Tandis que l’assemblée constituante, l’instance chargée de rédiger la nouvelle Constitution, doit achever son travail d’ici quelques semaines, la polémique s’est installée autour de certaines clauses du nouveau texte.
A commencer par le fameux article 2 de l’ancienne Constitution : « Les principes de l’islam sont la source de législation ». Les représentants du courant islamiste qui siègent au sein de l’assemblée ont d’abord demandé de remplacer le mot « principes » trop vague à leurs yeux par « préceptes ». Puis, ils ont supprimé ce mot pour mettre : « la charia islamique est la source principale de législation et Al-Azhar est la référence finale en matière d’interprétation ». Une décision qui fait polémique, car elle donne à une seule institution le pouvoir d’interpréter les textes religieux.
Au chapitre des libertés religieuses, aucun article du projet de Constitution ne fait mention au fait que l’Etat garantit la liberté de culte. L’article 8 relatif aux libertés religieuses affirme que « la liberté de croyance est absolue et le droit de pratiquer la religion est garanti à condition de ne pas être en contradiction avec l’ordre public ». Cet article est aussi sujet à controverse, car le terme « ordre public » peut être sujet à interprétation. Le projet de la nouvelle Constitution garantit également la liberté de construction des lieux de culte pour les trois religions monothéistes. Un fait qui soulève les critiques des organisations des droits de l’homme, car il néglige les adeptes des autres religions.
Les divergences au sujet de Constitution ont donné lieu à une série de démissions au sein de l’assemblée constituante comme celle de la semaine dernière, de la militante des droits de l’homme Manal Al-Tibi.
Les divergences sont dues au fossé idéologique qui existe entre les différents groupes qui composent l’assemblée constituante, à savoir les islamistes (Frères et salafistes) d’une part, et les laïcs de l’autre part. Les islamistes, surtout les salafistes, sont favorables à un Etat où la religion joue un rôle central, tandis que les laïcs veulent un Etat civil. Or, les salafistes ne sont pas prêts à faire de concessions sur le caractère « islamique » de la nouvelle Constitution. « Nous allons lutter jusqu’au bout pour garantir à ce que la nouvelle Constitution représente le caractère islamique de l’Egypte », disait un membre du courant salafiste. Et d’ajouter : « Nous allons faire face aux laïcs qui refusent le caractère islamique de l’Egypte ». Quant aux Frères, ils veulent apparaître comme les défenseurs de l’islam, et déploient des efforts pour concilier les avis pour mener à bien le projet de la nouvelle Constitution. Le fossé est tellement grand entre les deux camps qu’il n’y a pas de consensus possible.
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