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La protection du projet national

Mercredi, 24 avril 2024

Le projet national égyptien a plusieurs caractéristiques, notamment une vaste renaissance urbaine et une nouvelle philosophie qui régit cette expansion urbaine de manière à établir une nouvelle relation entre les Egyptiens et leur géographie et à lancer de nouveaux secteurs économiques.

Des dizaines voire des centaines d’années se sont écoulées sans que l’Etat possède un projet national clair. Un tel projet est lié à la présence d’un leadership politique profondément convaincu de l’importance du changement et de la modernisation et possédant une vision déterminée de cette modernisation, ainsi que des défis auxquels un tel projet est confronté. C’est ce qui se passe en Egypte depuis 2014. Avec l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi, l’Egypte a lancé son projet de développement qui l’a placée parmi les économies émergentes.

L’Egypte a commencé le développement de certains nouveaux secteurs de manière à modifier la structure de l’économie égyptienne comme les secteurs de la logistique et des métaux rares. Elle a aussi entrepris la création d’un nouvel amalgame d’éléments de croissance afin de renforcer la résilience de l’économie égyptienne face aux violentes mutations internationales et régionales et d’augmenter le poids relatif des secteurs économiques non liés aux services (industrie et agriculture). Sur le plan politique, l’appel au Dialogue national apparaît comme un cadre permettant d’établir un consensus sur les priorités de l’action nationale, d’approfondir le processus de réforme au sein de la société et de revoir les structures législatives, économiques et sociétales. Sans oublier les politiques d’autonomisation des femmes et des jeunes, vu leur importance au sein de la société et leur rôle dans l’accélération de tout processus de réforme.

Ce sont là les plus importantes caractéristiques du projet national égyptien. Malheureusement, certains n’ont pas lu correctement la philosophie de ce projet. Ils n’y ont vu qu’un seul aspect, à savoir la modernisation des infrastructures qui représente d’ailleurs le dénominateur commun des nombreuses expériences de développement qui nous ont précédés comme celle de la Chine. Celle-ci a commencé son expérience de développement à la fin des années 1970, comme l’a confirmé une délégation académique du Conseil d’Etat chinois, dirigée par le Dr Zhang Yantong, vice-président du conseil, lors de sa visite au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram en juin 2023. Celui-ci a indiqué deux caractéristiques fondamentales de l’expérience de développement chinoise. La première est qu’elle a commencé par la modernisation de l’infrastructure et la seconde est le rôle important joué par l’Etat dans le lancement et l’accélération du processus de développement.

Le succès de tout projet national passe aussi par une stratégie de protection. Un projet national ne fonctionne pas en vase clos ; il est donc naturel qu’il soit confronté à des défis internes et externes. Sur le plan extérieur, le projet national égyptien opère dans un environnement régional en crise (l’effondrement de l’Etat dans de nombreux pays voisins, l’émergence d’acteurs armés n’appartenant pas à l’Etat, l’existence de projets hégémoniques régionaux basés sur une alliance entre certains Etats et des acteurs non étatiques, le retour des conflits armés dans la région, la persistance des organisations terroristes ...). Il en va de même pour l’environnement international en proie à un conflit indirect autour de l’ordre mondial entre la Russie d’une part et les Etats-Unis et l’OTAN d’autre part, et à une rivalité stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, qui peut à tout moment se transformer en un conflit direct. Cet environnement conflictuel a des répercussions négatives sur le projet national égyptien, tant sur le plan politique qu’économique.

Ainsi, lorsque la direction politique lance son projet national, elle doit nécessairement le protéger. Certains projets de développement se sont effondrés parce qu’ils n’étaient pas liés à des stratégies nationales qui les protègent. Compte tenu de ces considérations, nous comprenons la centralité du concept de l’Etat national dans le discours du président Abdel Fattah Al-Sissi depuis 2014, ainsi que l’importance de consolider ce concept dans les pays de la région et d’écarter tout projet parallèle soutenu par des milices, des organisations ou des acteurs non étatiques. Nous comprenons également pourquoi l’Egypte s’engage positivement dans les crises régionales pour aider les pays en crise à se remettre sur les rails au moyen de processus politiques nationaux. Nous pouvons aussi comprendre la politique étrangère équilibrée de l’Egypte vis-à-vis des puissances internationales qui vise à lui épargner d’assumer le coût des conflits en cours ou potentiels au sommet de l’ordre mondial. Nous pouvons également comprendre la volonté du président Sissi de ne pas impliquer l’Egypte dans les conflits de la région tant que la sécurité nationale de l’Egypte n’est pas directement menacée. Dans ce contexte, nous pouvons enfin comprendre pourquoi il est primordial de protéger la sécurité nationale de l’Egypte dans cet environnement régional et international turbulent et de continuer à travailler en vue de renforcer les relations équilibrées avec toutes les parties dans ce monde nouveau comme l’a souligné le président dans son discours d’investiture le 2 avril.

Sur le plan interne, le terrorisme est le plus grand défi auquel est confronté le projet national. L’Etat égyptien a réussi au cours des dix dernières années à anéantir cette menace et à démanteler ses mécanismes et ses structures financières. Mais cette menace n’est pas la seule, il est indispensable de renforcer la sensibilisation quant à l’importance de ce projet et aux menaces auxquelles il est confronté. Ainsi, il est important de comprendre que tout projet national est confronté à de tels défis et qu’il suscite en même temps des visions, des perceptions et des intérêts différents. Ces disparités sont naturelles, mais elles ne doivent pas prendre le dessus sur notre foi en notre projet national et sur la nécessité de lui conférer tous les éléments de la réussite. Ceci explique l’intérêt constant apporté par le président Sissi à la question de la prise de conscience. Jusqu’à présent, le peuple égyptien a fait preuve d’une grande conscience en assumant le coût de la réforme économique et notamment en attribuant au président Sissi un nouveau mandat présidentiel afin qu’il mène à bien notre projet national.

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