats et leurs bâtiments. De nombreux attentats ont été commis grâce à un soutien logistique, politique et médiatique de parties régionales et internationales, que ce soit des groupes ou des Etats. Et cette guerre entre les forces armées et le terrorisme n’a pas encore pris fin.
La situation dans le reste des pays de la région ne diffère pas beaucoup, alors que la révolution du 30 juin 2013 a stoppé le courant de la droite extrémiste et sa domination sur un nombre de pays du Printemps arabe, dévoilant la réalité du soutien international et régional à ce projet. Des dizaines de victimes tombent chaque jour en Syrie, alors que toutes les tentatives visant à parvenir à une solution politique ont échoué. Et en Tunisie, sévit un état de polarisation avec des assassinats commis contre les activistes qui refusent le projet des Frères musulmans et de la droite extrémiste. En Libye, les institutions de l’Etat se sont effondrées, ainsi que l’armée et la police, laissant le pays entre les mains des milices armées. Le pays vit dans un conflit continu entre les groupes extrémistes et les tribus, et il est devenu un camp de formation d’éléments criminels dangereux. La situation est la même au Yémen, au Soudan et en Iraq.
La tempête de la violence a même touché d’autres Etats de la région comme la Turquie, devenue partie de tous les conflits et les combats, par incitation, financement ou armement, alors que sur le territoire turc, les manifestations pour la liberté et les droits sont réprimées .
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