La scène du procès de l’ex-président Mohamad Morsi ne nous rappelle guère celui de son prédécesseur Hosni Moubarak. Elle a plutôt été une copie conforme du procès de l’ex-président Saddam Hussein. Les deux ont été destitués de la même manière, c’est-à-dire en réponse à une volonté populaire. Mais la différence est que dans le cas de l’Egypte, ce fut avec l’aide des forces militaires alors qu’en Iraq, ce fut par l’intermédiaire des forces américaines.
Saddam Hussein, tout au long du procès, n’a fait que répéter une seule phrase : « Je suis le président de l’Iraq ».Morsi lui aussi a entonné le même refrain et a insisté sur sa légitimité. A l’époque, personne ne s’est arrêté sur ce refus persistant qui s’est emparé du président iraqien. Et le 4 novembre dernier, personne n’a porté le moindre intérêt à l’état psychologique dans lequel se trouvait le président égyptien et qui l’a placé dans la même situation que son homologue iraqien.
Morsi a persisté dans son refus et a été incapable de voir clairement la volonté populaire qui s’est concrétisée face à lui avant sa destitution en juillet dernier. Il aurait pu satisfaire cette volonté populaire en décidant des élections présidentielles anticipées. Le discours sur sa légitimité est d’une absurdité étonnante. Car c’est Morsi lui-même qui a violé la légitimité qu’il avait juré de respecter en promulguant la déclaration constitutionnelle qui l’a placé au-dessus de toute autorité et de tout contrôle judiciaire.
Outre cela, il a affiché une animosité sans pareille à l’égard de la magistrature, ses partisans ont assiégé la Haute Cour constitutionnelle et ont mis de côté des centaines de juges. En réalité, c’est la foule qui s’est rangée aux côtés de la légitimité en insistant sur le fait d’aller de l’avant dans le processus démocratique, lorsqu’elle a revendiqué des élections anticipées.
Et cela avant même de demander l’intervention de l’armée pour réaliser sa volonté face au refus persistant de prendre les chemins reconnus dans les régimes démocratiques. Le plus étrange est que la presse américaine a tourné en dérision l’insistance de Saddam Hussein à se considérer comme le président légitime une fois sorti de son refuge. Elle devrait consacrer la même dérision face à l’ex-président Morsi et sa légitimité avec les dizaines de millions de citoyens qui ont demandé sa destitution.
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