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L'entente, la diversité et la justice

Mardi, 10 décembre 2013

Plus les citoyens assimilent la signification réelle de l’entente et la pratiquent, plus l’Etat et la société évoluent. A l’inverse, l’absence d’entente signifie une régression de l’Etat moderne vers une société dirigée par les appartenances et les liens tribaux. En principe, l’entente est un processus visant à renouveler le principe de vie commune entre les citoyens. L’entente est la plateforme de toutes les relations sociales, assumant une mission nationale qui est de rapprocher les points de vue, tout en reconnaissant que la base de la société est la diversité.

La formation et l’évolution des sociétés sont basées sur l’authenticité de la diversité, la légitimité du pluralisme, la citoyenneté et l’égalité. Ces principes doivent éviter une appropriation de la vérité absolue : l’entente devient inutile dès qu’une faction ou un groupe insiste à donner la priorité à ses propres intérêts, parfois en s’armant de la religion, et toujours sans prendre en considération les intérêts des autres factions, et par conséquent les intérêts publics.

Les expériences des Etats qui ont connu des conflits sociaux prouvent que ces conflits ont eu lieu parce qu’une faction a choisi son propre projet au détriment d’un projet national.

Aujourd’hui, le plus dangereux dans la situation que nous vivons c’est que ceux qui s’arment de la religion d’un côté, et ceux qui monopolisent la révolution de l’autre, tentent de reproduire une époque révolue. Ils exploitent le fait que certaines couches de la société se lassent de la longueur de la phase transitoire ou n’assimilent pas combien la question est compliquée. Nous continuerons à tourner dans un cercle vicieux.

C’est pour cela que l’entente est primordiale : elle empêche de cloner le passé ou de reproduire des politiques qui ont mené à des échecs répétés. L’entente empêche aussi l’imposition d’un exemple religieux sous prétexte qu’il est le meilleur, comme si l’Egypte découvrait la religion pour la première fois.

De façon générale, il est impossible de poursuivre les processus politiques actuels sans changements radicaux. Il faut que tous acceptent de modérer leurs positions pour trouver des formules créatives dans le but de parvenir à une entente nationale entre les Egyptiens, loin de l’hégémonie d’une faction ou du rigorisme d’une autre, en particulier les fanatiques religieux et les entêtés économiques.

Je pense que les conditions déplorables que vivent les Egyptiens nécessitent une volonté de fer, seule capable d’imposer une entente nationale. Cette entente devra répondre aux ambitions de la majorité des citoyens qui ont rêvé de changement, un changement résumé dans ce slogan révolutionnaire : pain, liberté, dignité humaine. Par ailleurs, la Constitution qui vient d’être rédigée ne signifie pas que nous avons atteint l’entente sociale : de nombreuses questions restent sujettes à des polémiques et continueront à être discutées lors de leur application en pratique.

Les tentatives de certains de vouloir définir la nature de l’Etat et son identité sont dangereuses, tout comme l’insistance d’autres personnes à vouloir appliquer un système économique dont la mise en application a prouvé qu’il menait à encore plus de pauvreté.

Nous en arrivons à conclure que nous avons inévitablement besoin d’organiser des dialogues sérieux et approfondis autour des points aptes à garantir l’entente. Il faut parvenir à des formules créatives qui protègent la vie commune entre les Egyptiens, basée sur la diversité et la justice. La diversité et la justice restent les deux questions primordiales qui sont toujours l’objet de différends, que ce soit au sein de l’élite ou des masses populaires. Mais tous insistent sur la nécessité de les mettre en pratique. Une entente doit voir le jour autour de ces deux questions pour créer les moyens de les concrétiser. Sans entente autour de ces deux points, la transformation de l’Egypte peut trébucher .

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